La Head-mania (3e partie) : Jacques-Alexandre dit Alec Head,Alec, le touche à tout

21/02/2014 - Grand Destin
A l’aube de ses 90 printemps, Alec a «touché» Trêve, l’un des plus beaux joyaux provenant de son élevage, qui, avec Bering, sont les plus beaux fleurons du Quesnay. Mais, avant d’être éleveur Alec avait «endossé» d’autres casquettes, celle de jockey et celle d’entraîneur. Voici le 3e volet de la Saga "Head", proposé par Xavier Bougon.
Alec Head avec Nuccio qui vient de lui offrir son 1e Arc de Triomphe en 1952, entouré du jockey Roger Poincelet et de la Begum.
 
Une autorité incontestable, une expérience internationale, telle est la réputation de professionnalisme reconnue, jalousée et sollicitée dans le monde entier. Voici ainsi résumé, à l’aube de son 90e anniversaire, la carrière d’Alec Head qui aura porté, avec une certaine réussite, toutes les casquettes du métier de l’hippisme : jockey, entraineur, propriétaire-éleveur.
 
Une première réussite comme jockey
 
Comme relaté dans notre précédent épisode, Jacques-Alexandre a débuté comme apprenti chez son père en 1940, âgé de 16 ans avec déjà le surnom d’Alec. Il monte son premier partant en plat à Auteuil avec un poulain de 3 ans, nommé Valéry quiterminera second dead-heat (à 87/1) dans le Prix Regain, un handicap ayant réuni 23 partants le 17 novembre 1940. A cette occasion, Alec portait une casaque blanche à coutures noires et une toque rouge, les couleurs d’Harry La Montagne.
 
 
Alec Head après sa victoire dans la Grande Course de Haies d'Auteuil 1946 en selle sur Vatelys, entrainé par son père William.
 
 
Il ouvre son palmarès en plat, le 4 avril 1941 à Maisons-Laffitte en selle sur Sparkenbroke (poulain de 3 ans) pour les couleurs d’Antony Vidal (bleue, bretelles blanches, toque noire) et l’entraînement de son père, bien évidemment. Le Prix de Mâcon était réservé aux apprentis et Alec avait devancé un futur grand, Paul Blanc. Il faudra attendre le 22 novembre pour une seconde victoire, en selle sur une pouliche de 3 ans appartenant à sa mère. Plus âgé de 3 ans, Roger Poincelet, encore apprenti, avait terminé l’année avec 27 victoires. Alec finira sa carrière en plat avec 92 victoires dont 29 en 1943 (devant Henri Signoret) et un succès dans le Grand Prix de Groenendael le 30 juin 1946 sur un élève de Gustave Beauvois et d’Henri Gleizes.
 
En obstacles, à 19 ans, Alec débute victorieusement à Auteuil le 23 mai 1944 avec Nicky, entraîné par son père et appartenant à Jean Le Guillou dans un steeple-chase, le Prix des Chaumes. Trois ans plus tard, suite à une mauvaise chute survenue le 13 juillet 1947 à Auteuil, pour des probles de poids et par le désir de sa jeune épouse (mariés en 1945) de le voir mener une activité moins dangereuse, il met fin à sa carrière en obstacles sur un pensionnaire de Jacques Powels (qui sera l’un de ses premiers propriétaires par la suite) après 68 succès dont ceux de Vatelys en 1946 dans la Grande Course de Haies de Printemps (sous 73,5 kg), suivi de la Grande Course de Haies d’Auteuil et du Grand Prix d’Automne (sous 74 kg, le top-weight de tous les temps dans cette épreuve).  Sa carrière de jockey sera de courte durée (7 ans) mais fructueuse avec pour point d’orgue les années 1945 et 46. Avec 29 succès l’année de l’Armistice, il termine au pied du podium dont le jumelé est formé de Robert Bates (46) et Fernand Thirion (42). L’année suivante, avec 27 victoires, il prend la médaille de bronze derrière toujours Robert Bates (37) et Daniel Guilho (33).
 
