Ascot Champion Day : triomphes français de Graffard, Boudot, The Revenant, Wondeful Tonight, Trueshan et presque Skalletti !

17/10/2020 - Actualités
Grâce aux chevaux de son élevage, mais aussi l'entraineur Françis-Henri Graffard et le jockey Pierre-Charles Boudot, la France a réussi une razzia jamais vue à un tel niveau en Angleterre depuis l'après-guerre et les conquiètes de Boussac. Récit d'une journée de folie chez la Reine d'Angleterre.

Les Rosbifs continuent à nous les briser menues avec leur fichu Brexit, mais leur fantasme de rétablissement de frontière n'ont pas empêché nos "FR" de faire une razzia lors de la grande journée automnale d'Ascot, l'hippodrome de la Reine d'Angleterre. C'est le moment d'en profiter pour fanfaronner... surtout après les humiliations que nous ont infligées les anglais tout au long de l'année dans l'hexagone, notamment cet été à Deauville.

 

 

Trueshan s'envole pour Planteur, Didier Blot et la Mayenne

Le ton est donné dès l'épreuve d'ouverture : le Qipco British Champions Long Distance Cup (Gr.2). De retour dans son excercice favori après un échec dans l'Arc de Triomphe, le crack des marathons Stradivarius sombre tandis que s'envole le hongre de 4 ans Trueshan, né en France, élevé en Mayenne par Didier Blot. C'est un fils de Planteur et il met à l'honneur ce dernier quelques semaines après le départ de Planteur vers le nord de l'Angleterre, où il a été importé par un nouvel investisseur via Richard Venn. Trueshan fait partie de la 1e génération de Planteur, un grand coursier international, qui avait commencé sa carrière au Haras de Bouquetot avant de faire une saison au Haras du Grand Courgeon au Lion d'Angers.

 

Ascot Glory for King as Trueshan Wins Long Distance Cup - BloodHorse
Une promenade de santé pour Trueshan.

 

Trueshan est né alors que sa mère Shao Line (General Holme) avait déjà 18 ans. Sa souche maternelle est solide mais sans black-type proche (voir le pedigree). D'où son tarif modeste à la vente de yearlings Osarus de La Teste en septembre, soit 8000 € à Pagasus (Hervé Barjot) où il était présenté par le Haras de Clairefontaine (Marie-Laure Collet). A noter qu'il était déjà hongre à cet âge. Doué et précoce même s'il dure sur la distance aujourd'hui, il a été revendu 31.000 £ à Highflyer Bloodstock et Alan King, son futur entraineur. Beaucoup plus connu dans le registre de l'obstacle, ce dernier, installé dans la région de Cheltenham, cherche pourtant à faire comprendre qu'il sait aussi entrainer des chevaux de plat et il réussit là un coup marketing de maître dans le cadre ultra-classique d'Ascot, sous la poigne d'Hollie Doyle, femme jockey qui fait sensation. Parti du bas de l'échelle, Trueshan avait gagné un gros handicap à Newmarket à 3 ans, puis une Listed à Haydock en juillet.

 

 

 

Wonderful Tonight : la merveille du plus anglais des lorrains

 

Il y a un entraineur français installé en Angleterre, et il y fait flores ! Né en Lorraine, David Menuisier s'est déjà fait remarquer par plusieurs retours fracassants dans l'hexagone, et il a décroché le graal en gagnant le Prix de Royallieu (Gr.1) la veille de l'Arc 2020 avec Wonderful Tonight. Cette fille de Le Havre, élevée au Haras de Montfort & Préaux par Mathieu Alex et Sylvain Vidal, et dont l'histoire a déjà été contée en détail à l'occasion de son dernier succès (lire l'article) confirme brillamment dans le Qipco British Fillies & Mares Stakes (Gr.1) sur 2400 m.

 


Le Havre avec Mathieu Alex, co éleveur de Wonderful Tonight.

 

Montée cette fois par William Buick qui a pris la place en selle de Tony Piccone, Wonderful Tonight a toujours galopé aux avant-postes, a accéléré la 1e et a maintenu son effort jusqu'au bout pour tenir en respect Dame Malliot (Champs Elysees) et Passion (Galileo), une pensionnaire d'Aidan O'Brien qui a d'ailleurs passé une journée épouvantable.

