Cartier Awards vécus de l'intérieur : encore une couronne pour Enable

15/11/2017 - Actualités
L’armoire est déjà bien pleine. Mais l’équipe de Juddmonte trouvera bien une place pour le nouveau trophée gagné par Enable : celui de Cheval de l’année, décerné mardi soir à l’occasion des Cartier Awards à Londres, une soirée so british. Par un fameux journaliste d'investigation, envoyé très spécial parti à l'aventure anglaise au péril de son french accent, Fabien Cailler.

C'est la folie à London, avec Harry Herbert, l'animateur, à gauche, et Arnaud Bamberger, le patron de Cartier, à droite.
 
 
Tout le décorum y est. Les femmes en robes de soirée, les hommes en smoking, un des hôtels les plus smarts de la capitale britannique, le champagne, les petits-fours, bref la totale. Et un maître de cérémonie dont tous les convives rafolent. Harry Herbert, himself. Le costume de sérieux manager de Al Shaqab Racing laissé au placard, il se transforme en anchorman piquant à souhait et transformant ses expériences personnelles comme un dîner avec les autorités de Belarus en aventures d’ Indiana Jones voire de James Bond (juste pour le smoking, faut pas pousser non plus).
 
Le ton est donné : ce sera rythmé, souriant, jamais chiant, émouvant, quand il s’agira de se souvenir des disparus, et bien sûr totalement dédié aux champions des courses, hommes et chevaux. Pas un mot de politique, pas une séquence brosse à reluire. Non, juste, merci et bravo et quelques standing-ovations. Pas trop, juste ce qu’il faut.

Une ovation fut donc réservée, bien sûr, à Enable, lauréate du titre-suprême de Cheval de l’Année 2017. « Surprise, surprise » commenta Harry Herbert pour feindre un quelconque suspense. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? La pouliche est entrée à deux reprises dans l’Histoire des courses en une même saison et a permis à son jockey d’en faire autant. Pas la petite histoire, non, la grande, avec un grand « H ». Elle qui devint la première à enchaîner le doublé dans les deux Oaks des îles britanniques avant d’atomiser ses aînés en plein mois de juillet dans les King Georges à Ascot. Amazing. Inédit. Non contente d’avoir donc déjà écrit cette page-ci, la team Enable s’est lancée ensuite dans la conquête de l’Arc. Avec la réussite que l’on connaît, of course. La fille de Nathaniel devenait alors la première pouliche de 3 ans entraînée en Grande-Bretagne à remporter « le sommet de la saison européenne ».  Oui oui, c’est bien entre guillemets car même les Anglais nomment ainsi notre Arc.

Un Arc qui restera dans la ligne de mire pour Enable en 2018, John Gosden affirmant que gagner dans le nouveau Longchamp après avoir triomphé à Chantilly, ça aurait de l’allure. Avant d’ajouter : « C’est à ce petit homme de prendre une décision bien compliquée à présent… » Hilarité dans la salle. Et Franckie Dettori de se boucher les oreilles. Celui qui est devenu le premier jockey à remporter cinq Prix de l’Arc de Triomphe (si ça c’est pas de l’Historique ! –sic-) ne préfère pas écouter. Combien de temps, la question du choix entre Enable et Cracksman va en effet hanter ses nuits ? La question se pose-t-elle d’ailleurs vraiment ? La vie des chevaux et des hommes, la vraie vie quoi, laissera-t-elle l’opportunité à Franckie de se poser finalement la question ? Enable ou Cracksman ? « Who knows ? » Qui sait, effectivement.
 
 

Le retour triomphal d'Enable et Frankie Dettori après l'Arc de Triomphe 2017 à Chantilly


En tout cas, Cracksman a lui été sacré par les électeurs des Cartiers Awards (un panel de journalistes et de handicapeurs ainsi que des lecteurs du Racing Post, de The Daily Telegraph et des téléspectateurs de ITV) meilleur poulain de 3 ans. Son propriétaire Anthony Oppenheimer ne pouvait cacher son émotion sur le podium devant tant d’honneurs.
 
Puis, clou de la soirée, « icing on the cake » comme on dit là-bas, ce fut l’heure du Award of Merit. Aidan O’Brien et ses 27 Groupes I en une saison (pas encore terminée d’ailleurs) : un coup sûr ? N’est-ce-pas Harry : encore « surprise surprise » ? Euh non, en fait…il l’a reçu l’an dernier. Non, ce fut l’heure d’un self-made-man, originaire des Barbades, à qui tous les grands de la planète ont fait confiance durant sa phénoménale carrière : de l’Aga Khan à Khalid Abdullah en passant par les Niarchos, des Maktoum à la Reine d’Angleterre qui l’a même anobli. En retour il offrit à celle-ci une cure de jouvence incroyable quand Estimate remporta sous les nourris encouragements de sa Majesté sa propriétaire la Gold Cup d’Ascot. A Royal Ascot, il affiche le score de 75 vainqueurs. Il a tout gagné, partout dans le monde (sauf en Australie), a été 10 fois tête de liste chez les entraîneurs, a gagné 26 Classiques en Grande-Bretagne et Irlande. En 2017, il a propulsé le plus haut possible Ulysses, lauréat des Eclipse et des International Stakes avant d’être obligé de quitter le circuit avant une participation à la Breeders’ Cup Turf. Un désagréable moment qui ne viendra pas entâcher celui de 1996 quand il signa le jumelé du Turf à Woodbine avec les exceptionnels Singspiel et Pilsudski. « Peut-être mon meilleur souvenir » a déclaré sur scène Sir Michael Stoute (72 ans). Car c’est bien sûr de lui qu’il s’agit. Entouré de ses proches, le charismatique entraîneur de l'incroyable Shergar a pu apprécier le superbe film-hommage qui lui a été dédié et au cœur duquel ses plus fidèles lieutenants ont su trouver les mots pour décrire la force et la formidable capacité à fédérer toute une équipe autour de ses propres convictions. Standing-ovation. Of course.
 
 

Sir Micheal Stoute, un cas unique en son genre.
 
 
 
C’est ainsi que tout ce petit monde a pu se souhaiter un bon hiver et se dire « à l’année prochaine », les courses de plat sur sable en cette saison n’étant qu’une 2e division aux yeux du plus grand nombre ici. Rappelons d’ailleurs que les comptes pour la Cravache d’Or et les titres chez les entraîneurs, propriétaires et autre apprentis sont arrêtés depuis la fin de la saison sur le gazon…c’est-à-dire il y a plus de trois semaines. So british.
 
Les vainqueurs des Cartiers Awards 2017
  • Meilleur poulain de 2 ans : US Navy Flag
  • Meilleure pouliche de 2 ans : Happily
  • Meilleur poulain de 3 ans : Cracksman
  • Meilleure pouliche de 3 ans : Enable
  • Meilleur Sprinter : Harry Angel
  • Meilleur Stayer : Order Of Saint George
  • Meilleur Cheval d’âge : Ulysses
  • Cheval de l’année : Enable, par Nathaniel et Concentric (Sadler’s Wells)
  • Cartier/Daily Telegraph Award of Merit : Sir Michael Stoute
 

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