Triple Couronne US (suite) : War Admiral, le rival de Seabiscuit

04/06/2014 - Grand Destin
Fils du légendaire Man O'War, War Admiral a remporté la 4e Triple Couronne américaine de l'histoire en 1937. Il est aussi devenu célèbre à travers les décennies pour son match hyper-médiatisé face à Seabiscuit. Par Xavier BOUGON.

War Admiral

 

Fils du légendaire Man O’War, et d'ailleurs entrainé à Glen Riddle Farm dans le Maryland par George Conway, l’ancien assistant de Louis Feustel, le mentor du crack, War Admiral est né en 1934 à Lexington dans le Kentucky, à Faraway Farm, chez Samuel Doyle Riddle. Sa mère, Brushup (Sweep), avait déjà donné naissance à 5 foals, toutes des pouliches qui ne se distingueront pas sur la scène hippique. 

Sur 900 mètres, il débute victorieusement le 25 avril 1936 sur l’hippodrome «rural» du Maryland (sud de New-York), Havre de Grace, et confirme le mois suivant à la capitale : Belmont. A 3 ans, il reste invaincu en 8 sorties dont les 3 étapes de la Triple Couronne. Contrairement à son père, absent du Derby, War Admiral ira à Churchill-Downs le 8 mai pour y disputer le 63e Kentucky Derby dans lequel, il devance une cavalerie de 20 partants dont Pompoon avec qui il livrera une furieuse bataille laissant le 3e à 8 longueurs. Il en sera de même dans les Preakness St. et toujours avec le même challenger qui avait été élu pourtant meilleur poulain de 2 ans, l’année précédente.
 
 
War Admiral avec son entraineur George Conway
 

Monté par Charles Kurtsinger (surnommé Flying Dutchman), War Admiral est archi favori à 9/10 des 69e Belmont Stakes le 5 juin 1937. Il imprime du rythme à la course comme il l’a fait dans les premières étapes et bat en 2’28’’60 le temps record de l’épreuve de 20 centièmes détenu depuis 1920 par Man O’War, son père (à cette occasion, War Admiral égale le temps record mondial d’Handy Many en 1927 à Latonia, mais comment comparer ces deux «track»). Fatigué par ses 2 duels perdus, Pompoon termine 6e sur 7 partants.
 
Blessé à un pied à la suite de cette épreuve, il reste au repos pendant 5 mois. A l’issue de la saison, il reçoit, tout naturellement, le titre de meilleur cheval de l’année. Surnommé, « The Admiral » ou « The Mighty Atom », il restera à l’entrainement à 4 ans en poursuivant sa moisson (9 victoires) dont la Jockey Club Gold Cup (sur 3.200 m. à l’époque, une distance devenue inhabituelle de l’autre côte de l’Atlantique).
 
Voir un portrait complet vidéo de War Admiral
 
 
Le très médiatisé « match-race » avec Seabiscuit


Mais, à l’autre bout du pays, sur la côte Ouest, un autre phénomène retient l’attention, Seabiscuit. Le public réclame une confrontation entre les deux cracks, qui sera sans cesse ajournée pour se tenir, enfin, le 1e novembre 1938 à Pimlico, dans le Maryland sur la Côte Est, d’où le nom de l’épreuve, Pimlico Special. Les médias ne tardent pas à considérer la rencontre comme le « match du siècle » (comme celle, plus tard, de Mohammed Ali contre Joe Frazier, il s’agit de boxe). Jamais une course n'aura suscité un tel engouement, et peu d'événements sportifs peuvent se prévaloir d'une telle fièvre populaire. Venues des quatre coins du pays, 40 000 personnes se pressent à Pimlico, tandis que 40 millions d'Américains suivent l'événement à la radio, un score inouï pour l'époque. War Admiral, pourtant grand favori, devra s’avouer vaincu face à la pugnacité de son aîné d’un an. Sorte de Cendrillon du turf, les exploits de Seabiscuit lui valent une grande popularité, à tel point que d’innombrables livres et films lui seront consacrés, dont récemment un super production hollywoodienne que tout le monde a vu, avec les stars Tobey Maguire et Jeff Bridges, mais aussi le brilland Gary Stevens dans le rôle du crack jockey George Woolf et pour l'occasion Chris McCarron qui joue le pilote de War Admiral.

