Keeneland : le malheur des uns……

12/11/2011 - Ventes & Shows
A coup de millions de dollars, la session des ventes de novembre à Keeneland restera gravée dans les annales «grâce» aux dispersions des effectifs d’Edward Evans et du Prince Saud bin Khaled. La succession Evans a vendu le top-price de tous les temps pour un foal (au féminin) et celle du Prince saoudien a vendu une pouliche de 3 ans pour un prix record sur le marché américain. Ces deux achats sont à mettre au crédit ou au débit de Benjamin Leon.


$ 2.600.000 pour une pouliche de l’année


Lane’s End (famille Farish) était mandaté pour liquider la succession hippique d’Edward P. Evans, décédé le 31 décembre 2010. Parmi les 106 lots à vendre sur les deux premiers jours (51 yearlings avaient été vendus en septembre) figurait une pouliche née en mars 2011 de Medaglio d’Oro (père de Rachel Alexandra) et de Quiet Dance (Quiet American), demi-sœur de Saint Liam (Breeders’Cup Classic 2005).
Le marteau est tombé à $ 2.600.000, ce qui constitue le top-price des ventes de Keeneland pour un foal de sexe féminin.

 

 

 


- Le précédent record appartenait au premier produit d’Islington (Breeders’Cup Filly and Mare entre autres), une pouliche de Gone West qui avait atteint les $ 2.400.000 en novembre 2006.

- Le second «accessit» revient aux $.2.300.000, le prix payé par Shadwell en novembre 1987 pour une pouliche de l’année par Nijinsky et My Charmer lors de la vente de liquidation d’Hermitage Farm (dirigé par Warner L. Jones). My Charmer, mère de Seattle Slew, de Lomond et de Seattle Dancer (ce dernier avait fait aussi un record mais comme yearling), avait été adjugée lors de cette même vente, pleine de Lyphard, $ 2.600.000 à Allen Paulson.

- Rappelons pour la petite histoire, que le record pour un foal appartient toujours à un foal né en 2006, fils de Montjeu et de Elbaaha (mère de Griegorova et Electrocutionist).Nommé Amour Malheureux, il avait été adjugé à un «investisseur» japonais  face à Coolmore pour $ 2.700.000.

 


$ 8.500.000 pour Royal Delta, la gagnante de la Breeders’Cup Ladies Classic, 3 jours plus tôt.


Chanteclair Farm était, pour sa part, mandaté pour la liquidation d’une vingtaine de lots de Palides Investments, propriété du défunt Sa Majesté le Prince Saud bin Khaled (dont une partie de son élevage était basé dans le Kentucky), un prince saoudien décédé le 31 janvier 2011.
Au menu figurait une 3 ans, Royal Delta (Empire Maker), 3e à Saratoga, des Coaching Club American Oaks de la Godolphin It’s Tricky et surtout toute récente gagnante de la Breeders’Cup Ladies Classic qui prenait à cette occasion sa revanche sur la pensionnaire de Kiaran McLaughlin.
La pensionnaire de Bill Mott était donc à vendre. Mise à prix, $ 2.000.000, les enchères grimpent par coup de $ 500.000 pour atteindre le prix record, pour une 3 ans, de $ 8.500.000. Son «buyer», Ben Leon, a dû se battre pour faire plier Frank Stronach (Adena Springs).

 

 

Royal Delta

 

- Le Cheik Mohammed Al Maktoum avait fait tombé le marteau en novembre 2007 (face à Coolmore) à $ 10.500.000 pour une poulinière de 5 ans, pleine de Kingmambo, Playful Act (Sadlers’Wells), vendue par Swettenham Stud. Résultat des courses : la fille de Sadler’s Wells a avorté.

- John Ferguson avait aussi atteint des sommets en novembre 2005 avec l’achat pour $ 9.000.000 d’une gagnante de 7 groupes 1 aux USA dont la Breeders’Cup Distaff, les Kentucky Oaks et les CCA Oaks. Ashado (Saint Ballado) était âgée de 4 ans sortant de l’entraînement, celui de Todd Pletcher.