Notes :
 
  • Le triplé de Vatelys n’a été réalisé que deux fois ensuite : Romantisme et beaucoup plus tard, Laveron.
  • Vatelys (monté par Alec Head) sera devancé de 10 longueurs dans la Grande Course de Haies 1947 par un certain Le Paillon, également pensionnaire de William Head et monté par Daniel Guiho. Ce Le Paillon (du nom d’un cours d’eau traversant la ville de Nice) remporte l’Arc de Triomphe (relaté dans l’épisode précédent) monté par Fernand Rochetti.
  • Alec est encore jockey quand, le 14 décembre 1945, il épouse Ghislaine, Hélène, Marie-Madeleine van de Poële, la sœur aînée d’Henri, la progéniture de Louis et de la comtesse de Blois d’Arondeau, native de la province du Hainaut, près de Mons. Ghislaine lui donnera 4 enfants dont le premier, Freddy, né en juin 1947 alors que ses parents venaient de s’installer au Mesnil.
Louis van de Poële et son fils Henri ont été d’excellents gentlemen-riders avant de prendre une licence d’entraineur, Louis en 1937 et Henri en 1953. Tous les deux exerçaient à Maisons-Laffitte, jusqu’en 1959 pour Henri qui quitte le fond du Parc pour Chantilly.
 
Louis a remporté trois fois le Prix de France (le Grand Steeple-Chase des amateurs), en 1921, en 1926 et en 1935. Pour sa part, Henri, l’a emporté par deux fois : 1948 avec Premier Désir, entrainé par Gaston Muri et en 1950 avec un élève du Marquis de Triquerville, entrainé par Noël Pelat. A cette occasion, il devançait le célèbre gentleman espagnol, le Duc d’Alburquerque (également propriétaire et entraineur).

 
Djebe, monté par Roger Poincelet, offre à Alec Head sa 2e victoire de groupe en plat en 1950 dans le Prix de la Jonchère. (photo tirée de Casaque bleue et blanche de Guy Thibault)
 
 
Une seconde casquette, celle d’entraineur jusqu’en 1983 (30 ans déjà !)
 
Les premières années
 
  • 1947
C’est à 23 ans qu’Alec débute dans sa nouvelle profession, celle d’entraineur. Installé au 5, rue de la République (rue Jules Rein) au Mesnil Le Roi dans la cour familiale, il ne tarde pas à inscrire son nom sur toutes les tablettes.
C’est en plat qu’il décroche son tout premier succès avec un mâle entier de 7 ans, nommé Beau Sire. Dans un handicap couru au Tremblay le 27 septembre 1947 et monté par Fernand Rochetti (au poids de 52,5 kg), il permet au mesnilois d’inscrire son nom dans la colonne des entraineurs, moins de 3 mois après avoir raccroché le breeches. Pour Georges Rouquié (casaque grise, croix de Lorraine et toque rouge) son tout premier propriétaire gagnant, Beau Sire réédite, toujours dans un handicap (monté par Roger Poincelet à 56 kg.) le 7 novembre à Paris (Longchamp). Rochetti et Poincelet finiront l’année aux deux premières places en nombre de victoires. Son second pensionnaire vainqueur est Sirfranc dans un handicap couru au Tremblay le 22 octobre. Monté par Henri Signoret, il est la propriété de Daniel Courtois, élevé par son père Georges. Il termine la saison avec 3 victoires.
L’hippodrome d’Auteuil voit un nouvel arrivant qui ne tarde pas à inscrire son nom dans les statistiques. Dès le 1er novembre 1947, Alec remporte le Prix La Veine, un steeple-chase avec un ancien pensionnaire de son père, Sarabry pour les couleurs de Roger Guthmann (blanche, manches et toque marron).
Cinq jours plus tard, le 6 novembre, il réalise un «coup de trois» à Auteuil avec les élèves de Jacques Powels (casaque bleue, manches et toque violettes : Fiteraflor, monté par Léon Gaumondy et Ofanto, qui ouvrait son palmarès sur les obstacles, après une carrière sur le plat, entraîné par Willy) et de Daniel Courtois (casaque noire, toque orange : Sirfranc). Il terminera l’année avec un total de 11 victoires en obstacles en moins de 5 mois.
 
  • 1948, son premier groupe en plat
Sa nouvelle carrière débute donc sous les meilleurs auspices d’autant plus qu’en 1948, il termine au 7e rang des entraineurs vainqueurs en obstacles avec 27 succès (et deux à Rome) derrière les deux frères Pelat, Noël et Georges, Henri Gleizes, Daniel Lescalle (tous installés à Maisons-Laffitte). En plat, il termine l’année avec 24 victoires dont 2 à l’étranger en septembre, le Grand Prix de Saint-Sébastien remporté par Quatrain, pour Pierre Chastenet et monté par Jacques Doyasbère. Quatrain récidivera 15 jours plus tard dans le Grand International de Saint-Sébastien.
 