Notes :
 
  • Seabiscuit, né à Claiborne et propriété de Gladys Mills Phipps (évoquée dans l’article sur Gallant Fox), était un fils de Hard Tack lui-même issu de la semence de Man O’War.
     
  • Chaque hippodrome se dispute pour obtenir le match de War Admiral contre Seabiscuit. Belmont Park offre $ 100.000 (une somme rondelette que seul, le Santa-Anita H. distribue) mais Seabiscuit n’est pas prêt, Suffolk Downs propose $ 50.000 d’allocations en juin mais le temps ne s’y prête pas (il fait trop chaud), Arlington Park (Chicago) offre $ 100.000 en juillet, mais l’air est trop humide. C’est finalement Pimlico qui l’emporte mais avec seulement $ 15.000 au vainqueur. Mais l’important était ailleurs...La foule vient de partout y compris les stars d’Hollywood, les politiciens de Washington (à proximité) dont Franklin Roosevelt en personne et même, en provenance d’Angleterre, Peter Beatty, le propriétaire de Bois Roussel, vainqueur du Derby anglais de l’année.
 
 
Voir la fameuse match race entre War Admiral et Seabiscuit.
 
 

Mauvais père de pères, remarquable père de mères

 
La défaite de War Admiral face à Seabiscuit ne sonne pas le glas de sa carrière ; il renoue avec le succès dès sa sortie suivante puis effectue une rentrée gagnante à 5 ans. Ce sera sa dernière apparition puisqu'une grave blessure l'oblige à une retraite anticipée, après 21 victoires en 26 courses.Revenu au haras sur les terres de sa naissance, à Faraway Farm (Kentucky), il sera étalon tête de liste en 1945 mais malgré 40 stakes-winners, aucun de ses fils n’est capable de perpétuer la lignée. Ses meilleurs produits auront été les mâles Blue Peter et Mr Busher (étalon), les femelles Bee Mac (mère de Better Self), Busher, Busanda, Searching.
 
S’il a été un mauvais père d’étalons, il sera, par contre, un remarquable père de mères. Il se classe directement derrière Princequillo, Nasrullah et Mahmoud. Il va obtenir deux titres (1962 et 1964) surtout par ses filles issues de la même famille maternelle (La Troienne), Busanda (future mère de Buckpasser, de Bupers), Striking, Searching (d’où Affectionately, Admiring, Priceless Gem, Admiring, Allez France, j’en passe et des meilleurs). Gun Bow, Hoist The Flag, Crafty Admiral, Iron Liege, Never Say Die….sont issus d’autres filles de War Admiral.
 
Il décède en 1959, à 25 ans, victime de son devoir. Il sera enterré à Faraway Farm, mais en 1976, ses restes font partie du contingent qui déménagent, à 5 miles de là, au Kentucky Horse Park’s Hall of Champions, à Lexington.
 
LES TEMPS RECORDS:
 
  • Le Kentucky Derby : ils ne sont que deux vainqueurs à être descendus sous les 2 mn. Secretariat, en 1’59’’40 (1973) et Monarchos en 1’59’’97 (2001) sur 2.000 m. Si l’on peut comparer (mais c’est délicat), le temps record de Longchamp sur la distance est de 2’00’’90. et à St-Cloud (à gauche comme aux USA) de 2’00’’20.
     
  • Les Preakness S. se déroule sur 1.900 m. de la piste en sable de Pimlico (Maryland) depuis 1925. Le temps record est détenu par Secretariat en 1'53"40, ramené (en 2012) en 1’53’’ après avoir revisionné le film. Canonero détenait le précédent record qui n’a tenu qu’un an en 1’54’’00. A l’époque de Man O’War, il fallait aller au bout des 1.800 m. qu’il avait accomplit en 1’51’’60.
     