-Rappelons que le record mondial pour une poulinière est détenu par Fasig-Tipton, depuis le 2 novembre 2008, avec une jument de 12 ans, Better Than Honour, vide de surcroit, payée 14 M. de dollars par Mike Moreno (Southern Equine Stables). Il faut dire qu’elle était la mère de 2 vainqueurs des Belmont S.
Là n’est pas notre propos mais je ne peux m’empêcher de rappeler le record de Seattle Dancer (vendu yearling, $ 13,5 M.) et du fils de Forestry, The Green Monkey (vendu à 2 ans, $ 16 M.) (voir article du 26 mai 2011 à l’occasion des Preakness S.)

 


Ces 2 top-prices pour Ben Leon

 

 

 

 

Benjamin Leon

 


Benjamin Leon (originaire de Cuba et grand éleveur de chevaux de selle de la race Paso Fino très usité en Amérique du Sud), propriétaire de Besilu Stables et d’un haras en Floride, a déboursé $ 22.400.000 au soir de la seconde journée pour 9 lots achetés avec entre autres les deux top-prices des deux «dispersal». Il aurait acheté Royal Delta pour l’anniversaire de son épouse. Il pense la remettre à l’entraînement en 2012 sous ses couleurs (Noire, manches rayées rouges et noires) avant de rentrer au haras.
Non seulement Ben Leon a acheté le foal de Quiet Dance mais il a aussi «investi» en achetant cette dernière, née en 1993 (18 ans), vide de Quality Road (un étalon maison entré au haras cette année et fils de Elusive Quality) pour $ 800.000.

Les achats de Besilu Stables des 7 et 8 novembre.

 

 

Royal Delta (2008) Empire Maker Delta Princess 8.500.000
N…(f.2011) Smart Strike Delta Princess 1.600.000
Quiet Giant (2007)  Giant's Causeway Quiet Dance 3.000.000
N…(f.2011) Medaglia D'Oro Quiet Dance 2.600.000
Dance Quietly (2008) AP Indy Quiet Dance 2.000.000
Quiet Dance (1993) vide de Quality Road Quiet American Misty Dancer 800.000
Malibu Prayer (2006) pleine de Smart Strike Malibu Moon Grand Prayer 2.000.000
Grand Prayer (2001) pleine de Medaglia d’Oro Grand Slam Lyrical Prayer 1.000.000
N…(f.2011) (1er produit) Smoke Glacken Camargue (unraced) 900.000

 



Lundi 7, le top-price de la vente Evans, Christmas Kid, une poulinière née en 2004, gagnante des Ashland S. (Gr.1), et pleine de Bernardini, a été adjugée $ 4.200.000 à Aisling Duignan, le directeur d’Ashford Stud, le haras américain de Coolmore.
Benjamin Leon a laissé quelques miettes. La petite-fille de Quiet Dance, Buster’s Ready, née en 2008 et gagnante des Mother Goose S (Gr.1) est revenue aux frères Wertheimer pour $ 2.400.000.

 

Christmas Kid

 


Mardi 8, de la vente Khaled, c’est Frank Stronach qui a acquis Delta Princess, la mère de Royal Delta, pour $ 2.600.000. Née en 1999, elle est pleine de Distorted Humor (Forty Niner).
Frank Stronach a dû débourser $ 1.650.000 pour une sœur de Delta Princess, Camargue (née en 2007), pleine de Street Sense.

En marge de cette vente de liquidation, il amusant de noter que la demi-sœur de Zenyatta, par Henrythenavigator, née cette année était à vendre. C’est encore Franck Stronach (Adena Springs) qui l’a emporté pour $ 1.500.000.

 


Edward Evans

 

 

Edward P. Evans

 


Edward P. Evans, né le 31 janvier 1942 à Pittsburgh, a étudié à la prestigieuse université de Yale en 1964 et a reçu un MBA (Master of Business Administration) à Harvard Business School en 1967.