C’est également l’année de sa première victoire de groupe français grâce à Admiral John (un hongre de 8 ans par Admiral Drake et élevé par Léon Volterra) à Saint-Cloud dans le Grand Prix du Printemps (Gr.2, futur Prix Jean de Chaudenay), monté par Roger Poincelet portant les couleurs de Mme José Kékédakis (bleue, coutures blanches, toque bleue, ressemblant étrangement aux couleurs des Wertheimer) qui se signalera ensuite comme étant la propriétaire de Damasco.
 
  • 1949, l’obstacle prédomine
Son champion de l’année en obstacles se nomme Matéo, vainqueur du Prix du Président de la République et de sa préparatoire, le Prix Lutteur III après une seconde place dans le Prix Murat. Il devra se contenter de la «4e marche» du podium du Grand Steeple-Chase de Paris. A l’actif d’Alec, le Grand Prix d’Automne (un handicap à l’époque) avec Pyrrhus, monté par André Gill et propriété, comme Matéo, de la famille Chastenet. Ce fils de Barneveldt, élève de Jean Corbière, récidivera l’année suivante sous le poids de 74 kgs, le top-weight de toute l’histoire de l’épreuve, au même poids que Vatelys (monté par Alec en 1946), que Mehariste (en 1956, entrainé par Peter Head) et que Romantisme. Il terminera l’année avec 28 victoires en obstacles (derrière Henri Gleizes, Georges Pelat, André Adèle, Noël Pelat et Georges Cambon mais devant son père Willy) et 23 en plat (son plus petit score de sa carrière).
 
  • 1950 : son premier groupe 1 (Morny et Vermeille)
Trois ans après ses débuts au Mesnil Le Roi, il émigre à Maisons-Laffitte, au 8, avenue Marengo dans le Parc de Maisons. C’est de ces lieux qu’il inscrira son nom au palmarès du Prix Yacowlef, une victoire confirmée neuf jours plus tard dans le Prix Morny (son premier groupe 1) avec Sanguine, une pouliche, montée par Jacques Doyasbère, qui, portant les couleurs du baron Robert de Nexon, inflige à un certain Sicambre (monté par Paul Blanc) sa seule défaite. Pour les mêmes couleurs, Djébé, un 5 ans, avait enlevé en avril à Longchamp, le Prix de la Jonchère (un 1.400 mètres, ouvert aux «vieux»). Après un succès à Groenendaël, il récidivera en août à Deauville dans le Prix de Meautry (1.200 mètres, monté par Roger Poincelet).
L’année 1950 se termine par une nouvelle victoire de Gr.1, le Prix Vermeille avec Kilette (Sir Nigel) pour les couleurs de son éleveur Roger Guthmann (blanche, manches et toque marron). En obstacles, il comptabilise 16 succès dont le Grand Steeple-Chase de Bruxelles à Groenendael avec All Blue (monté par André Gill et appartenant à Jean Delfarguiel) qui terminera un mois plus tard, 3e du Grand Steeple-Chase de Paris, celui de Meli Melo (entrainé par William Head).
Sur les conseils du baron Robert de Nexon, Alec Head se voit confier l’entraînement des chevaux de Pierre Wertheimer. Depuis 1938, ils se trouvaient sous la responsabilité de William Pratt. Reparti en Angleterre en juin 1940, William Pratt est remplacé par Robert Desgranges jusqu’en 1943 puis par Robert Wallon de 1944 à 1948 qui entraînent un effectif réduit des suites de réquisitions ou ventes.
 
 
Alec Head (à gauche), avec Robert de Nexon et Pierre Wertheimer
 
Alec terminera pour la 1e fois dans le top 6 des entraineurs de plat avec 52 victoires (dont une en Belgique avec Djébé) à égalité avec André Adèle, un classement dont le podium est occupé par Richard Carver Père (70 succès dont quelques uns pour S.A. Aga Khan), François Mathet (65) et Henri Gleizes (60).
 
Notes:
 

- Djébé a débuté en 1949 à l’âge de 4 ans (débuts tardifs par suite d’un accident) en enlevant le Prix Maurice de Gheest pour l’entrainement de Robert Wallon et les couleurs du baron Robert de Nexon (grise, brassards rouges, toque grise), l’homme de confiance de la casaque de Pierre Wertheimer dont les couleurs ne réapparaitront sur la scène hippique qu’en 1951. Djébé jouera ensuite un rôle important pour l’élevage Wertheimer en devenant, entre autres, le père de l’une des poulinières de base à St Leonard, Midget, la sœur utérine de Vimy.
 