  • Les Belmont S. se déroulent sur 2.400 m. depuis 1926 et le temps record remonte à 1973 avec les 2’24’’00 de Secretariat. Le second meilleur chrono est détenu par A.P. Indy, plus « slow » de 2’’15 réalisé en 1992. Le temps record du parcours de Longchamp est de 2’24’’30 établi en 2005 par Scorpion dans le Gd Prix de Paris.
     
  •  Secretariat est donc toujours détenteur des trois temps record de la triple couronne mais il est également détenteur d’un autre record, celui des 1.800 m. Lors de la Marlboro Cup, de septembre 1973 à Belmont, une épreuve est créée spécialement pour la venue de Secretariat. Il en profite pour établir un nouveau record du monde sur 1 800 m. sur le dirt (1’45’’40) battant Riva Ridge et Cougar. Le précédent record ne datait que de l’année précédente à l’occasion des Stymie H. en 1’46’’20, temps mis par Canonero qui venait à bout du même Riva Ridge.
 
LES PLUS CELEBRES MATCH RACES /
 
  • 12 octobre 1920 : Man O’War-Sir Barton (dans l’Ontario)
  • 19 mai 1924 : Sir Gallahad-Epinard (à St-Cloud)
  • 27 septembre 1924 : Ladkin-Epinard (Aqueduct)
  • 1e novembre 1938 : War Admiral-Seabiscuit (Pimlico)
  • 31 août 1955 : Swaps-Nashua (Chicago)
  • 6 juillet 1975 : Foolish Pleasure et l’infortunée, Ruffian (Belmont)
  
Man O'War, le plus grand champion de l'histoire des courses américaines, surnommé "Big Red" en fonction de sa robe alezane.
 
 
Man O’War : une histoire de guerre et de femmes
 
Peu d’étalon, élu meilleur Horse of The Year aux USA, n’aura engendré des champions élus à leur tour, ce sera le cas pour Tom Fool (Buckpasser), Bold Ruler (Secretariat) et donc Man O’War avec War Admiral (NDLR : Northern Dancer avait été élu au Canada.)
 
Le plus célèbre cheval de l’histoire américaine, Man O’War est né le 29 mars 1917 à Lexington, au Nursery Stud, haras d’August Belmont Jr, fils du financier new-yorkais, décédé en 1890, qui a donné son nom aux Belmont St. Il est issu de deux parents élevés par la famille Belmont, Fair Play et Mahubah. Man O’War est le second produit de sa mère, Mahubah qui avait donné naissance, deux ans plus tôt, à sa propre sœur, Masda. Cette dernière deviendra la grand-mère d’un autre Triple-Crown, en 1946, Assault. Le dernier produit de Mahubah, née en 1920, Mirabelle est à l’origine du français, In Fijar. Pour l’anecdote, Mahubah sera surnommée la Femme de Fair Play puisqu’elle n’a connu que lui, un vrai couple.
 
Acheté pour devenir cheval de chasse !!!
 
L’Amérique est entrée en guerre et August Belmont (1851 – 1924), malgré son âge (65 ans), s’est porté volontaire pour servir son pays. Envoyé en France par l’US Army, Mme Belmont, en l’absence de son mari, nomme le nouveau poulain, My Man O’War, en l’honneur de son époux. La guerre se prolonge et en juillet 1918, Belmont télégraphie au manager du haras (Mme Edward Kane) son intention de vendre quelques yearlings de son élevage (dont 5 femelles) lors d’une vente privée. Ils ne trouveront pas preneur pour le prix voulu. Quant à Man O’War, (le My avait été supprimé) il passe en vente, un mois plus tard, sur le ring de Saratoga. L’entraineur Louis Feustel exhorte Samuel (Sam) Doyle Riddle pour acheter ce fils de Fair Play. Sam n’est, cependant, pas impressionné par le poulain et rechigne à l’acheter jusqu’à ce que sa femme lui mettre la pression. Il remportera néanmoins la dernière enchère à $ 5.000 (équivalent à 78.000 € en 2014) face au new-yorkais Robert Livingston Gerry Sr. (éleveur à Aknusti Stable et par ailleurs membre du Jockey Club).
 
