Grand Prix de Saint-Moritz 2012 : ca fait du bien quand ça gèle !

21/02/2012 - Découvertes
Partout dans le monde, le gel des pistes annule les courses, sauf à Saint-Moritz, en Suisse, dans la station de ski des stars où le Grand Prix s'est disputé le dimanche 19 février sur le lac gelé, avec la victoire du jockey français Freddy di Fède. Voir aussi l'interview de Peter Schiergen sur Danedream et la fameuse course de Ski Joring avec des pur-sang...et des skis !

Tout de même, si les riches de ce monde ont l'habitude à Saint-Moritz de se protéger du froid avec d'épais manteaux de vison (c'est tellement plus pratique), le dimanche précédent le Grand Prix avait dépassé les limites. Rendez-vous compte, par moins 25°, il faisait tellement froid que le champagne gelait dans les coupes ! Voilà sans doute le pire désagrément que peut subir la Jet Set "blindée de pognon", protégée de tous les malheurs du monde, qui se précipite par millier à Saint-Moritz, là où le Prince Charles passait ses vacances, là où Stravos Niarchos avait élu domicile.

 

 

Quand le champagne gèle dans les coupes !


Saint-Moritz est perdu au fin donc des Alpes Suisses, deux heures et demi après Zurich, près de l'Italie, à 1800 m d'altitude. Et pour occuper ses braves gens oisifs mais avides de sensation, depuis 1907, des fous organisent des courses de chevaux pur-sang et trotteurs sur une piste en neige qui s'étend provisoirement...et pour cause puisque c'est sur un lac gelé ! C'est le seul endroit au monde où ce type de course n'est pas un simple folkore. On y dispute des courses au trot attelé (avec des sulky où les patins ont remplacé les roues), au ski-joring et au galop avec des pur-sang de très bon niveau, de listed ou groupe, surtout dans le fameux Grand Prix. L'affaire est donc plus que sérieuse.

 

 

 

 

Rencontré à Saint-Moritz, l'entraîneur de Danedream, Peter Schiergen explique comment sa championne Danedream tentera le doublé dans l'Arc de Triomphe en 2012.

 

Une course incroyable et unique au monde  : du ski joring avec des pur-sang, un grand coup d'adrénaline !

 

Les loisirs de la Belle Epoque


Cette ambiance fait penser aux images d'Epinal, autant des films en noir et blanc avec le Prince Aly Khan skis au pied dans cette station d'altitude, qu'aux idées qu'on peut se faire du Deauville de la Belle Epoque. On venait aux courses uniquement pour se détendre un peu plus durant le mois d'été consacré aux vacances sur la côte. La version hivernale moderne, c'est Saint-Moritz. Car on court que trois dimanche dans l'année, les trois premiers du mois de février.

 

La douceur de vivre sous la neige...

 

Tout est fait pour la fête, avec force champagne et caviar, et s'imposer ici est must sportif, dans la considération ancienne du sport. Les suisses allemands ne sont pas réputés pour leur joie de vivre, encore moins pour leur expressivité. Mais là, quand même les appaudissements et les cris décollent de la neige. Plus de 12.000 personnes sont déclarés sur le site. Il faut sans doute compter dans ce chiffre tout ceux qui dégustent le spectacle depuis les terrasses des palaces qui surplombent le lac.

L'hippodrome de Saint-Moritz est composé d'une piste en neige tracée sur le lac gelé au pied de la station de ski.

 

Les français dans le nuage blanc


Un seul cheval français avait gagné ce Grand Prix, doté cette année de 40.000 € au vainqueur. C'était (déjà) en 1994, Habaneoa, entrainé par Jean de Roualle et monté par Jean-Michel Breux. Les duex concurrents français de cette année, la "Pantall" Happy Wedding (Fabrice Véron) et le "Mathieu Le Forestier" Non Stop (Fabien Lefevre), deux chevaux de niveau gros handicaps Listed, ne sont pas parvenus à sortir du nuage de neige soulevé par le peloton. Mais c'est tout de même un jockey français qui s'est imposé. S'il ne perce pas véritablement en France, Freddy Di Fède se construit un palmarès hors de nos frontières.

 

Sous son masque de Dark Vador, Freddy di Fède remporte le 73e Grand Prix de Saint-Moritz en selle sur African Art devant l'allemande Flash Dance.

 

Habitué de la Suisse, il décroche un "timbale" très symbolique. " C'est une sensation extraordinaire que de monter en course sur la neige, difficile à expliquer, mais que je conseille à tous les jockeys qui ont l'occasion de la faire", explique Freddy du Fède, fou de joie après son succès en selle sur l'outsider African Art. " Pour nous, les Suisses, le Grand Prix de Saint-Moritz a l'importance d'un Derby d'Epsom en Angleterre. C'est la course qu'il faut gagner" renchérit l'entraineur longiligne Philippe Schärer, ancien jockey qui s'est installé entraineur avec 25 chevaux depuis 2 ans seulement. " J'apprécie beaucoup Freddy di Fède, d'une part il monte mais aussi il est disponible pour venir en Suisse et il a un bon contact avec les propriétaires et chez nous c'est très important."

 

Freddy Di Fède et African Art après la victoire

 

African Art est une femelle âgée de 6 ans présentée comme une outsider, même si elle avait gagné une course sur la neige pendant le meeting 2011. Elle avait conclu 5e de la course préparatoire au Grand Prix, mais en ayant perdu un fer, ce qui est très ennuyeux sur la neige où les crampons sont indispensables. Née au Etats-Unis, elle est nés d'un croisement pur " Coolmore" entre Johannesburg et une mère par Stravinsky, deux étalons ayant connu des fortunes diverses. Elle avait commencé sa carrière en Angleterre, gagnant une petite course à conditions, avant de grimper les étages en Suisses.

 

L'entraineur suisse Philipp Schärer manifeste sa joie en digne ancien jockey, sur le cheval !


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