A la plage avec Ultraji à l'entrainement chez Fabrice Foucher : le grand reportage

15/10/2016 - Découvertes
 Le nouveau champion des haies d'Auteuil Ultraji, vainqueur du Prix Carmarthen (Gr.3) le 6 octobre 2016, s'entraine tous les jours sur une immense plage à Saint-Michel Chef Chef, à la sortie de l'estuaire de la Loire, sous la férule de Fabrice Foucher. Voir la vidéo d'Ultraji sur place 5 jours après son exploit.          

 
 
Quelques semaines seulement après avoir gagné le 1e gros quinté du meeting d'aout à Deauville, Fabrice Foucher, installé dans la ferme familiale de Saint-Michel Chef Chef en Loire-Atlantique, a remporté son 1e Gr.3 à Auteuil avec Ultraji. L'homme de 47 ans, grand et longiligne, qui est le véritable sosie de David Lumet tant dansle physique que l'expression, a passé toute sa vie dans la petite ferme située sur des terres très sableuses à quelques kilomètres de la mer. Il a aménagé des boxes au fur et à mesure dans les anciens batiments agricoles, et sa piste ne mesure que 800 m, avec 2 haies à sauter pour tout parcours d'obstacle.
 
Mais le secret du cheval, c'est l'homme. Et la mer aussi, en l'occurrence. Doué de nature, Fabrice Foucher sait par ailleurs utiliser au mieux le plus beau des terrains naturels, bien que très difficile à exploiter car sauvage, changeant, imprévisible et impitoyable : une immense plage de sable blanc qui va de Saint-Michel Chef Chef jusqu'à Saint-Brévin : c'est à dire la sud de l'estuaire de la Loire en face duquel, au nord, se situe Saint-Nazaire.
 
 
 
Sur la plage de Saint-Michel Chef Chef (oui Chef...)

 
Fils et petit-fils d'agriculteur à l'ancienne, Fabrice Foucher n'a jamais eu le coeur à planter des choux, même à la mode de chez nous. Papa s'occupe des vaches allaintantes, Maman des dindons. Le gosse...ni des uns ni des autres. Miracle, il est né dans une région où les chevaux de courses sont partout. Son adolescence s'illumine le jour où un vieux tonton d'obstacle débarque à la maison, et que le père a décidé de faire courir le dimanche dans les patelins régionaux. Un loisir idéal et la révélation pour Fabrice, qui se lance dans l'entrainement dès ses 18 ans. " J'ai commencé trop tôt, j'aurais du aller voir à l'extérieur ce qui se faisait. J'y aurais gagné du temps à apprendre ce qu'il faut faire et surtout ce qu'il ne faut pas faire."  Mais bon an mal an, le jeune Fabrice qui a la main plus que l'expérience, trouve toujours un bon cheval pour passer l'année avec sa licence d'entraineur particulier de ses parents, donc de lui-même.. Des noms sortent du lot, comme Jeff du Verger. Il aime le plat, sait bien préparer des AQPS pour les vendre en Angleterre, court peu mais gagne souvent. Il sélectionne surtout, ne perd pas de temps avec les ânes, ne garde que 25 chevaux et utilise la plage tous les jours, même s'il doit y aller en camion, ce qui complique considérablement la logistique.
 
 

Fabrice Foucher devant l'arme secrète de tout bon entraineur : un tracteur avec une herse qu'il conduit lui-même plutôt que de le laisser à un syndiqué cégétiste.
 

Même s'il est très tendu de nature, Ultraji est sellé comme tous les autres pensionnaires de Fabrice Foucher, à l'entrée de son boxe avec la porte ouverte.
 

Suivant les conseils de l'ostéopathe, les chevaux profitent de longs étirements avant de sortir du boxe.
 
 

Après 10 min de camion, Ultraji a été monté sur le bord de la petite route qui mène au dernier parking avant la plage.
 
 A 40 ans passé, en 2010, devenu entraineur public, Fabrice Foucher n'est plus le petit gars qui se débrouille bien mais un nom qui compte. Il élève avec sa femme Gwenaëlle, et à la faveur d'une saillie à Maresca Sorrento, il visite le Haras de la Rousselière, rencontre Pierre et Nelly de la Guillonnière. Comme tout entraineur intelligent, il en proite pour faire le tour des prés, dès fois que...Cette année là, les éleveurs ne savent pas encore qu'ils ont un lot de "U", des AQPS nés en 2008, absolument extraordinaire : Ultraji, Un Succès, Urticaire, Ulodène et d'autres parmi lesquels celui que prend Foucher, un petit cheval long avec une tête bizarre : Un de Sceaux.
 
Le problème est que ce dernier est complètement fou, inserviable. " Tous les jours, il était totalement braqué, et ne montrait rien de spécial. Un matin, je me suis énervé et j'ai demandé à son cavalier de tout lacher sur la plage, dans le sable mou. Je me rappelle de mon impression alors que je le regardais passer, à cheval dans l'eau. Il allait très vite et il a été longtemps. Nous avons recommencé le lendemain, puis pendant 3 jours de suite il a répété la même chose. Nous avons alors tout repris à zéro. Quand il a débuté, j'étais sûr de gagner de très loin. Son jockey, Alexandre Roussel, à qui j'avais dit de le laisser aller devant, m'a dit qu'il galopait plus vite que sur une très bonne course de 1600 m...Après 1200 m à fond de train, Un de Sceaux a commencé à respirer. Il s'est posé. En abordant la ligne droite, il a repris un 2e départ. C'est tout simplement un phénomène."
 
 
 

 
 
 
 
 
Quatre ans plus tard, Fabrice Foucher reçoit la visite de Pierre de la Guillonnière. Il lui propose de prendre Ultraji, qui avait montré des moyens mais sans plus chez Christian Le Galliard, mais qui était justement le cheval au coeur de l'affaire du tapis de plomb qui a couté sa licence à l'entraineur. " Je connaissais ce cheval et j'étais très content de le recevoir car il avait montré de la qualité. Mais au début, il était affolé. Nous nous sommes efforcés de canaliser sa fougue. Il est toujours très énergique, il va devant tout le temps, même à l'entrainement, mais il n'a cessé de progressé et s'est amélioré à chacune de ses sorties. J'espère que ce va durer longtemps !
 

La ferme familiale a été aménagée en centre d'entrainement. Les chevaux vont dehors tous les jours au paddock, avant ou après le travail.
 

Allegro des Isles, un cheval de quinté voire de listed.
 

Le frère cadet d'Ultraji, Berneteau, un 5 ans encore inédit mais très estimé.
 

La propre soeur du crack Sprinter Sacré, la 3 ans Divine Sacrée, semble capable de gagner d'emblée en plat.

 

Nador, gagnant à Nantes et à Craon à la fin de l'été 2016.
 

Doux Pretender, gagnant en débutant à Nantes dans une bonne course de 3 ans AQPS, avec son propriétaire éleveur Jean Uzel.
 
 
 
 

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