 
August Belmont (à gauche), l'éleveur de Man'O War qui a donné son nom aux Belmont Stakes, et Samuel Doyle Riddle (à droite) qui a acheté le poulain aux enchères en faisant en faire un cheval d'obstacle !
 
 
Même si Riddle a été gentleman-rider, sa passion pour les courses est relativement récente. Pensant que Man OWar ferait un beau « hunter-jumper », il «l’expédie» avec quelques autres achats par le train, à Glen Riddle Farm, dans le comté de Worcester (Maryland) où il avait construit un centre d’entrainement, nommé ainsi pour rappeler sa ville natale, Glen Riddle en Pennsylvanie.
 
" target="_blank">VOIR UN REPORTAGE SUR MAN O'WAR
 
Notes :
 
  • Sam est donc né à Glen Riddle (Pennsylvanie) en 1861, d’un père né en Irlande et expatrié aux USA en 1825. Samuel Doyle (du nom de sa mère) Riddle, l’ainé d’une fratrie de 4 enfants (un frère et deux sœurs) est un riche homme d’affaires dans le textile (héritage de son père et de son grand-père). Il s’associe à son neveu par alliance, Walter M. Jeffords Sr. pour acheter un haras près de Lexington, Faraway FarmMan O’War fera la monte (nous y reviendrons). 
  • Un des fils de Robert Gerry (Edward Harriman Gerry), l’underbidder, a épousé la texane Martha B. Farish, co-propriétaire avec sa mère du champion Forego. Première femme à être admise au sein du Jockey Club US (1983), elle décéde en 2007. Elle était la fille de William Stamps Farish II (président de Standard Oil et surtout grand éleveur en son haras texan, Lazy F. Ranch). Le frère de Martha achète, en 1979, Bosque Bonita Farm (haras situé à Versailles, près de Lexington, ancienne propriété, au 19e siècle, du Général Abe Buford) qu’il va rebaptiser Lane’s End Farm, aujourd'hui l'un des plus grands haras du monde.
     
  • August Belmont Sr. avait importé d’Angleterre, St Blaise, le vainqueur du Derby d’Epsom 1883. Il sera étalon tête de liste aux USA en 1890. L’année suivant le décès d’August, il est procédé à une vente de dispersion dont St Blaise fait partie. L’acquéreur, Charles Reed, va débourser $ 100.000, un record pour un étalon. Il rejoint le Tennessee à Fairway Farm où il n’a pas le même rendement que dans le Kentucky. Il est racheté par le fils d’August Belmont en 1902, qui le réinstalle à Nursery Stud. (désolé, je ne connais pas le prix de rachat). Il meurt en 1909 dans l’incendie d’un « barn ».
     
  • Dans une revue, parue en 2003, retraçant les plus grands éleveurs américains du siècle dernier, l’historien hippique américain Edward L. Bowen, classe August Belmont en 3e position derrière James Keene et John Madden (relaté lors de l’article sur Sir Barton). Samuel Riddle et Walter Jeffords arrivent au  8e rang derrière la famille Whitney, Arthur Hancock Sr. (Claiborne) et William Woodward (relaté lors de l’article sur Gallant Fox).
 
A 2 ans, cinq victoires écrasantes en 24 jours !
 
Au printemps 1919, Samuel Riddle raconte à ceux qui voulaient bien l’entendre qu’il tenait un poulain exceptionnel, un poulain qui se couchait après les entrainements. Il débute victorieusement le 6 juin à Belmont, dominant ses adversaires de 6 longueurs et 3 jours après, il enchaine par une victoire écrasante dans les Keene Memorial S. Le 21 juin, il en fait de même dans les Youthful S. puis 2 jours après dans les Hudson S. Après une petite semaine de repos, il remet le couvert et s’octroie les Tremont S. devant Upset à qui il rend quinze livres. Nous en sommes déjà à 5 sorties et 5 victoires en 24 jours (c’est du Boutin avant l’heure !).
 