- Roger Guthmann a été l’un des tous premiers «clients» d’Alec Head et rappelons-le, qui lui a permis de remporter son premier succès en obstacles. Pour l’anecdote, la mère de Kilette, Kiglia (par Biribi, vainqueur de l’Arc de Triomphe 1926 pour Simon Guthmann), est exportée en Argentine où elle deviendra la 3e mère d’un certain Card King. Roger Guthmann est le fils de Simon, l’acheteur, entre les deux guerres, du Haras de la Pomme en Normandie, qui deviendra ensuite la propriété de Pierre Wertheimer en 1956 puis celle d’A.J. Richards en 1973. Notons que Roger Guthmann (né en Argentine en 1918) et ses frères créeront en 1941 un haras, près de Buenos-Aires, qu’ils appelleront également Haras de la Pomme.

 
Nuccio, qui a offert son 1e Arc de Triomphe à Alec Head en tant qu'entraineur. (photo Un Siècle de Galop - Guy Thibault)
 
 
  • 1951-1952 (son premier Arc et son premier titre d’entraîneur) -1953
L’année 1951 voit la réapparition sur les hippodromes des couleurs de Pierre Wertheimer. Son premier vainqueur, le 27 avril à Saint-Cloud, est entrainé par Alec Head qui, après avoir hérité de l’effectif Wertheimer, se voit confier celui de Son Altesse Aga Khan III, suivi par celui de son fils le Prince Aly Khan et de son petit-fils, Karim. Ce dernier quittera Alec en fin d’année 1963 pour l’écurie de François Mathet.
 
Alec Head débutera sa collaboration avec la famille Aga Khan quand le Prince décide d’acheter Nuccio après sa seconde place (monté par Fernand Rocchetti) dans l’Arc de Triomphe de Tantie (1951). Sous sa responsabilité, il enlève l’Arc l’année suivante (monté par Roger Poincelet), Alec n’est âgé, alors, que de 28 ans (il détiendra le record du plus jeune entraîneur, vainqueur de l’Arc, jusqu’à l’arrivée de Nicolas Clément en 1990, 38 ans plus tard).
 
  • En 1953, Alec Head accepte de devenir l’entraîneur privé de la famille Aga Khan, tout en continuant à s’occuper des Wertheimer.
La famille Aga Khan a encore, malgré tout, quelques pensionnaires chez Richard Carver, Charles-Henri Semblat, Henri Delavaud, Maurice d’Okhuysen et même chez Alec Head en 1951, déjà.
Le Prince Aly Khan enlève le Prix Lupin 1953 (Dandy Drake) et doit se contenter de la seconde place des Dewhurst St. avec Lets Fly tout en devançant Never Say Die (vainqueur du Derby l’année suivante).
 
En 1951, Alec s’offre son premier podium avec une 3e place en termes de victoires (58) à égalité avec François Mathet, un classement dominé par l’entraîneur particulier de Marcel Boussac, Charles-Henri Semblat (79 succès dont 14 à l’étranger) devant le provincial Albert Josselme (61). En obstacles, il termine au 5e rang (25) d’un classement archi-dominé par Henri Gleizes (81 succès, soit le total des victoires additionnées de ses deux dauphins, Noël et Georges Pelat).
 
L’année 1952 donnera à Alec, le mansonnien, son premier titre avec 67 succès (dont un à Epsom avec Nuccio dans la Coronation Cup) devant Albert Swann Junior (65), Albert Josselme (62) et le bordelais, Armand Saint-Paul (entraineur d’André Boingnères). Alec compte au sein de son écurie 40 propriétaires différents.
En 1953, il récidive avec 85 succès en plat qui font de lui la tête de liste pour la seconde fois devançant François Mathet (60), toujours Albert Josselme (53) et un autre mansonnien, Henri Gleizes (51).
 
