Jean-Pierre Digard : " les grands dangers de l'animalisme radicalisé "

20/08/2016 - DĂ©couvertes
Fameux zoologue et ethnologue, venu aux chevaux à travers ses études des tribaux nomades de l'Asie Centrale pour le CNRS, Jean-Pierre Digard a fait une double intervention très remarquée lors du débat du Syndicat des Eleveurs 2016 dont il était l'invité d'honneur, et basé sur le thème : l'avenir de la relation homme-cheval.

 
 
" Aujourd'hui, on ne respecte plus les chevaux, on les aime. " En tant que compétition utilisant l'animal, les courses de chevaux sont confrontées, en France comme dans de nombreux autres pays riches et "sophistiqués" à la tendance de la société actuelle, aseptisée et refusant tout notion de danger, surtout physique. Une poignée d'activiste extrêmement motivée, minorité arguant du fait qu'elle représenterait une vaste majorité silencieuse, parvient à faire basculer les esprits et décider les politiques grâce à des campagnes de moralisation très agressives et efficaces, à faire croire que les exploitants des animaux notamment aux courses, ne sont que des brutes sanguinaires.
 
Les courses, qui ne réagissent pas en France, se font tailler des croupières par ces dangereux personnages, radicalisés dans un esprit de l'animalisme qui sont capables de soutenir le fait qu'il ne faut pas boire de lait car cela implique l'enfermement des vaches. Evidemment, en suivant leurs principes, la plupart des animaux et notamment les chevaux disparaitraient du pays en quelques années, ou ne serait réservée qu'à quelques super riches privilégiés, mais l'irrésponsablitité n'a pas de limite aussi bien que la connerie n'a pas de frontière.
 
 
 
 
 
Evidemment, même s'il faut se méfier comme de la peste de ces personnages qui cherchent à interdire non seulement l'hippophagie mais aussi l'abattage des chevaux afin d'imposer leur mise à la retraite systématique (que fait-on des jeunes chevaux infirmes, bêtes et dénués de tout talent, dont personne ne veut ?) il faut bien considérer l'évolution de la société, à l'interieur même du monde des courses chez les nouveaux propriétaires et leur entourage notamment féminin. En effet, comme l'explique Jean-Pierre Digard, cette conséquence de la féminisation de la société, laissant infiltrer chez les communicants des notions doucereuses et mielleuses, est en fait un piège qui se referme sur les femmes. Bref, c'est tout à fait passionnnant car il s'agit désormais de ne pas envoyer ballader les radicaux sans s'occuper du reste, au risque de passer à côté de la société actuelle, mais de prendre en compte cet état de fait, l'analyser et consacrer du temps et des moyens à faire de la pédagogie auprès du grand public. " Les gens ne sont quand pas idiots. Quand on prend le temps de leur expliquer les choses dans ce domaine, ils sont tout à fait prêts à les comprendre."
 
 BIOGRAPIE DE JEAN-PIERRE DIGARD
 
Né à Paris en 1942, Jean-Pierre Digard a reçu une triple formation : de zoologue, d’ethnologue et d’orientaliste. Entré au CNRS en 1971, directeur de recherche en 1983, directeur de recherche émérite depuis 2007, directeur de laboratoire de 1981 à 1993, président de la section d’anthropologie du Comité national de la recherche scientifique de 1995 à 2000, il a développé deux spécialités : l’ethnologie de l’Iran – Techniques des nomades Baxtyâri d'Iran (1981), Le fait ethnique en Iran et en Afghanistan (1988), L’Iran au XXe siècle. Entre nationalisme, islam et mondialisation (1996, rééd. 2007),
Une épopée tribale en Iran (2015) – et l’anthropologie des relations hommes-animaux – L’homme et les animaux domestiques. Anthropologie d’une passion (1990), Les Français et leurs animaux. Ethnologie d’un phénomène de société (1999, rééd. 2005).
 
Devenu cavalier par nécessité (pour suivre les nomades d’Iran qui ont fait l’objet de sa thèse de doctorat), il a vite été gagné par la passion du cheval et de l’équitation auxquels il a consacré plusieurs de ses travaux : Le cheval, force de l’homme (Gallimard « Découvertes », 1994), Chevaux et cavaliers arabes dans les arts d’Orient et d’Occident
(Gallimard/Institut du monde arabe, 2002), Une histoire du cheval. Art, techniques, société (Actes Sud, 2004, rééd. 2007). Il a été membre du Conseil scientifique (1995-1999) puis du Comité d’orientation scientifique et technique des Haras nationaux (2001-2006). En 2011-2012, il a été chargé par l’Aga Khan d’une mission de réflexion et de proposition sur le Musée du Cheval de Chantilly. En 2012-2014, il a fait partie du conseil scientifique de l’exposition « Équitation(s) » organisée au musée de Normandie à Caen à l’occasion des Jeux équestres mondiaux.
 
Jean-Pierre Digard est chevalier dans l’Ordre du Mérite agricole et membre de l’Académie d’agriculture de France.
 

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