Milord Thomas, le Grand Steeple-Chase de Paris 2015 à revivre de l'intérieur

19/05/2015 - Evénements
La vieille dame au chapeau rouge a 87 ans, et patiente depuis des décennies dans l'espoir d'enfin gagner. Le jeune étudiant normand a 21 ans et profite déjà un bonheur incommensurable. Propriétaire et co-éleveur du nouveau champion, Magalen Bryant et Thomas Le Boucher ont remporté le Grand Steeple-Chase de Paris 2015 avec Milord Thomas, qui a offert à tout son entourage une immense émotion, à revivre de l'intérieur en vidéo. Par L. Hallopé, A. Poirier, L. Stecher et M. Barbier.

 

Quelle journée, quelle course, quel héros ! Déjà vainqueur du Prix Maurice Gillois à 4 ans et du Prix La Haye Jousselin à 5 ans, Milord Thomas décroche dès l'âge de 6 ans son 1e Grand Steeple-Chase de Paris en 2015. Il s'inscrit dans la lignée des cracks d'Auteuil, surtout ceux d'une époque où les meilleurs ne partaient pas Outre-Manche dès leur jeunesse, car il appartient à une milliardaire américaine, Magalen Bryant, passionnée de l'obstacle français, qui ne vend jamais ses bons chevaux, et encore moins quand elle tient un sujet de la trempe de Milord Thomas, capable d'enfin lui décrocher la lune.

 

 

Le Graal, pour la vieille dame au chapeau rouge, c'est ce Grand Steeple. Depuis les années 70 où elle a eu ses 1e chevaux en France avec son 2e mari Herbert Bryant, notamment l'excellent sprinter Polyponder, celle qu'on surnomme Maggie, née Magalen Orsthrom en 1928 près de Washington en Virginie, rêve de cette victoire. A décès de son époux en 1983, elle a changé la toque de la casaque en rouge et a orienté son écurie vers l'obstacle, une passion de jeunesse pour celle qui chassait à courre sur l'immense domaine familial de 650 hectares avec son amie d'enfance Jackie Kennedy. Depuis, Maggie Bryant a été sacrée plusieurs fois tête de liste des propriétaires, elle a gagné toutes les grandes courses à Auteuil et en province, mais pas ce fameux Grand Steeple qui lui a toujours échappé, même en 2005 lorsque Ma Royale n'échouait que d'une encolure face à Sleeping Car.
 

Milord Thomas, le cheval venu de la Mer, aux petits soins de 2 jeunes de Dragey, Emilie et Kevin.

 

Maggie, 87 ans

 

Tout s'est bien terminé, sauf bien sûr pour le malheureux Bel La Vie, le vainqueur de l'édition 2013, qui a échoué dans sa tentative de come-back, devant s'arrêter brutalement devant le Rail Ditch and Fence. Juste après le passage de ce juge de paix, le duel s'est engagé entre Milord Thomas, passé leader, et Shannon Rock, déjà 3 fois 2e de ce Grand Steeple en 2012, 13 et 14. Mais le fils de Turgeon est resté Poulidor pour la 4e année consécutive, car celui de Kapgarde n'a jamais plié, malgré une grosse frayeur subi au 1e passage de la rivière lorsqu'il a mis un violent coup de freins. Et Dominque Bressou, son entraineur, a croulé sous les embrassades dans les tribunes.

Pour lui, tout n'a pas été rose. En 2013, sa carrière d'entraineur piétinant, il a été contraint de quitter Paris pour chercher un 2e souffle loin de ses bases, sur le  nouveau centre d'entrainement au bord de la mer, face au Mont-Saint-Michel. il a bien fait, l'ambiance est un peu différente à Dragey, chez les "crossman" qui croient en leur avenir, qu'à Maisons-Laffitte. Dans la foulée, Milord Thomas s'est soudainement révélé. Gagnant à Dieppe dans l'été de ses 4 ans, il aligne 3 succès à l'automne à 4 ans et décroche le Prix Maurice Gillois (Gr.1). L'an dernier, il fait encore mieux en gagnant le Prix La Haye Jousselin dès l'âge de 5 ans, devant Shannon Rock. Cette année, Dominique Bressou l'a fait monter doucement en pression. Il a retrouvé la victoire dans la dernière préparatoire, le Prix Ingré face à Bel La Vie et Shannon Rock, deux poids lourds de l'obstacle français qu'il retrouvait ce dimanche à Auteuil.
 