 
 
Man'O War à l'entrainement
 
 
Après un vrai repos, Man O’War réapparait à Saratoga, le 13 août pour les Sanford Memorial S. mais il est battu, d’une demi-longueur, par ce même Upset (à qui il rend toujours 15 livres). Ce sera sa seule défaite de sa carrière.
A l’époque, le départ était donné à l’élastique et la course démarre alors que le cheval, complètement à l’arrêt, tourne le dos à la piste. Parti loin derrière le peloton, il fut, en outre, particulièrement mal monté par son jockey paniqué par ce départ catastrophique. Trop pressé de revenir près de la tête, Johnny Loftus donna un parcours exécrable au champion, qui termina malgré tout très fort. Il finira la saison par une victoire facile dans les Futurity S., la meilleure course pour 2 ans de l’époque, battant de 2 longueurs John P. Grier.
 
À la fin de son année de 2 ans, Man O'War, surnommé "Big Red" (en raison de sa belle robe alezane), est l’incontestable leader de sa génération, ayant remporté neuf de ses dix courses. Le handicapeur lui attribue 135 livres, 16 de mieux que son second, Blazes, et 20 de plus que le troisième, Upset.
 
Durant l’hiver, Johnny Loftus se voit refuser le renouvellement de sa licence de jockey (il prend donc celle d’entraineur). Il est remplacé sur le dos de Man O'War par Clarence Kummer (jockey de Sir Barton à 4 ans). Louis Feustel (son entraineur, l’ancien d’August Belmont Jr) et Sam refusent d’engager son prodige dans le Kentucky Derby, estimant prématuré de faire courir au mois de mai un 3 ans sur les 2 000 mètres de Churchill Downs. En outre, son propriétaire n'aime pas courir dans le Kentucky à cause des longs voyages en train. Il fait donc sa rentrée, à domicile, dans les Preakness S., (sur 1.800 m. à l’époque) qu’il remporte en se promenant au nez et à la barbe d’Upset (qui venait d’être second du Kentucky Derby de Paul Jones, un élève de John Madden, cf Sir Barton).
 
Il s’impose de 100 longueurs, ils avaient sorti le décamètre.
 
La performance des Preakness le hisse au rang de super-star, mais aussi d’épouvantail, personne n’ose l’affronté. Le 12 juin, les 52e Belmont St. à Belmont (sur 2.250 environ, cette année-là), un seul adversaire est au départ. Il l’emporte de vingt longueurs, en pulvérisant, de 3 secondes, le record américain sur la distance.
 
Il enrichit son palmarès en accumulant les victoires notamment dans les Dwyer St. (devant son rival, John P. Grier), les Travers St., le Stuyvesant H. et la Jockey Club Gold Cup. Dans les Lawrence Realization St., personne n’ose affronter «l’invincible», jusqu’à ce que la nièce de Mme Riddle, Sarah Jeffords n’engage le valeureux Hoodwink. Man O’War va l’emporter de 100 longueurs (certains disent plus, comment peut-on les mesurer ?), soit le plus grand écart jamais enregistré dans l’histoire des courses.
 
 
Le duel remporté par Man O'War face à Sir Barton.
 
 
Un « match-race » filmé, une première
 
Riddle décide de lui faire courir sa dernière course officielle en octobre 1920 en raison du poids prohibitif qu’il lui était attribué dans les handicaps comme dans les courses à conditions. Man O’War fait donc ses adieux à Windsor dans l’Ontario, au Canada, dans la Kenilworth Park Gold Cup, qui fut la première course hippique entièrement filmée de l’histoire. Le crack était opposé au champion Sir Barton, le premier vainqueur de ce qui allait devenir la triple couronne américaine. Man o'War s’imposa au ralenti....La course était en réalité, un «match-race» entre Sir Barton et Man O’War. Un autre cheval, Exterminator (vainqueur du Kentucky Derby en 1918) avait été invité à participer à la course car le Canada n’autorisait pas ce genre de match. Les propriétaires des trois chevaux s’arrangèrent pour qu’Exterminator ne puisse pas participer.
 
