Goldikova: un cas d'école pour un choix d'éleveur

17/08/2009 - Grand Destin
L'impression de bonheur laissée par les envolées successives de Goldikova, dont celle d'hier dans le Prix Jacques le Marois-Fresnay-le-Buffard, est partagée par tout le monde, ce qui rend la jument si populaire. Et pourtant, sa mère a gagné à Jallais. Oui, Jallais.

 

Pour cela, Goldikova est un cas d'école pour les choix cornéliens que les éleveurs doivent faire parfois, avec le risque de commettre  des erreurs terribles. Prenons une championne de base, Gold River, qui gagne le Prix du Cadran et l'Arc de Triomphe. Elle produit bien et donne avec Lyphard l'excellente Rivière d'Or, 1e du Prix Saint-Alary et 2e du Prix de Diane. Jusqu'ici très simple, cette histoire se complique quand Rivière d'Or a 2 filles, 2 propres soeurs par Blushing Groom : Gold Splash et Born Gold. La 1e est une championne qui gagne 2 Gr.1, le Prix Marcel Boussac à 2 ans et les Coronation Stakes à Ascot à 3 ans sous l'entraînement de Criquette Head. La 2e, c'est tout l'inverse. Elle ne va vraiment pas très vite, mais les Wertheimer veulent lui faire gagner une course. Ils la descendent de Paris pour la mettre au Quesnay chez Dominique Boulard. Elle brise enfin la glace à 4 ans à Jallais.

 

Goldikova



C’est quoi Jallais ?

Oui, la mère de la crack Goldikova a gagné à Jallais, en l’occurrence le Prix du Président Antoine Maugeais. On peut sourire a priori mais attention, ce petit champ de course du sud de l'Anjou, à 2 pas de Beaupréau où entraîne Alex Pantall, dont le public géographiquement proche de Rochefort/Loire y pratique des moeurs comparables, est très sélectif. Et pour cause, après avoir négocié le redoutable tournant en descente corde à gauche après les tribunes, et galopé dans la ligne d'en face, le long d'un ruisseau, sur une piste souvent très souple voire profonde, il faut remonter une pente très raide tout au long du dernier tournant avant d'aller jusqu'au bout d'une ligne droite de 400 m, ce qui est très long quand vous êtes à fond depuis le départ! D'ailleurs, ce jour-là, Born Gold battait une certaine Missy Dancer, la future mère de la bien connue jument semi-classique Almond Mousse.

 

Les frères Wertheimer autour de Maria Niarchos

 


L’inverse de sa sœur Gold Splash

S'il faut sélectionner ses juments pour l'élevage, ne pas se laisser déborder par le nombre, ou adopter les règles strictes de certains qui ne supportent que les femelles black type, le choix est vite fait entre Gold Splash et Born Gold. On garde la bonne et on dégage la mauvaise: erreur grave! Croisée avec ce qui se fait mieux comme étalons dans le monde, et de plus cher, c'est à dire du Storm Cat, Danzig et Deputy Minister, elle n'a désespérement rien sorti. Avec Royal Academy, Gold Splash a quand même donné un gagnant de listed à Toulouse, nommé Royal God, mais le butin au haras de cette guerrière des pistes reste bien maigre eu égard aux armes qui lui ont été fournies. A noter qu'elle a 1 yearling par Anabaa Blue. Retour sur terre.

 

Goldikova pulvérise systématiquement toute opposition



Une poulinière en or

De son côté, la modeste Born Gold a enchaîné les satisfactions. Ses 9 premiers produits sont tous vainqueurs! Certains à bas niveau, à Sillé-le-Guillaume ou Montier en Der, mais vainqueurs quand même. Entre 1996 et 2008, elle a donné naissance à un poulain tous les ans sauf en 2003. Avant son chef d'oeuvre Goldikova, fille d'Anabaa, Born Gold avait déjà donné 2 gagnants de Gr.3 (Gold Round et Gold Sound), 2 autres black-type (Red Tune et Born Something), plus un super cheval de handicap, Demonious. Un vrai rêve pour un éleveur.

 
Qui vendre, qui garder ?

Il était pourtant impossible d'imaginer cela quand on a vu Born Gold, après sa victoire de Jallais, être battue pour une belge dans une course de cavalières à Lisieux...Les Wertheimer ont bien fait de la garder. Le problème est qu'en tant qu'éleveur, on ne peut pas tout conserver. Rivière d'Or a donné 6 femelles. Born Gold en a donné elle-même 8. A ce rythme-là, il faudrait bientôt acheter l'Australie pour loger toute la famille. Les Wertheimer avaient vendu les mères d'Alexander Goldrun (Renashaan) et d'Authorized (Funcie). Heureusement qu'il ne leur est pas arrivé la même mésaventure avec Born Gold. En course, Renashaan a gagné 1 listed, Funcie n’a jamais couru et Born Gold a gagné une toute petite course. Bref, 3 profils opposés. Les théoriciens peuvent continuer à s'arracher les cheveux.

 

La production de BORN GOLD
NOM PERE COURSES HARAS
Glamadour (f 96) Sanglamore 1e à Montier-en-Der Poulinière (vendue)
GOLD ROUND(f 97) Caerleon 1e Prix Cléopâtre (Gr.3) Poulinière (conservée), mère de Spectaculaire, 1e de listed
Born Something (f 98) Caerleon 3e Px de la Grotte Gr.3) Poulinière (vendue)
Demonious (h 99) Dr Devious 7 victoires et 290.000 €  
Superfonic (f 00) Zafonic 1e à Sillé-le-Guillaume Poulinière (conservée)
Red Tune (h 01) Green Tune 2e de listed. 3 victoires et 130.000 € de gains  
GOLD SOUND (h 02) Green Tune 1e Prix de Guiche (Gr.3)  
Neartica (f 04) Sadler's Wells 1e à Vittel Exportée
GOLDIKOVA (f 05) Anabaa 6 victoires de Gr.1... Future poulinière, qui sera sans doute conservée (!)
Born Again (f 06) Cape Cross 1 place (entraînement A. Fabre)  
Ocean Seven (m 07) Green Tune A l'entraînement (F. Head)  
Galikova (f 08) Galileo    




 

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