Beaumec et Goliath à Auteuil : c'est couillu

15/10/2018 - Actualités
Pour la première fois de l'histoire des courses d'obstacle en France, les 2 leaders de 3 ans d'Auteuil, tant des haies que du steeple-chase, détiennent encore des testicules qui les destinent à devenir étalons. Programmés pour cela dès leur naissance, Beaumec de Houelle et Goliath du Berlais poursuivent le match à distance de leurs pères, respectivement Martaline et Saint des Saints.


Beaumec de Houelle

 

Il est très rare que le leader de sa génération à Auteuil, à 3 ans voire à 4 ans en haies ou en steeple, soit entier. Parmi les quelques exemples disponibles, on peut citer Villez, Saint des Saints, Kagparde, Nickname, Balko, Robin des Champs, qui ont tous été de très bons étalons, et maintenant Tunis qui va démarrer à Cercy en 2019. Le cru 2018 est donc une grande première.

 


Goliath du Berlais


En effet, ce dimanche 14 octobre 2018 à Auteuil, l'assemblée pas si maigre grâce à la tenue d'une assemblée AQPS a pu admirer les succès des 2 meilleurs 3 ans d'Auteuil. En steeple, le géant Goliath du Berlais, dont on comprend mieux comment Jean-Marc Lucas l'a nommé quand on l'a devant soi, s'est balladé dans le Prix Noiro. Il est le tout premier cheval à réussir le triplé des Prix Weather Permitting / Grandak / Noiro, en seulement un mois et demi, et une consécration début novembre dans le Prix Congress serait totalement méritée. Notons que dans cette épreuve, deux chevaux très en vue ont chuté malgré eux, Polirico et Best Stroke, pour la même raison que leur selle avait avancé !

 


Franck Leblanc, éleveur de Beaumec de Houelle.

 

De son côté, Beaumec de Houelle, un gris au physique très différent de celui de Goliath, car moins sculptural mais aussi plus distingué, a remporté le Prix Georges de Talhouet-Roy, d'une courte tête seulement face à Pic d'Orhy (tombeur de Goliath du Berlais à 2 reprises en haies au printemps), mais avec une sérennité déconcertante. Une fois de plus, l'affaire s'est jouée entre royannais. Les vainqueurs sont entraînés respectivement par Guillaume Macaire, également co-propriétaire, et Arnaud Chaillé-Chaillé. Les deux dauphins proviennent de l'écurie de François Nicolle.

 

 

Evidemment, tout le monde parle des futures carrières d'étalons de Goliath du Berlais et Beaumec de Houelle, dont on note qu'ils dépendent tous les deux du monde du trot. Ainsi Goliath du Berlais porte la casaque de Stéphane Swarc, un nom associé aux champions Jeanbat du Vivier et Késaco Phédo, tandis que Beaumec de Houelle a été élevé par Franck Leblanc, l'entraîneur vedette de Vincennes.

Les fils de Saint des Saints et Martaline, deux étalons nés à un an d'intervalle (1998 et 1999) qui se livrent depuis une décennie un combat féroce en tête des classements de l'obstacle, sont tous les deux nés de bonnes souches maternelles. La mère de Goliath du Berlais, King's Daughter (King's Theatre) a gagné 2 Listed (Ketch, Bournosienne), tandis que celle de Beaumec de Houelle, Zandalee (Trempolino) s'est classée 2 fois 3ème de Listed dans les Prix Sagan et d'Iéna à Auteuil, également à l'âge de 3 ans.

 


Saint des Saints, père de Goliath du Berlais.

Déjà lauréat de 2 Listed (Stanley et Robert Lejeune), Beaumec de Houelle est déjà triple gagnant de black-type, une distinction qu'attend toujours Goliath du Berlais. A la décharge de ce dernier, le programme des 3 ans sur le steeple en france ne comporte que 2 black-type, qui ne sont pas encore courus : le Prix Roger de Minvielle (Listed) à Compiègne et le Prix Congress (Gr.2) dont il sera le chaud favori sur le Butte Mortemart.

 


Martaline, père de Beaumec de Houelle.

 

Maintenant, la question qui tue est de savoir quels haras seront les heureux hôtes des deux vedettes. Etreham, qui reprend une antenne d'obstacle à La Tuilerie dans l'Orne, cherche un successeur à son cher Saint des Saints. Pour le beau gris Beaumec, on s'observe. Et la 2ème question est quand ? Au niveau de la stratégie financière, il n'y a aucune comparaison entre les énormes gains proposés par le programme d'Auteuil à 4 ans et les dividendes espérés au haras, qui ne se touchent qu'un an après les saillies à la naissance des produits, et cela même si les tarifs des étalons d'obstacles ont augmenté. Donc il est objectivement plus rentable, et de loin, de continuer à courir quand on est le meilleur plutôt que de rentrer précocément au haras. Reste le facteur risque, car en obstacle, toute histoire peut prendre fin très brutalement à chaque instant. Il faut aussi prendre en compte une particularité physique. Les entiers ont tendance à s'alourdir rapidement, ce qui peut devenir vite difficile à gérer pour les entraîneurs et à supporter pour leurs tendons. Et enfin, franchir des obstacles induit de se faire "chatouiller les couilles"...un truc que peu d'individus peuvent supporter longtemps. Le Docteur Knock ("ca vous chatouille ou ca vous gratouille ?". Dans certains cas, la différence est énorme et peut conduire à de soudains refus d'obtempérer !

 

 

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