L'âge d'or de No Risk At All : qui est le Golden Boy de l'obstacle français ?

10/02/2022 - Zoom Etalon
A égalité avec Saint des Saints dans notre classement des étalons d'obstacle stationnés en France, No Risk At All connaît un vrai âge d'or, avec encore 2 bons vainqueurs hier. Après une année 2021 exceptionnelle sur les rings comme en piste, l'alezan s'affirme de plus en plus comme un pilier de l'obstacle français. Essayons de décrypter les raisons de la gloire... 

No Risk At All au coeur d'un âge d'or

 

Il y a les vieux rois, et leurs successeurs. Deux purs sauteurs bais qui ont marqué leur temps, Kapgarde et Saint des Saints, mais qui ont passé la vingtaine allègrement. Si leur état de forme est toujours impressionnant, ils ne font évidemment pas partie de la "relève". A 20 ans, Doctor Dino présente un profil très différent, puisqu'il a été un champion en plat avant de réussir dans les deux disciplines. Et puis il y a No Risk At All, qui à 15 ans est le plus jeune sire de ce quatuor magique. Amusant de constater qu'en enlevant les deux "papys", notre étalonnage obstacle est dominé par deux alezans qui ont couru en plat. Voilà qui doit retourner le cerveau des vieux cuirs de l'élevage, et réjouir ceux qui ont des "jaunes" dans les champs. 

A l'aube de sa 10e saison de monte consécutive au Haras de Montaigu, No Risk At All connaît un âge d'or, qui finalement dure depuis l'automne 2019, et son premier gagnant de Gr.1 en obstacle. Sa première génération n'a que 8 ans, et pourtant, l'ami No Risk est devenu une référence européenne, aimé en France et outre-Manche, par les vendeurs, les acheteurs, et les propriétaires/éleveurs. Celui a débuté à 2500 € seulement, et est resté dans des tarifs ultra-accessibles jusqu'à il y a peu réussit tout ce qu'il entreprend. La question, c'est pourquoi ? 

 

No Risk At All en piste, c'était des éclairs de classe, comme dans son Grand Prix de Vichy (aprh)

 

Eclairs de classe et retours flamboyants 

Jean Paul Gallorini avait cette particularité tout au long de sa carrière de faire débuter ses jeunes chevaux en plat avant de les envoyer à l'assaut d'Auteuil. C'est ainsi qu'on l'a vu truster les places du Prix Wild Monarch à de nombreuses reprises, sans laisser une miette à ses adversaires. Le génie de l'obstacle a aussi entraîné de bons chevaux de plat, et No Risk At All était son meilleur. Avant de réussir, il faut y croire. C'est comme cela que No Risk At All a ouvert son palmarès directement dans une listed, le Prix Isonomy, pour sa 3e course en un mois, et après deux sorties à priori anecdotiques. Certains seraient passés à réclamer pour moins que ça. D'un poulain né pour sauter, No Risk At All est devenu un profil classique. Il l'a confirmé en remportant l'Omnium II (L.), puis infortuné 2e du Prix de Guiche (Gr.3) alors que son jockey avait perdu sa cravache. Jean Paul Gallorini déclarait à l'époque avec son humour habituel et singulier : "J'ai le choix entre le Jockey Club et un réclamer à Evreux ! ". 

 

 

Et alors que tout son entourage y croyait dur comme fer, No Risk At All s'est blessé dans le Derby français, et a disparu du circuit pendant plus d'un an. Entre temps, sa propriétaire Sylvia Wildenstein est décédée, laissant un empire, mais aussi quelques galères administratives. No Risk At All est réapparu en novembre de ses 4 ans, paré de la casaque de JPG himself, et monté par un petit jeune nommé Gaétan Masure... et il gagne une nouvelle listed. A 5 ans, No Risk At All enchaîne les bonnes performances, comme cette ligne droite ahurissante dans le Prix d'Ispahan, non loin des champions Cirrus des Aigles et Golden Lilac. Ses envolées dans La Coupe (Gr.3) et le Grand Prix de Vichy (Gr.3) font rêver son entourage d'Arc de Triomphe, car No Risk At All est plus fort que jamais. Mais une nouvelle blessure l'enverra directement au Haras. Aujourd'hui, il leur donne raison d'y avoir cru durant toutes ces années ! 