Sous son élégant chapeau, Alec Head accueille Nuccio avec la Begum et Roger Poincelet
 
Notes

Nuccio, élevé par la Scuderia Aurora en Italie, n’avait pas fait d’exploit en France avant sa seconde place de l’Arc ; non placé dans le Grand Prix de Paris, dans le Grand Prix de Saint-Cloud et 5e sur 5 dans le Prix du Prince d’Orange. Il sera néanmoinsacheté 8 jours après cette performance de l’Arc 1951 à son propriétaire italien, futur Président de l’UNIRE, le «Signor Doctor» Guido Bérardelli, pour officieusement entre £ 50.000 et £ 60.000. Il remporte, à 4 ans (1952), la Coronation Cup et l’Arc en devançant de 3 longueurs, une pouliche de 3 ans, La Mirambule, appartenant à Maurice Hennessy et entraînée par William Head. Cette dernière venait de gagner le Prix Vermeille après avoir été seconde des 1000 Guinées (montée par Roger Poincelet) et du Prix de Diane.
En 1953, après une seconde place dans le Prix du Prince d’Orange (de Worden), Nuccio est aligné une 3e fois dans l’Arc dans lequel il termine loin du podium dont les deux premières marches sont occupées par la fratrie, La Sorellinaet Silnet.
Nuccio débutera sa carrière d’étalon l’année suivante au Haras des Sablonnets puis au Haras du Gazon (tout en restant la propriété des Aga Khan). Il aurait été vendu aux enchères après la mort de S.A. Aga Khan (juillet 1957) puis exporté aux USA à la fin de l’année 1961.
 
 
 
 
 
Son altesse Aga Khan III, en 1952
 
  • 1954-1955 : déménagement de Maisons-Laffitte à Chantilly
C’est durant l’hiver 1954-55 qu’Alec quitte le département de Seine et Oise (baptisée Yvelines en 1968), laissant l’écurie à son père pour s’installer à Chantilly, au 4 avenue de Chartres dans l’ancien établissement d’Elijah Cunnington (décédé en 1943 et époux de Mary Watson, décédée en septembre 1955). La demeure s’appelle Irrintzina (hennissement en basque) et Alec ne tarde pas à la débaptiser et la nommer Vimy, du nom de son pensionnaire cantilien, vainqueur des King George VI and Queen Elizabeth 1955 pour la casaque Wertheimer.
L’année 1955 est complétée par les succès, pour les Wertheimer, de Midget (qui deviendra une matrone pour la casaque bleue) qui enlève les Cheveley Park St. et de Chingacgook, lauréat du Grand Prix de Saint-Cloud (un an après sa victoire du Prix Morny).
 
Pas très loin, avenue de Joinville, se trouve l’établissement Green Lodge, propriété de S.A. Aga Khan III (aujourd’hui loti) dont les pensionnaires sont aussi entraînés par Alec. Son Altesse Aga Khan n’est pas en reste puisque Hafiz (le fils de Nearco et de Double Rose, la jument qui avait été offerte par le prince Aly Khan à sa nouvelle épouse, Rita Hayworth) s’adjuge les Champion St. et les Queen Elizabeth II St. d’Ascot et Buisson Ardent (élève de Ludovic-Laudy Lawrence, par Relic et Rose O’Lynn) devance son dauphin d’une courte tête dans les Middle Park St., monté par Douglas Smith
 
Alec terminera tête de liste des entraîneurs de plat en 1954 avec 88 victoires (son second meilleur score de sa carrière) devant François Mathet (82). Même résultat l’année suivante avec 81 victoires (dont 8 à l’étranger) devant Albert Swann Jr (73 succès dont ceux de la famille Bédel), François Mathet (71), Daniel Lescalle (64).
Il termine dans le top 6 en obstacles avec 27 victoires en 1954, l’année d’Henri Gleizes (61) et des frères Pelat. Troisie marche du podium en 1955 avec 31 victoires derrière Henri Gleizes (64) et Georges Pelat (62).
L’année 1955 lui donne un 4e titre consécutif avec 81 succès en plat et une 3e place en obstacles avec 31 victoires dont une en Angleterre dans le Trimph Hurdle avec Kwannin à Mme Lucien Chataignoux, l’une des 36 propriétaires qui composent l’effectif des cours d’Alec.
 
Notes
 
Installé à Chantilly, donc, Alec n’entrainera plus, à partir de 1956, que pour la famille Wertheimer, celle de l’Aga Khan, père et fils et pour lui-même sous les couleurs de son épouse (rouge, manches bleu-clair, toque noire puis à partir de 1963, beige, manches et toque noire). Ses pensionnaires portent le tapis de selle N°49.
En tout début d’année 1963, Mme Alec Head décide de changer ses couleurs à cause du souvenir macabre de novembre 1962. Le 7 du mois, en selle sur l’un de ses pensionnaires, Lucky Seven, Neville-Francis Sellwood fait une chute mortelle à Maisons-Laffitte.
 