Aux ordres avec l'entraineur Dominique Bressou et son jockey Jacques Ricou, Magalen Bryant, l'esprit totalement vif pour son âge, écoute avec la plus grande attention, tout près du manager historique de sa casaque, David Powell.
 


Au 1e passage de la rivière, Milord Thomas, pourtant en tête, s'apprête à mettre un sérieux coup de freins qui n'a heureusement pas déstabilisé Jacques Ricou.

 

Dominique Bressou à l'arrivée, on le comprend !

Milord Thomas a repris la tête dès le saut du Rail Ditch, à 1000 m de l'arrivée, puis a filé au poteau en repartant sous la menace du Poulidor Shannon Rock.
 

La délivrance et la revanche sur le sort de Dominique Bressou
 

C'était une délivrance pour Maggie Bryant et Jacques Ricou, le fils de l'ancien boucher du Lion d'Angers qui a battu le petits-fils (David Cottin) du marchand de chevaux du même village, un fantastique bonheur pour les naisseurs, dont le patriarche Bernard Michel, à l'origine de cette histoire lorsqu'il a acheté la 5e mère, a disparu en aout dernier, un accomplissement pour les Powell père et fils, manager de la casaque Bryant et éleveur du poulain au Haras du Lieu des Champs.

Pour Dominique Bressou, il y a aussi une dimension de revanche sur le sort. Lorsqu'il était jockey, en 2003, il a été victime d'un sale coup. Pour cause d'une discutable mise à pied subie en Italie, il a du regarder depuis les tribunes sa partenaire habituelle Line Marine remporter le Grand Steeple-Chase de Paris sous la selle de Christophe Pieux qui récoltait tous les trophées à sa place. Depuis, il est passé de l'autre coté de la barrière et personne n'a pu lui subtiliser le fruit de son long travail de préparation.

 

Maggie, le pouce de la victoire !

Jacques Ricou a profité d'un retour triomphal d'un intensité rarement vue à Auteuil.


Maggie ne pouvant plus vraiment accéder au podium pour des raisons de mobilité, toute son équipe s'est sympatiquement réuni autour d'elle sur les marches de la remise des prix.

 

Les grèvistes du PMH...
 

La fête était complète. Il y avait de bruyants manifestants. Des joyeux drilles venus avec 2 cars et force banderoles et cornes de brume pour soutenir les mayennais Bel La Vie et Saint Pistol. Il ont fait plus de bruit, heureusement, que les interminables grevistes du PMH. Contrairement à ce qu'ils croient depuis bien trop longtemps qu'ils passent leur temps à se plaindre de leur situation, il ne sont pas les plus à plaindre, et de très loin. Ces gens, bien que sans doute les guichetiers les plus malaimables de tous les hippodromes du monde, ont passé leur vie à accumuler des privilèges iniques en menaçant l'institution de grèves à répétition. Ils ont eu cyniquement raison puisque l'institution, trop faible, acceptait depuis toujours l'injustifiable et ajoutait des acquis sociaux à d'autres acquis sociaux, des choses sur lequel il vaut mieux ne pas s'étendre. Mais à force de tirer sur la ficelle, elle a fini par casser, car l'institution, qui ne peut plus se permettre un tel laisser-aller, a décidé de trancher dans les 15 à 18 millions d'euros de perte causée par ce GIE à la gestion délirante. Et les leaders syndicaux, soupçonnés en l'occurrence d'être attisés par des pseudo forces politiques sur le retour, bien peu gauchistes mais très opposées à la ligne politique Bélinguier, continuent à se vautrer dans l'héritage des combattants historiques, de ceux qui ont perdu leur carrière, leur famille voire leur vie pour défendre la cause populaire suite à la révolution industrielle du 19e siècle. Aujourd'hui, ils doivent se retourner dans leur tombe, tout comme la Môme Piaf, qui en chantant "Allez Venez Milord", savait qu'elle "n'était qu'une fille du port". Mais alors qu'il y a encore peu, une telle grève aurait fait toute une histoire, ça ne fait plus aujourd'hui que 5 minutes de retard sur le départ de la 1e, puis quelques dizaines de turfistes mécontents à juste titre. Cela dû au fait des paris mobiles et du monde moderne en général que ces gens s'obstinent à refuser en bloc, alors qu'ils ont probablement des téléphones portables et peut-être même des smartphones ! C'est ce qui s'appelle partir dans le mépris. Et si ces gens, professionnels de la contestation, ne sont pas contents après France Sire, qu'ils comprennent bien que France Sire, qui a pour principe fondateur de ne respecter que le travail, s'en bat complètement les steaks !

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