Le Prince recule, ses champions avancent toujours

20/06/2013 - Grand Destin
Huit jours après avoir annoncé une réduction d’effectif imminente, le Prince Abdullah a certainement apprécié voir deux de ses représentants briller dimanche à Chantilly : Flintshire et Mansail.
Une bonne tête d’Arc winner
 
Tout ébahi par la fusée rouge Trêve dimanche dans le Diane, France Sire n’a pas pour autant manqué la démonstration de Flintshire dans le Prix du Lys (Gr. 3). Car, pour trouver un profil de « Arc-winner », mieux vaut se tourner vers ce représentant Abdullah. Il a tout du futur vainqueur du Grand Prix de Paris, sponsorisé, rappelons-le par Juddmonte, soit l’entité du Prince Abdullah lui-même.
 
 
Maxime Guyon savoure son succès avant le passage du poteau. De sa main droite, il serre le poing!
(Photos APRH)
 
 
Froid, encore perfectible, capable de placer une accélération dévastatrice pour peu que le terrain ne soit pas trop souple, Flintshire a offert un 15e Prix du Lys à André Fabre, dont il est un produit type, mais a surtout permis à son jockey Maxime Guyon de connaître le grand frisson : en descendant de cheval, il fut même question de « crack ». Vainqueur de sa 1ère course sur l’hippodrome des Princes de Condé sur 2000 mètres, battu ensuite « par le terrain » à Longchamp, Flintshire est un fils de l’étalon maison Dansili et Dance Routine, 2e du Prix de Diane 2002 de Bright Sky et déjà génitrice de Dance Moves, multiple placé de Groupe, également par Dansili.
 
 
Dance Moves, frère utérin de Flintshire
 
 
Dance Routine avait prouvé sa grande tenue en remportant le Royallieu (Gr. 2) et le Royaumont (Gr. 3), en digne héritière de Sadler’s Wells et aussi Apogée, sa mère, elle-même lauréate du Royaumont en son temps. Cette Apogée est fille de Bourbon Girl, dauphine des Oaks d’Epsom et d’Irlande (Gr. 1). Bref, dans la famille on tient, et quand on a hérité de la vitesse de son père Dansili comme c’est le cas de ce Flintshire, on comprend mieux l’enthousiasme qui peut régner autour de ce pur-produit de l’élevage Abdullah. Allez, se donner rendez-vous le 1er dimanche d’octobre pourrait paraître présomptueux, alors on dit juste : rendez-vous au 13 juillet à Longchamp.
 
 
Une autre, pour la route
 
Et ce n’est pas tout pour les couleurs blanc, vert et rose. Puisque, 1h plus tard, c’était au tour de Mainsail de briller dans le Prix du Chemin de Fer du Nord (Gr. 3). Ce vainqueur du « Matchem » l’an passé est resté à l’entraînement, forcé donc de briller. Il faut dire qu’il descend d’un autre étalon-maison, Oasis Dream et que sa mère Docklands a déjà donné neuf vainqueurs différents de 22 courses dont le Prix de…l’Arc de Triomphe de Rail Link (Dansili). Crosharbour, autre produit estampillé 100% Juddmonte est un autre fils gagnant de Groupe de Docklands.
 
 
Mainsail et son jockey Christophe Soumillon
 
 
Le frère utérin évolue lui plutôt sur le mile comme le fit avant lui son frère Minds Locked, 4e du Prix Jean Prat de Rouvres en 2002. Comme toujours dans un élevage traditionnel comme celui du Prince, la lignée maternelle est en béton armé : on y retrouve la Canadienne d’origine Dockage, en vue en France et aux Etats-Unis, fille de Golden Alibi qui avait fait afficher la bagatelle de 1,1 million de dollars à son passage sur le ring des ventes de yearlings en 1980 !!
 
 
Une dernière, pour la route ?
 
Autant de succès qui font écho à une information cataclysmique révélée outre-Manche, quelques jours seulement avant la disparition de Sir Henry Cecil : une partie de l’empire hippique du Prince Abdullah doit être dispersée avant la fin de l’année 2013. Une partie, oui mais laquelle ? Très vite, le nom de Frankel fut évoqué comme si celui-ci pouvait être cédé !... n’importe na oik, comme on dit dans les cours d’école. Cela précisé, Douglas Erskine-Crum, le patron financier de la multinationale Juddmonte, a précisé que le processus prendrait des mois. Un processus inéluctable car les enfants princiers ne partagent pas la même passion que leur paternel et que l’audit réalisé sur les coûts inhérents à l’entretien d’un (petit) millier (!) de chevaux à travers la planète a de quoi faire rougir quelque héritier qui n’y comprend rien à la passion hippique. Nos confrères anglais ont même d’ores-et-déjà avancé le nom de Cheikh Joaan Al Thani en qualité de repreneur potentiel. En même temps, il n’y a pas grand monde sur la place pour ce genre de transactions.
 
 
Le Prince Khalid Abdullah
 
 
Le Prince Abdullah a investi sur les plus grandes places mondiales du pur-sang et n’a eu cesse de soutenir ses activités en Irlande, Grande-Bretagne, Etats-Unis et France. Son dernier joyau fut le plus accompli, un chef d’œuvre absolu, Frankel, après qui tout peut paraître fade, surtout sous le poids des ans et de ses turpitudes. Quelle triste nouvelle : le Prince saoudien fait en effet partie de ses personnalités qu’on veut imaginer éternelles au cœur d’une activité qu’elles ont autant soutenu qu’aimé. La roue tourne, pourvu que la nature ait définitivement horreur du vide…et que, grâce à de jolis espoirs comme nos vainqueurs de dimanche dernier, des vocations puissent naître subitement chez les héritiers ! Oui, je sais, c’est peu probable, mais rêver c’est gratuit et comme je n’ai pas des moyens princiers… A moins qu’on s’associe pour se porter acquéreur d’un ou deux coursiers. Chiche ?

Voir aussi...