Tom Ludt quitte le Titanic Phoenix Thoroughbreds

10/08/2020 - Actualités
Nommé Vice-Président depuis son arrivée dans l'entreprise fin 2017, Tom Ludt a décidé de tourner la page Phoenix Thoroughbreds, fonds d'investissements spécialisé dans le pur-sang créé par l'homme d'affaires Amer Abdulaziz Selman, trempé dans le scandale de la frauduleuse cryptomonnaie OneCoin, l'une des plus grandes arnaques financières de tout les temps.

Tom Ludt, Vice-Président de Phoenix Thoroughbreds depuis 2017, aux des ventes de Yearlings, à Deauville (© Patrick McCann)

 

À l'origine, cela devait incarner l'ambition d'un homme, Amer Abdulaziz Salman, voulant faire de Phoenix Thoroughbreds "le premier fonds d'investissement régulé dans l'élevage et les courses de chevaux du monde entier", et atteindre le même niveau que les galaxies Coolmore et Godolphin. Un rêve qui avait pourtant bien démarré, avec plus de 25 millions de dollars provenant d'investisseurs étrangers dépensés dans l'achat de jeunes chevaux dès son lancement, en mars 2017, et enrichi par les succès au plus haut-niveau d'Advertise (Prix Maurice de Gheest, Gr.1), Signora Cabello (Prix Robert Papin, Gr.2), Gronkowski (2e des Belmont Stakes, Gr.1, du champion Justify, aux États-Unis), et Lady Apple (multiple gagnante black-type aux États-Unis), et qui s'est pourtant transformé en cauchemar.

 

Advertise, l'un des porte-drapeaux de Phoenix Thoroghbreds en piste (© Alan Crowhurst)

 

Car ce fonds déclaré au Luxembourg et supposé ...régulé ne l'a finalement jamais été, n'ayant jamais eu de gestionnaire externe comme stipulé dans la loi et a donc été volontairement mis en liquidation au début de l'automne 2019. Une véritable descente aux enfers faisant suite aux nombreuses allégations de blanchiment d'argent planant sur son Président-Fondateur, Amer Abdulaziz Salman. En effet, cet homme d'affaires vivant à Dubaï, aux Émirats Arabes-Unis, serait étroitement mêlé à "l'affaire One Coin", une fausse cryptomonnaie ayant extorqué plus de 4 milliards de dollars à quelques 3 millions de personnes dans le monde, pensant investir leur argent dans une cyber monnaie comparable à celle du Bitcoin. En réalité, ces investissements ne servaient qu'à alimenter un système financier frauduleux dit "de Ponzi", où les intérêts perçus par les premiers dépositaires provenaient en réalité des dépôts effectués par les investisseurs suivants. Seulement, s'il n'y a plus d'investisseurs suivants ou que ces derniers souhaitent retirer leurs fonds, cette machine créée par des bandits en col blanc risque de s'enrayer, et mettre à mal leur système dit de cavalerie (tiens donc !) car l'emprunteur, OneCoin en l'occurence, se retrouve alors dans l'incapacité de rembourser son emprunt précédent, soit les intérêts promis à l'avant dernier client, tirés des dépôts du dernier client, créant de ce fait un cercle vicieux entraînant sa perte pure et simple. 

 

Amer Abdulaziz Salman, Président-Fondateur de Phoenix Thoroughbreds (© Racing Post)

 

Ainsi donc, durant le procès de Mark Scott à New-York, ancien avocat grandement impliqué dans l'affaire "OneCoin" car fondateur de la société Fenero Funds, qui servait à transférer l'argent récolté par cette dernière d'une place à une autre, il apparaît qu'Amer Abulaziz Salman aurait blanchi ledit argent récolté par One Coin via son Phoenix Fund Investments, dont dépend Phoenix Thoroughbreds, et aurait également dérobé plus de 180 millions de dollars ayant servis à financer les achats de chevaux de cette dernière. Une affaire lourde de conséquences pour Phoenix Thoroughbreds, qui voit une à une ses figures de proue quitter le navire, à l'instar de Tom Ludt, Vice-Président depuis fin-décembre 2017 et qui s'est confié à nos confrères du Racing Post sur les raisons l'ayant poussé à tourner la page Phoenix Thoroughbreds:

"C'est en lisant une colonne du Racing Post que j'ai entendu pour la première fois les allégations portées à l'encontre d'Amer Abdulaziz Salman. J'ai été profondément choqué. Suite à cela, nous avons eu plusieurs discussions où il déniait être impliqué dans quoi que ce soit. Je ne me rappelle pas  quand précisément, mais au cours d'une conversation, je lui ai demandé de me dire franchement ce qui était en train de se passer car j'avais passé deux ans et demi de ma vie à voyager à travers le monde pour cette entreprise et que je ne voulais pas être entâché d'une mauvaise réputation. Il n'a eu de cesse de démentir toute implication dans ce projet et indiqué qu'il y avait certes des investisseurs provenant de la compagnie Fenero Funds (celle créée par Mark Scott, ndlr) mais aucun de OneCoin. Je n'ai jamais été impliqué dans ce fonds et ne sais donc rien, mais beaucoup de choses ont changé depuis. J'ai tenté de le convaincre de faire des interviews à la presse mais lui ne voulait pas. Tout a changé quand cela a éclaté au grand jour. Il m'a également dit que Mark Scott avait investi dans Phoenix Thoroughbred via sa compagnie, Fenero Funds, mais rien de plus. Il ne dément pas non plus que les fonds de Fenero ont bien atteri à Phoenix Fund Investments".

 

Amer Abdulaziz Salman et Tom Ludt, en Australie au moment des ventes aux enchères (© Inglis)

 

Un départ lourd de conséquences, Tom Ludt ayant grandement contribué à l'affirmation de Phoenix Thoroughbreds dans le paysage hippique mondial, mais loin d'être le premier, le conseiller Dermot Farrington, les entraîneurs Martyn Meade et Bob Baffert, le jockey Gérald Mossé ainsi que la courtière Kerri Radcliffe ayant été les premiers à tourner le dos à l'entreprise d'Amer Abdulaziz Salman, toujours opérationnelle à ce jour, avec une nouvelle victoire acquise fin juillet par le truchement de Frankenstella sur l'hippodrome de Pontefract, en Grande-Bretagne. Une affaire qui n'a pas fini de faire parler d'elle, à n'en pas douter...

 

 

 

 

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