Knicks Go : meilleur cheval du monde, fils d'un rescapé et fierté de la Corée du Sud

27/01/2022 - Actualités
Couronné meilleur cheval du monde aux Longines Award, l'américain Knicks Go est un phénomène des pistes au destin bien particulier. Fils du méconnu Paynter, un survivant en son genre qui s'est relevé de graves problèmes de santé pour recourir et devenir étalon, il met également à l'honneur ses propriétaires de Corée Du Sud, un pays où les courses évoluent à vitesse grand V, et qui a maintenant un crack pour porte-étendard. 

Meilleur cheval du monde en 2021, Knicks Go a une histoire qui sort des sentiers battus...(Horseracing Photos)

 

Originaire du Kentucky, puisqu'il a grandi à Louisville à quelques kilomètres de l'hippodrome de Churchill Downs, Brad Cox est aujourd'hui l'entraîneur du meilleur cheval au monde en 2021, Knicks Go. Avec un nom pareil, on pourrait croire qu'il appartient à un fan de basket ball new-yorkais, mais il n'en est rien. Knicks Go, c'est en fait une allusion au programme génétique  coréen "K-Nicks" ou le "K" est l'initiale de "Korea". Car oui, et c'est incroyable, le meilleur cheval du monde est un pur-américain, mais qui appartient à la Korea Racing Authority ! 

 

 

Pays où les courses sont en pleine expansion, notamment depuis la création de la grande réunion de la Korea Cup, et le déménagement de plusieurs personnalitées hippiques comme nos jockeys français Johan Victoire et David Breux, la Corée du Sud fonctionne avec un programme génétique très précis. Des données scientifiques sont ainsi utilisées pour cibler les bons chevaux, et les futurs étalons. La Corée a en effet commencé à importer des étalons des Etats-Unis, le meilleur sire local Menifee étant un double vainqueur de Gr.1 au pays de l'Oncle Sam à la fin des années 90. Disparu en 2019, il a été "champion sire" de 2012 jusqu'à sa mort, après être arrivé à la station de Jeju en 2006. Coqueluche des fans de courses en Corée du Sud, ses étalonniers disaient de lui qu'il parlait coréen...

 

 

Knicks Go a bien évidemment une belle bande de fans Coréens !

 

Pour en revenir à Knicks Go, la Korean Racing Authority a créé une écurie aux Etats-Unis en achetant un piquet de chevaux à des prix abordables, dans l'espoir de les faire performer sur place avant de rentrer étalon en Corée. Mais avec Knicks Go, le rêve est encore plus grand, puisque le champion va faire la monte aux Etats-Unis, à Taylor Made Farms, pour le compte de ses propriétaires coréens. 2 ans après sa création, l'écurie KRA a acheté ce beau yearling gris pour 87 000 $ à Keeneland, qui est devenu un vrai champion. Gagnant de Gr.1 à 2 ans et placé de la Breeders' Cup Juvenile, Knicks Go a ensuite connu un passage à vide, avant de rejoindre Brad Cox à la fin de son année de 3 ans. L'entraîneur, qui s'est notamment fait connaître avec la crack Monomoy Girl, a su gérer le tempérament électrique de Knicks Go pour en faire une machine de guerre. 

 

 

 

Après un long break, Knicks Go est revenu fort à l'automne 2020, en gagnant la Breeders' Cup Dirt Mile (Gr.1). Il a ensuite remporté en janvier dernier la richissimme Pegasus World Cup, avant de finir 4e de la Saudi Cup de Mishriff. Après avoir gagné les Whitney Stakes cet été, il s'est envolé dans la Breeders' Cup Classic (Gr.1), obtenant un rating monstre de 129, lui permettant d'être élu meilleur cheval de l'année au monde. Il va courir samedi la Pegasus World Cup pour tenter de garder son titre avant de partir au Haras à Taylor Made, où il fera la monte dès cette saison à 30 000 $. Quel aboutissement pour la Corée du Sud ! 

 

L'émotion des propriétaires de Knicks Go suite à son succès dans la Breeders' Cup Classic en 2021 

 

Né dans l'état du Maryland d'une origine somme toute banale, mais avec une mère gagnante de stakes, Knicks Go est le fleuron de son père Paynter, un cheval lui même très atypique. Excessivement bien né, puisque neveu du champion Tiznow par Awesome Again, il a été acheté yearling à Keeneland par Ahmed Zayat, dont la casaque a été portée ensuite par le légendaire American Pharoah. Confié à Bob Baffert, il a été l'un des meilleurs 3 ans du cru 2012, terminant 2e des Belmont Stakes (Gr.1) puis remportant le Haskell Invitational (Gr.1). Mais suite à ce succès, Paynter a bien failli y passer, subissant un crise intestinale gravissimme, aggravée par une fourbure. Hospitalisé de long mois, avec un pronostic vital très négatif, Paynter a perdu beaucoup de poids et frôlé la mort à plusieurs reprises... mais s'est finalement remis sur pied ! 

 

Paynter, le champion rescapé, sous les mêmes couleurs qu'American Pharoah 

 

Dans le même temps, son entourage partageait sur les réseaux l'évolution de leur champion, qui a fini par être opéré avec succès, et était devenu une star aux Etats-Unis pour s'être relevé de ce grave problème de santé. A la fin de l'année 2012, il a reçu le "Vox Populi Award", un vote des fans de courses qui élit le cheval le plus populaire, et ce combat lui a valu également un prix pour le "Moment de l'année dans les courses". S'il est déjà très rare de survivre à ces crises dont il a été victime, la possibilité de revenir aux courses est quasiment nulle. Mais dur comme un cric, Paynter a fini par faire sa rentrée un an plus tard, en gagnant, avant de se classer 2e de Gr.1, puis de participer (sans succès certes, mais tout de même !) à la Breeders' Cup Classic ! A la suite de cet exploit, Paynter est rentré au Haras à Winstar Farm dans le Kentucky, où une fresque racontant son histoire l'attendait... S'il n'était pas le plus grand champion de l'histoire, son destin extraordinaire en a fait une célébrité. 

 

Knicks Go avec son entraîneur Brad Cox

 

Issu de sa 2e génération, Knicks Go est incontestablement son meilleur produit, issu de sa seconde génération. Etalon efficace sans être un phénomène, Paynter fait toujours la monte à Winstar Farm au tarif de 7500$ seulement, malgré la percée fulgurante de son fils. Celui-ci, entre sa carrière formidable, ses propriétaires atypiques et le destin quasi-tragique de son père fait figure d'ovni du dirt américain, mais tout de même sacré comme le meilleur cheval du monde... Chapeau !

 

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