Bernhard Wenger souffle les 50 bougies du Haras du Taillis

09/01/2019 - Grand Destin
L’année 2018 a très bien terminé pour les élèves du Haras du Taillis avec des vainqueurs et des black-type comme par exemple Indyco. Finalement, il n’en fallait pas tant à Bernhard Wenger et son équipe pour fêter comme il se doit la 50ème année du Haras du Taillis, basé à Heugon au nord-est de l’Orne. Interview avec l’éleveur Suisse.
Bernhard Wenger devant les boxes du Haras du Taillis
 
 
« J’ai commencé à m’intéresser aux courses et à l’élevage très jeune, explique Bernhard Wenger. A vrai dire, je travaillais déjà avec mes parents au Haras du Taillis. Mon père était venu de Suisse pour s’installer sur ces terres d’Heugon dans l’Orne. Ma mère était malheureusement décédée et j’avais alors repris son poste administratif. J’ai tout appris sur le tas. Je m’occupais aussi des relations avec les clients. Ces derniers étaient exclusivement allemands et suisses à l’époque et j’ai pu élargir les frontières si vous voulez car d’autres éleveurs scandinaves, anglais et danois sont venus avec leurs juments.

Aujourd’hui, notre clientèle s’est considérablement internationalisée par rapport aux débuts. Nous avons doublé notre capacité d’accueil et, au début de cette nouvelle année, nous sommes à la capacité maximale avec 100 boxes remplis et 140 chevaux sur le haras en moyenne. Nous avions aussi plusieurs étalons ici au Taillis. Je pense que nous en avions une dizaine au total. Le dernier en date a été Ransom O’War qui profite de sa paisible retraite au Taillis. Ce fils de Red Ransom vient d’avoir 19 ans et il a encore sailli une jument en 2018. Mais je préfère profiter du large choix des étalons basés en Normandie. Ils sont disponibles en abondance et je pense qu’avoir son propre étalon est très risqué car il faut le soutenir avec ses juments maison. Si ça ne marche pas, je suis foutu. »
 
 
 
 
En décembre 2017, un certain Fabulous Saga avait déjà porté haut les couleurs du Haras du Taillis. Ce fils de Saint des Saints entraîné par Willie Mullins avait gagné coup sur coup un Gr.3 puis un Gr.2 en Irlande. Sa mère Fabalina (Dear Doctor) avait été élevée par Ernst Wenger, le père de Bernhard. Cette guerrière avait couru à 60 reprises pour 3 victoires et donné naissance, un an avant Fabulous Saga, à Fabulous Valley. Ce fils de Vatori a lui aussi gagné ses belles courses sur les obstacles, le Grand Steeple Chase d’Aarau (Listed) en 2017 sous l’entraînement de Waldemar Himmel, un entraîneur installé à Baden-Baden, ami de Bernhard Wenger. En septembre 2018, Fabulous Valley avait doublé la mise dans le Grand-Prix de Suisse après avoir même remporté le Grand Steeple Chase d’Aix les Bains. « L’obstacle me sauve, explique Bernhard. Aujourd’hui, l’obstacle me sauve vraiment financièrement parlant, c’est pourquoi je garde mes poulinières d’obstacle. Mais s’il fallait choisir, je garderai plutôt les juments de plat. C’est d’ailleurs dans cette discipline que nous avons élevé ici au Taillis notre meilleure jument Musical Way. Je me rappelle que nous l’avions rachetée yearling à Deauville mais nous l’avions finalement vendue aux Breeze Up par l’intermédiaire de Sabine Lösch à Goffs en Irlande pour 16.500€. Mon père avait fait son croisement mais malheureusement, il n’a pas eu le temps de la voir en course. » Entraînée par Philippe Van De Poele pour Stephanos Constantinidis, cette fille de Gold Away avait commencé sa carrière au bas de l’échelle avant de remporter deux quinté et surtout de s’imposer à 4 puis à 5 ans dans La Coupe de Maisons-Laffitte (Gr.3) mais aussi dans le Prix Dollar (Gr.2), le week-end du Prix de l’Arc de Triomphe. Cette placée de Gr.1 a ensuite été vendue 300.000 Gns à Katsumi Yoshida (Northern Farm) avant de devenir la mère de Mikki Queen, une double lauréate de Gr.1 dont les Oaks Japonaises 2015.
 
 
Fabulous Saga, élevé par le Haras du Taillis est gagnant de Gr.2 et de Gr.3 en décembre 2017
 
 
« Les ventes n’ont jamais été un objectif en soi, commente Bernhard Wenger. Vous n’avez qu’à voir les exemples de Fabulous Saga et de Musical Way. Nous les avions rachetés quand ils étaient yearling avant de les vendre à 2 ans. Je suis de l’ancienne école si je peux m’exprimer ainsi. C’est sans doute un mal pour un bien. Mes chevaux ne sont pas pressés pendant leur préparation aux ventes. De nos jours, les ventes sont devenues aussi importantes que les courses et je le regrette profondément. Tout est axé sur le court terme et cela est dangereux et mortel. Nous n’avons plus de vision sur 10 ou 15 ans. C’est le principal changement de ces 50 dernières années d’où la nouvelle dimension du circuit des ventes. »
 
Actuellement en pleine finalisation du plan de monte 2019, Bernhard Wenger et son épouse Anne-Margrethe, elle aussi Suisse, travaillent tous les jours d’arrache pied avec leur équipe de quatre employés. Avec 18 victoires et 85 places pour 32 chevaux en France en 2018 sous le nom "EARL Haras du Taillis", Bernhard Wenger a également placé quelques chevaux de son élevage chez Ludovic Gadbin, Waldemar Himmel et Patricia Butel. Et quand on lui pose la question « Quel cheval vous a fait rêver cette année ? », l’éleveur répond sans hésiter Sands Of Mali. « Ce cheval est extraordinaire. Il n’était pas prédestiné à être à ce niveau. C’est étonnant. En plus j’aime son père Panis, je pense que c’est un étalon sous estimé. »
 
 

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