Surnommé Ned, il était le fils de Thomas Mellon Evans, propriétaire de Buckland Farm qui avait fait naître en 1978 en Virginie, le futur champion de l’époque et futur top-sire, Pleasant Colony (His Majesty), vainqueur du Kentucky Derby et des Preakness S. et 3ème des Belmont St., entraîné par John Campo.

«Exploitant» à Spring Hill Farm à Casanova (Virginie) depuis 1969, Ned avait consacré son temps et son énergie à sa vraie passion, l’élevage. Il est décédé le 31 décembre 2010.
Il a été en haut de l’affiche en tant que propriétaire-éleveur et a élevé plus de 100 stakes winners y compris ceux de :
-Saint Liam, né en  2000, fils de Quiet Dance, vendu yearling, $ 130.000, Horse of the Year 2005, vainqueur de la Breeders’Cup Classic. Mort prématurément après une saison de monte à Lane’s End Farm, il a eu le temps de produire, Havre de Grâce, une gagnante de Gr.1 cette année aux USA.

 

 

Saint Liam

 


- Quality Road, né en 2006, d’Elusive Quality et de Kobla (demi-sœur d’Ajina par l’australien Strawberry Road), il est vainqueur de 4 groupes 1 et de plus de $.2.200.000, pour les couleurs d’Edward Evans et entraîné par Todd Pletcher. Il a rejoint Lane’s End Farm cette année et fonctionne au prix de $ 35.000.

- Minstrella, fille de The Minstrel, elle est gagnante de 3 groupes 1 en Europe à 2 ans, toujours sous ses couleurs (jaune et noir) : Phoenix St., Moyglare Stud St. et Cheveley Park St.1986.
Il a entretenu annuellement environ 80 juments et a maintenu un « cheptel » de classe internationale avec entre autres Summer Colony, Cat Moves, Christmas Kid, Malibu Prayer, Raging Fever; Christmas Gift, Grand Prayer, Probable Colony, Quiet Dance, Kobla (demi-sœur de la championne d’Allen Paulson, Ajina, acquise en 1999 à Keeneland et mère depuis de Quality Road).

 


Prince Saud bin Khaled

 

 

Prince Saud bin Khaled

 


Décédé le 31 janvier 2011 aux USA, Sa Majesté le Prince Saud bin Khaled, natif d’Arabie Saoudite, était un important propriétaire-éleveur basé dans le Kentucky et dans l’Etat de New-York.

Il a débuté sous le patronyme de Palides Investments en 1984 et s’installe comme éleveur en 1995 à Chanteclair Farm, sur des terres du Kentucky entre Midway et Versailles.
Il aura travaillé tout au long de sa passion avec des entraîneurs de premier plan comme Henry Cecil, John Dunlop, Jack Van Berg, Bobby Frankel, Bill Mott, Todd Pletcher, Christophe Clément, Tom Albertrani et en France de 1995 à 2000 avec André Fabre, Criquette Head et François Doumen.

Quatre de ses élèves ont participé à la Breeders’Cup depuis 2007. Lear’s Princess en 2007, Maram en 2009, Rough Sailing et Biondetti en 2010 après sa victoire dans le Gran Critérium de Milan pour Godolphin.
En Europe, il s’est imposé en tant que propriétaire avec Lyphard’s Delta (Nassau St. devant Only Royale). Au haras, 10 de ses 12 foals se sont imposés dont 2 au niveau Gr.1 (dont Biondetti) et 3 sont vainqueurs de Stakes dont la fameuse Delta Princess, la mère de Royal Delta.
Outre Lyphard’s Delta, Fitnah (Fit To Fight), Liberia (Miswaki) et sa fille Libertaire (Highest Honor), d’origine O’Reilly, ont été des juments bases de son élevage à Chanteclair Farm.

 

 

Biondetti

 


Ironiquement, selon le Prince Khaled, l’élevage ressemble à une recette. Quelques personnes sont de grands chefs et certains sont d’excellents connaisseurs en vin. Vous devez aimer ce que vous faites. Je prends tant de plaisir dans la sélection des croisements pour mes juments que le résultat ressemble à la création d'une œuvre d'art! Mais, tout cela ne serait rien sans l'aide de Dieu.

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