 
Pierre Wertheimer et le jockey Ray Johnstone savourent leur victoire dans le Derby d'Epsom 1956 avec Lavandin, entraîné par Alec Head.
 
  • 1956, l’année du premier classique et du Derby anglais
Premier succès dans une course, dite classique, avec Pederoba (propriété de Pierre Wertheimer), gagnante, le 10 mai, des Irish 1000 Guinées dont la 3e place revient également à une pensionnaire d’Alec, Princesse Retta (à S.A. Aga Khan). Le 13 du même mois à Longchamp, c’est le premier classique français avec le succès de Buisson Ardent (à S.A. Aga Khan) dans la Poule d’Essai des Poulains (qui récidivera dans le Prix Jacques Le Marois laissant Midget à la 3e place).
 
Le 6 juin, Lavandin s’impose dans le Derby d’Epsom, monté par le vétéran australien, âgé de 51 ans, Rae Johnstone, première monte pour Pierre Wertheimer, en devançant 26 adversaires dont son second, Montaval, un élève Strassburger (monté par Freddy Palmer).
La championne Midget s’impose dans les Coronation St. et dans le Prix de la Forêt, prend la seconde place des 1000 Guinées et la 3e du Prix de Diane.
 
A la fin de sa carrière, Alec comptera 24 classiques européens (seulement devancé par les 32 de François Mathet, les 26 de François Boutin et par les 28 d’André Fabre).
 
Cinquième titre consécutif en 1956 avec 79 succès (dont 8 à l’étranger). Il devance d’une courte tête François Mathet (78 dont 2 à l’étranger). François Mathet compte donc 5 victoires de plus qu’Alec en France.
Son effectif de chevaux destinés à l’obstacle diminue et ne compte que 6 victoires cette année.
Sans abandonner complètement l’obstacle, il n’aura plus dans sa cour qu’une poignée de sauteurs qui lui vaudront quelques succès jusqu’en 1970. Son compteur en tant qu’entraineur s’est arrêté à 260 victoires mais en tant que propriétaire, il aura encore quelques bons chevaux provenant de son élevage confiés pour la plupart à Jehan Bertran de Balanda (Soldat, Funny Féérie, Spanish Wells, Philastre...).
 
  • 1957 : le décès de Son Altesse Aga Khan
Portant les couleurs de S.A. Aga Khan, Rose Royale devance sa compagne d’écurie Sensualita (Prince Aly Khan), toutes deux entraînées par Alec, dans les 1000 Guinées.
Mais en juillet, le patriarche décède et c’est son fils, Aly Solomone Khan, plus connu sous le nom de prince Aly Khan (né en 1911) qui hérite du patrimoine équin.
 
Anecdotes concernant S.A. Aga Khan et son fils
 
- L’Aga Khan III et son fils avaient acheté, dans les années 30, une belle demeure à Maisons-Laffitte, au 30 de l’avenue La Moskowa (une avenue, qui comme l’avenue Marengo, abouti à la place Napoléon). Elle deviendra en 1943, le quartier général de Rommel pour l’organisation du lancement des V1 en Angleterre. En 1944, les américains l’occupent, les meubles se retrouvent sur le marché aux puces et l’intérieur est saccagé. Revenu à Maisons-Laffitte, le prince Aly Khan campe dans les vestiges de la propriété. Le matin, il monte à l’entrainement et se mêle à la meute des lads et jockeys qui ne lui font pas de cadeau.
(source : Bulletin de la Société des Amis du Château de Maisons)
 
- Aly Khan deviendra très ami avec son entraîneur. Il lui offrit même des œuvres du peintre George Stubbs (peintre animalier anglais très apprécié du 18e siècle). Alec Head lui renvoie le compliment suivant : « le Prince Aly Khan aurait pu être entraineur, il avait un feeling extraordinaire avec les gens. J’ai passé d’excellentes années à travailler à ses côtés, il était vraiment passionné par ses chevaux. »
 
Aly Khan reprend les rênes et c’est ainsi que débute une collaboration fructueuse avec Alec mais trop courte puisqu’en 1960, c’est le drame.
 
Un des moments d’émotion reste le décès du Prince Aly Khan, «un homme remarquable qui avait toutes les qualités, autant professionnelles qu’humaines » (dixit Alec).
 
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