Les anglos à 37.5 % s'affirment chez les 3 ans !

Woodhasa de Bordes est issue d’une famille classique de l’Anglo-Arabie qui à déjà été évoquée par le prisme de Perdalian dans l’article précédemment paru : « La descendance de Ferdalia domine le Grand National à 37,5% ». Cette pouliche appartient à son naisseur Mylène Bordes qui a croisé sa Perliwood du Lac (1ère catégorie, 30% par Satin Wood et Petite Perle du Lac  par Fayriland II) avec Hasa (52.74%). Si les deux grand mères de cette pouliche sont issues du croisement Corrézien classique Fayriland x Thalian, on notera que les deux grand pères apportent du sang neuf dans le pedigree (un pur sang et un 50% direct). Son entraineur Xavier Thomas-Demeaulte souligne « le très bon mental et la capacité à changer de vitesse » de sa protégée qui est invaincue en deux sorties à ce jour. Sa course de « référence » étant le Critérium des Jeunes à 37.5% où elle s’est imposée avec assurance au terme d’une belle remontée finale. Pouliche facile et agréable à l’entrainement, Woodhasa est destinée à aller courir les bonnes courses du programme.

Un peu malheureuse en débutant,  Princesse d’Estivaux (Fetiche d’Estivuaux et Oasis du Galopin) s’impose pour sa seconde sortie un mois plus tard devant Calanie de Cajus à Agen. Elle est troisième du Critérium des Jeunes à 37.5%. Cette élève de Thierry de Laurrière appartient à son naisseur Charles de Chaisemartin qui réalisé un début de saison peu banal. Cet éleveur a par le biais de Princesse d’Estivaux et Valse d’Estivaux (chez les 25) deux produits parmi les trois meilleurs de leur génération. Ces deux pouliches prometteuses sont issues de Fetiche d’Estivaux dont la production génère des gagnants tout en étant des plus réduites (une moyenne de sept produits par an en six saisons de monte). Pas d’inbreeding avant la cinquième génération dans le papier de cette Princesse issue de deux grand mères « outcross » à savoir Fleur du Galopin (50% par Dormane Arabe et L’Occitanienne Pur Sang) et Zagora (25% par Paris Jour Pur Sang et Ciella 50% par Le Moutard Pur Sang). 

Princesse d'Estivaux (casaque jaune) à la lutte avec Calanie de Cajus (casaque blanche et orange) (PHOTOS JEAN-PIERRE RIVIERE)

Calanie de Cajus présente la particularité d’être le produit de deux géniteurs eux-mêmes directement issus de reproducteurs Arabe et Pur Sang en première génération : Dan Music (Crown Music Pur Sang et Dandoura Arabe) et Manon de Cajus (Djoura Tu Arabe et Polycante Pur Sang). Le premier inbreeding (sur la matrone Arabe Mandragore) apparait à la quatrième génération. Troisième en débutant sans pression (mais très proche des deux premiers) elle est par la suite très plaisamment seconde de Woodhasa de Bordes et Princesse d’Estivaux. Son entraineur Stéphanie Genet s’exprime à son sujet par ces termes : « Elle est née bonne. Elle a de l’action et c’est une battante. Elle va aller en se bonifiant car elle de la qualité, elle prend bien le travail et elle a été débutée gentiment, sans coup de bâton ». Les chats ne faisant pas des chiens, cette « jeune » famille débuté dans les années 90 à partir de la Pur Sang Polycante a montré à répétition des signes de qualité. Sa frère utérin Pitou de Cajus a été trois fois second de course sélective (Grand Critérium, Poule d’Essai, Prix du Ministère) tandis que la propre sœur de sa a été une jument de course peu commune (16 victoires dont le Grand Prix d’Aquitaine et deux fois l’Omnium, 234.824 euros de gains). Cette Beauty de Cajus (50% par Djoura Tu Arabe et Polycante Pur Sang) avait même dominé sa génération en 2004 en s’octroyant le titre de « Meilleur 4 ans et plus » tout pourcentage et sexe confondus.

Calanie de Cajus

Cette même année 2004 voyait un certain Jeune Marié (50% par Darike Arabe Et Herbe Sacree Pur Sang) sacré « meilleur 3 ans en plat » tout pourcentage et sexe confondus. Une année faste pour les « 50% directs » dont les naissances en vue de courir sur hippodrome  sont anecdotiques depuis plusieurs décennies. Par ailleurs les Anglophiles n’ont pas oubliés les Carlotta du Paon, Vernicia, Erreur, Duc du Paon et autres Mediatik dont les performances ne sont pas si lointaines.

Les nouvelles possibilités apportées par les modifications du stud-book ont été bien accueillis par des éleveurs en quête de nouveaux croisements (37,5%) ou de compétitivité en obstacle (12,5%). Elles répondent à un réel besoin de sang neuf. Néanmoins elle ne saurait suffire et l’intérêt des 50% reste intact, ne serait ce que génétiquement parlant. Or la population à 50% a besoin de sang neuf pour se perpétuer. S’il n’est pas raisonnable de se prononcer sur un trio de début de saison, force est de constater que les trois sujets de cet article sont issus de croisements apportant du sang neuf chez les 50%. En complément des évolutions du stud-book plusieurs solutions pourraient être étudiées. Pourquoi ne pas utiliser la génétique d’étalons « outcross » stationnés en Italie ou au Maroc (comme Erreur, qui fut un second au palmarès 2007 des trois ans en France et qui est issu du croisement de Nombre Premier avec une mère Tunisienne ayant produit deux Arabes de niveau Groupe)? Par ailleurs pour soutenir d’éventuels éleveurs qui voudraient tenter l’aventure du « 50% direct » pourquoi ne pas mettre en place des conditions spéciales pour ces chevaux dans une liste d’épreuves choisies?

Pour conclure réjouissons nous du fait que ce début de saison met à l’honneur, en parallèle de personnalités plus établies,  plusieurs « petits » éleveurs et entraineurs dont la petitesse ne vaut que pour la taille de leur effectif mais certainement pas pour la qualité de leur travail.

Adrian Cugnasse