">VOIR LE MATCH-RACE MAN O'WAR / SIR BARTON

Notes :

  • Marié en 1921 à Marion Gascoyne, Clarence Kummer, le jockey de Man O’War, décède d’une pneumonie en décembre 1930. En 1932, sa veuve épouse l’ancien jockey vedette, Earl Sande, le pilote du Triple Crown-winner, Gallant Fox (relire l’article).
     
  • Pour l’anecdote, le cheval était constamment protégé contre les fans qui voulaient « tout simplement » lui arracher des poils pour garder un souvenir. Les constantes menaces sur sa vie rendent nécessaire la présence de vigiles.
     
  • Les relations entre Feustel et Riddle sont tendues et en juin 1921, le divorce est consommé. L’ancien employeur de Louis Feustel, August Belmont, qui avait reconstruit son élevage, le rembauche pour préparer ses yearlings, même si Feustel remporte en mai 1922 deux belles courses pour Riddle.
     
  • Avant le décès (en décembre 1924) de son propriétaire, August Belmont, surnommé, « le Major » (organisateur de la tournée américaine d’Epinard), Ladkin (Fair Play) remporte une course à Aqueduct, le 27 septembre, dans laquelle le célèbre français, Epinard, termine à un nez.
 

VOIR LE PALMARES COMPLET DES BELMONT STAKES AVEC LES VIDEOS

 
 
Un chèque en blanc à l’aube de son entrée au haras
 
En janvier 1921, avant d’entrer au haras, un millionnaire du Texas, William-Thomas Waggoner offre $ 500.000, une offre restée sans réponse, puis $ 1 M. et enfin, propose de signer un chèque en blanc pour acquérir Man O’War, mais Riddle refuse de le vendre.
 
Man O’War, étalon privé ou presque
 
Après donc 21 sorties et 20 victoires (dont 11 consécutives à 3 ans), Man O' War prend sa retraite et se rend à Lexington pour entrer à Hinata Farm, managé par Elizabeth Daingerfield.  La saison suivante, il ira rejoindre une vielle connaissance, Golden Broom à deux pas, à Faraway Farm, le tout récent achat de Sam Riddle, managé jusqu’en 1930 par cette même Elizabeth.
 
Il allait se révéler comme un reproducteur de tout premier plan, très influent (64 stakes-winners), même si son propriétaire ne fit pas que des choix judicieux concernant la jumenterie qui lui fut présentée. C’est sans doute dommage pour le sport que son propriétaire ait gardé le cheval du siècle comme pratiquement un étalon privé durant les cinq premières années.
Pourtant, et malgré War Admiral, American Flag (Belmont S. 1925 et meilleur 3 ans), Crusader (Belmont S. 1926, meilleur 3 ans et cheval de l’année), Battleship (Grand National d’Aintree), Clyde van Dusen (Kentucky Derby 1929), Hard Tack (cheval de l’année en 1938 et père de Seabiscuit), War Relic (dont descendent Tiznow et Bertrando), il n’obtiendra aucun titre de meilleur étalon aux USA, ni même comme père de mères.
 
Des touristes par milliers et des obsèques diffusés à la radio
 
À l'occasion du 21e anniversaire de Man O’War, une émission est diffusée à l'échelle nationale depuis Faraway Farm. Cinq plus tard, Man O'War prend sa retraite (1943) et tous les ans, 50.000 touristes viennent lui rendre visite dans ses pâturages. Il meurt suite à un malaise le 1e novembre 1947 (à 30 ans) à Faraway Farm (Kentucky), un mois après le décès de son groom, William (Will) Harbut avec qui il s’était pris « d’amitié ». D’ailleurs, sur le faire-part annonçant le décès de son compagnon (4 octobre) est noté, sa femme (Mary), ses 6 garçons, ses 3 filles et Man O’War (c’est touchant !). Les obsèques de Man O’War sont suivies par plus de 2.000 personnes présentes et les éloges sont diffusés également sur la NBC Radio.
 