C'est un grand jour pour son père Le Havre, car Wonderful Tonight lui offre sa 1e victoire d'étalon dans un Gr.1 en Angleterre. Aujourd'hui dauphin officiel de Siyouni parmi les reproducteurs confirmés en France, Le Havre a sailli pas moins de 149 juments à 50.000 € en 2020.


 

The Revenant : nouveau triomphe de Graffard et Boudot à Ascot
 

Un an après le succès de Watch Me dans les Coronation Stakes (Gr.1) pendant le meeting de Royal Ascot, devant une foule en délire dans des tribunes combles, les français Francis-Henri Graffard et Pierre-Charles Boudot ont goûté à nouveau au plaisir de gagner un Gr.1 sur ce site hors norme, mais cette fois dans le désert. Les deux hommes, d'autant plus liés qu'ils ont grandi sur les mêmes terres de Paray-le-Monial dans la Saone-et-Loire, ont cette fois remporté les Queen Elizabeth II Stakes (Gr.1), le meilleur mile de l'automne en Angleterre. 

The Revenant succède au palmarès à certaines superstars tels Dubaï Millennium, Frankel ou Roaring Lion. Monté juste dans le sillage des leaders sous la casaque rouge d'Al Asayl Bloodstock, c'est à dire Cheikh Khalifa bin Zayed Al Nahyan, l’émir d’Abu Dhabi et président des Émirats Arabes Unis, The Revenant a dominé de haute lutte l'animateur Roseman, outsider à 28/1, tandis que le favori Palace Pier a terminé 3e sans jamais avoir fait illusion pour la victoire. Depuis que cette course est devenue un Gr.1, en 1987 (Milligram), la France l'avait remportée 3 fois, en 1993 avec Bigstone, entrainé par Elie Lellouche et monté par Dominique Boeuf sous la casaque Wildenstein, puis en 2014 et 2015 avec les 2 pensionnaires de Freddy Head, Charm Spirit (Olivier Peslier) et Solow (Maxime Guyon).

 


Francis-Henri Graffard, entraineur de the Revenant.

 

Fils de Dubawi, The Revenant est le 3e produit de sa mère Hazel Lavery, une des rares bonnes filles du décevant Excellent Art, lauréate des Saint Simon Stakes (Gr.3). Aujourd'hui âgé de 5 ans, il a débuté sa carrière à 2 ans chez Hugo Palmer en Angleterre, puis a débarqué chez Graffard à Chantilly. Après un an d'absence, il a débuté à la base en gagnant pour sa rentrée à la Roche-Posay, puis a monté les échelons, avec une Listed à Saint-Cloud, le Prix Edmond Blanc (Gr.3), le Badener Meile (Gr.2) et deux fois le Prix Daniel Wildenstein (Gr.2). Dauphin de King of Change l'an dernier dans ces mêmes Queen Elizabeth II Stakes, il décroche enfin son Gr.1 tant mérité.

 

 

Skaletti frôle l'exploit dans les Qipco Champion Stakes (Gr.1)

A 5 ans, le formidable marseillais Skaletti a frôlé l'exploit dans l'épreuve reine de la journée à Ascot, les myhthique Champion Stakes (Gr.1) sur 2000 m. Monté par Pierre-Charles Boudot, le pensionnaire de Jérôme Reynier portant la casaque Seroul a rasé les murs et est parvenu à contenir le retour de l'archi favorite Magical, championne internationale. Mais il restait devant lui ce diable d'Addeybb, toujours aux avant-postes aux côtés du leader Serpentine, le lauréat du Derby d'Epsom. Le quadruple gagnant de groupe en France, récent lauréat de son 2e Prix Dollar (Gr.2), n'a rien pu contre le guerrier de 6 ans Addeybb, un fils de Pivotal entrainé par William Haggas. Ce coursier hors norme, dauphin de Magical dans les Champion Stakes 2019, avait réussi une campagne australienne au printemps en alignant 2 succès de Gr.1 pour ses 2 tentatives dans les Ranvet Stakes à Rosehill et les Longines Queen Elizabeth II Stakes à Randwick.

Skaletti dont l'histoire extraordinaire de la famille a été contée dernièrement (lire l'article) devra encore attendre un peu avant d'enfin offrir à son père Kendargent la 1e victoire de Gr.1 qu'il mérite tant.

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