 

Première visite de Jean Paul Gallorini à son champion à Montaigu, en 2013 à la Route des Etalons. Assez prémonitoire !

 

La réussite, c'est de famille 

Son père My Risk a été un étalon tout à fait remarquable. No Risk At All est son meilleur cheval de plat, mais il a aussi donné le champion d'obstacle Sire de Grugy, et le quasi survivant Bon Augure, qui a été un très bon d'Auteuil. Et du côté maternel, No Risk At All appartient sans doute à la plus puissante famille d'obstacle du moment, de par sa vivacité. La matronne Wildenstein Newness, qui a passé la majeure partie de sa vie de poulinière à Victot chez Roland Monnier, a été un vrai moule à champions. Sur ses 12 produits, 10 sont allés aux courses, 9 ont gagné, et toujours plus d'une fois. 6 sont black-types, et 5 vainqueurs de caractères gras. Newness a été exclusivement croisée à des étalons qui avaient performé en plat, et a ainsi donné des éléments polyvalents, avec beaucoup de précocité dans leurs registres. 

My Risk avec Roland Monnier, qui a veillé pendant longtemps à la destinée de Newness et été l'étalonnier de Nickname

 

Sa première championne N'Avoue Jamais a gagné 3 fois à 3 ans à Auteuil, dont le Prix de Chambly. Elle y devançait alors une de ses lointaines cousines Nile Bonheur, future grand-mère de Docteur de Ballon... et oui c'est aussi la même famille ! A 4 ans, la demoiselle s'est imposée dans le Prix Alain du Breil. Le petit frère par Linamix, Nom d'une Pipe, a fait l'arrivée d'un Wild Monarch et du Cambacérès, avant de remporter 2 groupes sur les haies d'Auteuil avec l'âge. On connaît aussi Nom de D'là, cheval à la carrière étonnante, devenu aujourd'hui un étalon rare mais efficace. Il s'est révélé avec l'âge, mais a réussi quelques exploits comme celui de remporter 2 gros handicaps en haies et steeple à 7 jours d'intervalle à Auteuil. Il a vaincu à 8 ans dans le Grand Steeple de Cagnes. 

 

Nickname avec "JPG", Thierry Majorcryk et Sylvia Wildenstein 

Le plus grand de cette fratrie a été Nickname. Fils de Lost World, il a enlevé le Wild Monarch de 6 longueurs, avant de gagner son premier groupe à Enghien en fin de saison. Le champion a ensuite gagné une kyrielle de groupes sur les haies d'Auteuil, dont le Alain du Breil (Gr.1) et le Renaud du Vivier (Gr.1). De manière tout à fait atypique, il est parti en Irlande à la fin de son année de 5 ans, et est revenu directement en steeple sous la coupe de Martin Brassil un an et demi plus tard. En 15 sorties en steeple, il a gagné 9 fois, dont 1 Gr.1 à Leopardstown. Son destin d'étalon à Victot a été très court, puisqu'il est mort au bout de 3 saisons de monte. Malgré ce court passage dans les rangs des princes charmants, il a sorti plein de champions comme Frodon, As d'Estruval, Le Mercurey, Cyrname, Royale Flag ou encore Corscia, et s'affirme comme père de mères, notamment avec Bravemansgame. Sacré destin !. 

La famille et ses nombreuses branches sont toujours très vivaces, avec les Messagère, Paradiso, Docteur de Ballon ou encore Politologue. Ils ont tous cette particularité d'avoir un gêne sauteur ancré très profondément, mais aussi et surtout une capacité d'accélération hors-norme. En croisant cette souche avec des étalons de plat, on a fait de toute cette bande de cousins des précurseurs de l'obstacle moderne, où il faut tenir la distance mais aussi savoir sprinter après la dernière haie. No Risk At All transmet toutes ses qualités, avec le modèle en plus, l'une des clés de son succès sportif, et commercial. 