 
Man O'War avec son lad William Harbut. Tous les 2 sont décédés dans le même mois.
 
 
Il est enterré dans un premier temps à Faraway, puis en 1976, sa sépulture est déplacée, à 5 miles, sur le tout nouveau site du Kentucky Horse Park, avec ses fils, War Admiral (et sa mère Brushup), War Relic, American Flag, Mars (et sa mère Christmas Star), ses filles, War Hazard, War Kilt, Edith Cavell et sa soeur Florence Nightingale, Coquelicot (mère du champion Pavot), Furlough (mère de Ace Card), Rambler Rose, Regal Lily, War Regalia…..
 
Certaines autres poulinières ou élèves de Riddle et Jeffords reposaient à Faraway tels que Golden Broom (né en France puis étalon), The Nurse (mère des filles de Man O’War, Edith Cavell et Florence Nightingale), Ace Card, Creole Maid, Open Sesame. Lady Comfey, importée d’Angleterre et mère ensuite d’American Flag, Fleet Flag, Ship Executive, sera donnée à l’US Remonte Service (Virginie) en 1942 avant son décès à l’automne suivant.
 
Sa tombe est ornée d’une statue à son effigie, réalisée par le sculpteur Herbert Haseltine.
 
Man o'War a établi trois records du monde, deux records américains, et quatre records d’hippodrome. Admis en 1957 au Hall of Fame, il occupe le premier rang du classement des 100 meilleurs chevaux de l'histoire des courses américaines au XXe siècle établi par le magazine Blood-Horse. Une grande course qui se déroule à New York, les Man o'War St., le célèbre chaque année, et plusieurs rues portent son nom.
 
Glen Riddle Farm (Maryland), la fin d’un centre d’entrainement historique.
 
Le Comté de Worcester (Maryland) a fêté ses 270 ans d’existence en 2012 et à cette occasion, les responsables locaux rappelaient qu’il fut un temps, l’économie de la région existait grâce à la centaine d’employés qui travaillaient pour les courses hippiques. A Berlin, dans le Comté de Worcester donc, le centre d’entrainement avait hébergé Man O’War et ses fils, War Admiral, American Flag (Belmont S.), Crusader (Belmont S et Jockey Gold Cup 1926), War Relic….pour les couleurs de Samuel Riddle.
 
Il a eu des chevaux jusqu’à son décès en janvier 1951, après quoi ses héritiers (dont son neveu, Walter-Morrison Jeffords Sr, décédé en 1960 et sa descendance, Walter Jeffords Jr, décédé en 1990) reprirent la propriété. Mais le 7 avril 1969, un incendie détruit les écuries et le manoir luxueux (dont seuls les murs, vieux de plus 100 ans, resteront debout). Les lieux sont laissés à l’abandon jusqu’en 2004 (pendant plus de 30 ans), année durant laquelle les promoteurs immobiliers vont en faire l’acquisition. Les bulldozers rasent le centre d’entrainement historique et les 1500 acres vont devenir un complexe luxueux et résidentiel avec un golf de 18 trous… appelé Riddlewood.
 
Faraway Farm (Kentucky)
 
Dans les années 20, Samuel fait l’acquisition d’un haras dans le Kentucky, Faraway Farm pour y installer, entre autres, son champion Man O’War à qui il enverra ses propres poulinières ou celles de son neveu. Après le décès de Sam, la propriété est morcelée et une nouvelle « parcelle » va s’appeler Man O’War Farm. Faraway Farm a été récemment vendu et fait l’objet d’importants travaux de rénovation, tout en conservant l’historique des lieux.

Voir aussi...