L'équipe de Saônois : le monde à l'envers comme on l'aime

05/06/2012 - Actualités
Serrer la main de Son Altesse Aga Khan dans le rond de présentation de Chantilly un jour de Jockey Club aurait peut-être suffit à émerveiller pour quelques mois Pascal Treyve, le co-propriétaire de Saônois. Mais le Prince est en fait venu féliciter le boulanger de Bellegarde-en-Forez après le succès de Saônois. Le monde à l’envers…comme on aime.

Un cauchemar accouche d’un rêve


La course a beau n’avoir été qu’une parodie de Derby, le Prix du Jockey Club 2012 restera positivement gravé dans la mémoire des passionnés de galop. Un boulanger a en effet gagné la 2ème course la plus richement dotée de l’année en France après le Prix de l’Arc de Triomphe. D’aucuns diront qu’il s’agissait du handicap le plus riche de l’année en Europe.
Saônois, né et élevé en France (et oui on sait le faire !), fils de feu Chichicastenango (comme Vision d’Etat vainqueur en 2008) et arrière-petit-fils de Garde Royale, créé pour lever les jambes et sauter des obstacles, a gagné dimanche la bagatelle de 1 397 073 euros, primes comprises. Le jackpot ! La super cagnotte ! Plus que n’auraient jamais cru gagner en une vie entière de dur labeur celles et ceux qui entourent le pur-sang. Alors forcément ça fait rêver.
Les semaines précédant la course, Jean-Pierre Gauvin et Pascal Treyve ont refusé des propositions d’achat importantes. Les estimations d’un courtier les ont placées aux alentours de 400 à 500 000 euros. Quelle santé pour dire non !! Après la course, d’après ce même courtier, Saônois vaudrait 800 000 euros. On dit toujours non s’il les chéquiers reviennent à la charge ?
 

 

 

 

Question pour un champion


France Sire se veut interactif. Alors on vous invite à répondre à la colle suivante dans la case-commentaires prévue à cet effet : « Connaissez-vous un entraîneur gagnant de Jockey Club en selle le matin sur ces propres pensionnaires ? » Précision : le  poney maison ne compte pas ! A vos mémoires. En tout cas, Jean-Pierre Gauvin, 49 ans,  55 kg tout mouillé, est lui à cheval chaque matin sur ses pistes de Saint-Cyr-les-Vignes dans la Loire, donnant régulièrement les exercices à sa quarantaine de pensionnaires. Cet ancien jockey enregistre des résultats constants depuis son installation et particulièrement depuis une quatre-cinq ans, son centre d’entraînement privé étant enfin achevé après de nombreux travaux pensés, conçus, et pour certains d’entre eux réalisés par le maître des lieux lui-même. Saônois en est le meilleur des ambassadeurs.

Jean-Pierre Gauvin

 

 

L’équipe


Habitué à en faire beaucoup, Jean-Pierre Gauvin ne fait pas non plus tout, tout seul. Alexis Larue, le cavalier du matin de Saônois, fait partie du staff. Ce jeune jockey de la région ne compte en 2012 qu’un succès (en Guadeloupe, le 13 mai dernier) mais aussi dix places. Dimanche, c’est devant son petit écran qu’il a assisté au succès de son préféré tout comme le premier jockey de la carrière de Saônois, Jérôme Pacifico.
L’équipe accompagnant le cheval était en fait composée de deux unités : Ariane Gille, accompagnatrice, et Eric Vandra garçon de voyage de la maison Gauvin. Cet ancien jockey d’obstacles lyonnais, qui se lève tous les jours à 4h30 du matin pour rejoindre l’écurie située à 50 minutes de route de son domicile, vit lui aussi son grand rêve grâce à Saônois : «  J’ai même monté un galop sur les Aigles ce matin », lâche-t-il dimanche soir, tout heureux de retrouver François Boulard (France Galop) qui fut le directeur de son établissement scolaire. « Moi qui n’ai connu que la Province, alors monter ici à Chantilly, c’est le rêve. Je vais faire canter sur les Lions demain matin avec Saônois », poursuit-il. Scoop ? Saônois serait-il à présent entraîné à Chantilly ?

 

Ariane Gille

 

Eric Vandra a gauche

Antoine Hamelin et Saônois


 

Un plan bien précis


Quitte à mettre fin à cet insoutenable suspense, la réponse est non. Si Saônois est resté dans l’Oise dimanche soir, c’est que l’écurie avait aussi un partant ce mardi à Longchamp. Mais pas n’importe quel partant. Eric Vandra explique à  nouveau : « Le jour du Prix Greffulhe à Saint-Cloud, Saônois était placé dans une stalle voisine à celle d’une pouliche. Il s’est beaucoup plus intéressé à elle qu’à son travail. Il était à côté de la plaque et trop tendu en course pour donner sa pleine mesure. Il est même rentré déferré ce jour-là. C’était vraiment une performance à oublier (ndlr : il a conclu 4ème tout près). Pour éviter que cela ne se reproduise le Jour J, on  a décidé de lui allouer un accompagnateur : Louvigny. Ils sont toujours sortis ensemble, étaient l’un à côté de l’autre aux écuries et ils ne se sont pas quittés. Saônois a ainsi pu être totalement décontracté. Ca a bien marché ! ».
Ce savant mélange d’artisanat perfectionniste et de bon sens a donc offert le gagnant du Jockey Club 2012. Une vraie bouffée d’air frais dans un monde de l’élevage et des courses parfois étouffant de pression et de tension. En même temps, les contes de fées sont d’autant plus sympas qu’ils sont rares. Sinon, on s’en lasserait.

 


 

 

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