Comment lutter contre la Rhodococcose, la maladie honteuse

27/06/2009 - Actualités
De plus en plus d'élevages français sont touchés par une maladie très grave qui frappe les plus jeunes poulains, la rhodococcose. C'est un mot tabou dans le monde du cheval, ce qui provoque malheureusement son développement souvent par ignorance des acteurs.

 

Il y a déjà plus de 10 ans, que l'AFFSA de Dozule (Institut de Pathologie du Cheval) et le Laboratoire Franck Duncombe de Caen planchent sur ce sujet épineux. Entre temps, cette maladie, déjà présente partout dans le monde, s'est étendue partout en France et dans tous les types d'élevages (galop, trot, loisir jusqu'aux mini-chevaux!), et cela dans la discretion la plus totale, car personne ne semble devoir avouer en être victime. Et c'est bien là une des clés du problème, car du coup, tout le monde se la transmet joyeusement...

 

Les poulains âgés de 2 à 3 mois sont les principales victimes

 

La rhodococcose est la cause principale de broncho pneumonie, elle-même la maladie qui provoque la plus grande mortalité des jeunes poulains âgés de 1 à 6 mois. Elle doit son existence par une bactérie, qui s'appelle Rhodococcus, abondante dans l'eau, le sol et les déjections animales. Elle se transmet par voie aérienne. Les poulains l'attrapent par inhalation des poussières lorsqu'ils marchent dans le sillage de leur mère. Les souches sont multiformes, variables, les symptomes sont plus ou moins visibles rapidement. De plus, le temps d'incubation est long, de 15 jours à 3 semaines.

 

La quasi condamnation à mort

 

Cela provoque de terribles broncho pneumonies qui condamnent le sujet contaminé à mort dans plus de 50% des cas. Le poulain malade se manifeste comme tel par des difficultés à respirer, un manque de santé apparent (fièvre, abbatement, toux, jetage). Le problème est que ces symptomes n'apparaisent que tardivement, alors que la Rhodococcose a déjà provoqué chez lui des lésions pulmonaires très étendues.

La question reste plus ou moins en suspens de savoir si un poulain éventuellement sauvé en garderait des séquelles pour sa future carrière de course. Rien n'est vraiment prouvé scientifiquement. Mais comme disent certains entraîneurs, déjà que les chevaux de courses saignent des poumons quand ils sont en parfaite santé, alors qu'en est-il s'ils ont eu une broncho pneumonie étant petits ?

 

Les symptomes de la maladie apparaissent lorsqu'il est souvent trop tard pour soigner

 

La vérole est dans le clergé !

 

Bref, la maladie est insidieuse, très étendue, se transmet d'autant plus facilement par l'air et les déjections qu'elle ne touche de façon visible que les petits poulains. Cela signifie que n'importe qui peut amener en tout bonne foi cette maladie dans son écurie avec cheval adulte porteur mais non souffrant, en transit, en repos, ou de passage, sans prendre garde à bien désinfecté le boxe ensuite. Et paf ! La vérole est dans le clergé. Elle contaminera et condamnera sans doute à mort la prochaine âme innocente et sans défense qui passera dans les parages, c'est à dire un jeune foal.

 

Quelle est la période critique ?

 

Ce sont donc les jeunes qui souffrent de la rhodococcose car ils traversent tous une période critique en terme immunitaire vers l'âge de 2 ou 3 mois. Ce moment correspond au croisement entre la baisse de l'immunité fourni au poulain naissant à la 1e tétée par le colostrum de sa mère, et la montée de son immunité propre. Celle-ci, qui, partant de 0, augmente au fur et à mesure de sa croissance. C'est pour cela que les poulains nés tard au printemps, et évoluant donc dans un période sèche du début de l'été lorsqu'ils ont 2 mois environ, sont plus souvent victimes de la maladie que les sujets nés tôt, par exemple en janvier ou février, qui ne sont guère exposés aux poussières pendant les mois de mars et d'avril.

 

La période critique pour l'immunité du jeune poulain

 

L'autovaccin

 

Le traitement par antiobiotiques est complexe, long (3 semaines), couteux et finalement peu efficace en raison de l'apparition des symptomes lorsque la maladie est déjà trop développée. La prévention est donc le remède à faire prévaloir. Là encore, d'un point de vue chimique: pas de solution miracle. On peut appuyer les effets du colostrum maternel par l'apport par transfusion d'un plasma immunitaire. Cela reste couteux et complexe à administrer.

En raison des formes multiples de la maladie dues à la variablité de la souche, une vaccin générale n'est pas efficace à 100%. Dans ce registre, rien ne vaut un auto-vaccin, qui est fabriqué spécifiquement contre la bactérie correspondant à l'effectif et au terrain contaminé. Il faut pour cela attendre d'avoir un mort "à la maison", ce qui est un peu macabre, pour le faire analyser par la direction des services vétérinaires avec la collaboration de son vétérinaire traitant.

 

Le manque d'enherbement est un facteur majeur

 

Eloigner les risques de contamination

 

Bref, plutôt que de soigner la rhodococcose, il est préférable, tant que faire ce peut, d'éviter qu'elle ne vous tombe dessus comme un aigle sur sa proie. Il s'agit alors de ne pas provoquer un terrain fertile qui est celui d'un élevage intensif.

L'exposition des jeunes foals à la rhodococcose est favorisé par divers facteurs:

Le surchargement des prairies
Le passage des chevaux divers et variés à proximité des lieux où sont les poulains, et vice versa.
Les changements de boxes.
Les changements de padocks trop fréquents
Le manque d'enherbement des prairies
La densité de population sur les zones de nourriture (déjection, manque d'enherbement)
La surpopulation en général qui provoque chez les plus petits un stress favorable au développement des maladies.
Le manque d'hygiène et de désinfection, surtout si le foal est dans un espace contenant les déjections d'un autre cheval qui ne fait pas partie de son environnement habituel.

Pour plus d'infos:
AFSSA Dozulé. Institut de Pathologie du Cheval. 14430 Goustranville
Service de Microbiologie et d'Immunologie
Tel: 02 31 79 22 76.
Site internet: www.afsaa.fr

Voir aussi...