 

No Risk At All avec Aliette Forien au Haras de Montaigu 

 

Les raisons d'un succès sportif : longévité, régularité et une première génération hors norme 

No Risk At All a eu 5 générations de 3 ans en piste jusqu'ici, la 6e arrivant cette année. Il a déjà toujours sailli des books de juments conséquents et qualiteux, ce qui évidemment ne complique pas son ascension. Encore faut-il être capable de s'affirmer par ses résultats, car le nombre ne fait pas tout, et peut même s'avérer être à double tranchant quand le succès n'est pas immédiat. La première fournée de No Risk At All, âgée de 8 ans désormais, a été un cru exceptionnel. Zarisk, Royale Maria Has, Highway To Hell, Gumball, Shekidame, Tenerife Sea, sont tous des vainqueurs black-types nés de cette génération 2014. Premier vainqueur à Auteuil de No Risk At All dans le Grandak, Ajas a lui aussi duré, jusqu'à devenir un grand du steeple à 7 ans. Et viennent ensuite 3 vainqueurs de Gr.1 : Esprit du Large, Epatante, et Allaho

 

Epatante, une championne en Angleterre après avoir un 1er Gr.1 à son père dans le prix Jacques de Vienne 

 

Ces 3 chevaux ont gagné Gr.1 en Angleterre et Irlande, à plusieurs reprises pour Epatante et Allaho, qui ont brillé au prestigieux festival de Cheltenham dans le Champion Hurdle et le Ryanair Chase. L'âge d'or de No Risk At All et sa portée désormais européenne est intimement lié à la longévité de ces deux chevaux, qui ont encore gagné Gr.1 cet hiver. Les générations suivantes de No Risk At All contiennent au moins un cheval de groupe qui prouve sur la durée. En 2015 est né Folsom Prison, cheval de quinté qui a pris sa place parmi les meilleurs hurdlers français l'an passé à 6 ans. En 2016, c'était l'année de la championne AQPS Gannat, mais aussi du crack italien First Of All, ou encore de l'étonnante Manon des Sources, qui ne cesse de progresser au fil de ses sorties. La génération suivante, qui vient de prendre 5 ans, est celle de la très bonne Starlet du Mesnil, et de Allégorie de Vassy, une jument sur la montante depuis son arrivée chez Willie Mullins avec 2 victoires dont un Gr.3. Chez les petits derniers, qui ont désormais 4 ans, il y a déjà 3 black-types dont La Chenevière, excellente 2e du Bournosienne derrière l'intouchable Hawai du Berlais. 

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Allegorie de Vassy a offert un nouveau groupe à No Risk At All il y a quelques jours en Irlande 

 

Le meilleur est sans doute à venir pour No Risk At All avec ses plus grosses générations, issues de juments bien nées et/ou très performantes pour la plupart. Il a déjà prouvé en tout cas que sa production était capable de vieillir, un immense atout vis à vis du marché anglo-irlandais. C'est finalement à l'image de sa famille. 

 

Et maintenant la suite ? 

2021 a permis à No Risk At All de passer un palier en ce qui concerne son succès commercial. Il a fait un top à 150 000 € à la Derby Sale, la plus fameuse vente de stores, mais aussi 100 000 € à la Vente d'été ARQANA, 82 000 € à la vente de yearlings d'obstacle ARQANA, ou encore 100 000 € à la December NH Sale de Goffs pour un foal. No Risk At All est donc maintenant une référence européenne, qui constitue une opportunité de croisement facile, avec l'assurance d'apporter du gène obstacle et une classe de plat. En parfait étalon des temps modernes, il ne lui manquera plus qu'à réussir en père de mères, voire de pères ! L'avenir s'annonce en tout cas radieux pour ce cheval pas comme les autres, qui se porte qui plus est comme un charme et devient de plus en plus beau. What else ? 

 

Alors No Risk, ça s'annonce pas mal hein ? 

 

 

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