La plus grande course d'Amérique du Sud pour Soy Carambolo, un fils de Val Royal, un produit Lagardère

17/12/2013 - Chef de race
Un jour du mois d’août 1999, le fils de Royal Academy, Val Royal, remporte le Prix Guillaume d’Ornano pour les couleurs de Jean-Luc Lagardère. Il sera vendu, très peu de temps après, aux USA. C’est à partir de ce jour que la suite de sa carrière prend une autre dimension. Il se retrouve maintenant père du gagnant de l'Arc argentin, tandis qu'il est mort jeune d'une hémorragie interne...  
 
Monté par Juan Carlos Noriego, So Carambolo revient dans les dernières foulées sur Ecologo, le vainqueur du Jockey-Club argentin, qui a longtemps fait figure de vainqueur.
 
 
A Buenos-Aires, ce samedi 14 décembre était l’une des plus belles journées hippiques en Argentine avec 4 courses de Gr.1 dont 3 réservés aux 3 ans et plus sur 3 distances différentes, le sprint, le mile et les 2.400 m. du Gran Premio Carlos Pellegrini, un Arc de Triomphe sud-américain plus âgé que le nôtre. La première édition remonte à 1887 et la France, en tant que pays d’élevage, vient de remporter son énième Grand Prix depuis sa création grâce à un élève de Jean-Luc Lagardère, Val Royal, le père du vainqueur 2013, Soy Carambolo, né d’une mère argentine.
 
Ce dernier a succédé à Going Somewhere (né au Brésil, immigré cette année à Lamorlaye chez David Smaga), un fils de Sulamani (né en Irlande mais assimilé français) que nous avons vu dans notre Arc de Triomphe avant de terminer second de Tac de Boistron dans le Prix Royal-Oak. Pour retrouver trace d’un autre étalon français, père d’un vainqueur d’Arc argentin, il faut remonter à 1981 avec Liloy (un élève Wildenstein, exporté en 1976), puis en 1961 avec un fils d’Argur (un Boussac, né de Djebel). L’élevage Boussac a contribué à deux autres succès, ceux de 1914 et de 1919 (avec Jardy). Le Samaritain (élevage du baron Arthur de Schickler), Val d’Or (le champion d’Edmond Blanc), Zut (un gagnant de Jockey-Club pour le comte Frédéric de Lagrange et père d’un élève de Michel Ephrussi, Athos vainqueur des éditions 1890 et 1892), Acheron (un vainqueur du Prix de la Forêt pour Auguste Lupin) sont les autres pères de vainqueurs, importés de France.
 
 
 
Voir la victoire de Soy Carambolo dans le Carlos Pellegrini, qui s'impose grâce à une accélération impressionnante dans les 200 derniers mètres.
 
 

 

Val Royal, exporté en Californie
 
Sous la responsabilité d’André Fabre, Val Royal va rester invaincu après trois sorties, la première à 2 ans (1998) à Longchamp devançant State Shinto (de la même écurie) et Northerntown (que l’on n’a pas besoin de présenter) avant de s’imposer dans les Prix Matchem (Listed) et de Guiche (Gr.3 sur 1.850 m.). Suite à ce début prometteur, son entourage décide d’aller affronter les anglais à Epsom dans le Derby sur une distance qu’il n’a encore pas abordé. Il faut saluer ce challenge qui n’a été que rarement suivi de performances notables ces dernières années (à l’exception de Pour Moi en 2011, du même entraînement). Ce sera son cas également. Comme évoqué précédemment, le petit-fils de Bikala (un French-Derby winner faisant la monte au Haras du Val Henry) s’imposera ensuite à Deauville dans le Prix Guillaume d’Ornano (un Groupe 2 de plus en plus convoité) puis sera exporté en Californie après avoir été acheté à l’amiable par le courtier Hubert Guy pour David Milch, un new-yorkais, auteur et producteur de cinéma et de télévision sur la côte ouest qui le confie à Julio Canani en Californie.
 
«L’affaire» sera payante immédiatement puisque moins d’un mois plus tard, lors de sa première sortie américaine, il conclut par une victoire dans le Del Mar Derby (un Gr.2 doté de $ 180.000 au vainqueur), monté par Corey Nakatani.
Des problèmes de tendons l’éloigneront des pistes pendant plus d’un an avant son retour triomphal à Belmont dans la Breeders’Cup Mile (monté par José Valdivia Jr) devançant le pensionnaire de Christophe Clément (Fordidden Apple), celui d’Aidan O’Brien (Bach) et l’ancien de Criquette (Irish Prize).
Il finira sa carrière sur la piste en mars 2002 à Nad Al Sheba finissant à la 5e place de la Dubai Duty Free, l’édition de Terre à Terre (Eric Libaud). En avril, ses ennuis de santé ressurgissent et doit être une nouvelle fois arrêté.
 
 
Voir la victoire de Val Royal dans la Breeders'Cup Mile 2001.
 
 
Un shuttle stallion globe-trotter
 
Il est ensuite  vendu à un «partnership» composé de Lionel Cohen et d’Andreas Jacobs (Newsells Park Stud et Gestut Fahrhof) et entre, l’année suivante au haras. En Irlande, tout d’abord (Oak Lodge Stud à Naas) tout en faisant la monte en Afrique du Sud à Odessa Stud (chez Lionel Cohen) et à Maine Chance Stud (un haras tout nouvellement acheté par la famille Jacobs). De 2003 à 2006, il effectue également la monte en Australie (Eliza Park Stud) et en Argentine. En 2007, il change d’herbage et intègre l’effectif du National Stud, à la périphérie de Newmarket, ce qui ne l’empêche pas de faire son métier également au Brésil (au Haras Basano à Sao Paulo) où il décède soudainement d’une hémorragie interne dans son paddock en octobre 2008, âgé de seulement 12 ans.
 
Après 6 années de production, ses produits ont remporté 11 victoires de Gr.1, 13 Gr.2 et 7 Gr.3 aux USA, en Argentine et au Brésil. Son meilleur produit européen reste Cockney Rebel, vainqueur en Angleterre et en Irlande.
 
 
Cockney Rebel, un nouvel arrivant
 
Val Royal est donc décédé depuis 5 ans et il fait encore non seulement la Une en Amérique du Sud mais aussi en France où le Haras de Saint-Arnoult accueille, pour la saison 2014, son fils Cockney Rebel, issu de sa première production. Il est actuellement encore son produit le plus riche sur la piste après avoir fait le doublé 2000 Guinées anglaises et irlandaises
 
Notes :
 
  • David S. Milch avait été, précédemment, le co-propriétaire de Gilded Time (acheté $ 80.000 à 2 ans avec ses associés Jack et son fils Mark Silverman), un vainqueur de la Breeders’Cup Juvenile en 1992 à Gulfstream Park (entraîné par Darrell Vienna et monté par Chris McCarron). Il ne peut, ensuite, honorer son statut de favori du Kentucky Derby, se blessant à pied. Il obtiendra tout de même la 3e place de la Breeders’Cup Sprint l’année suivante, l’édition de Cardmania
  • Il avait également acheté la pouliche Maria Jesse, gagnante en France de 3 Listed dont le Prix de Saint-Cyr à Longchamp. Sous ses couleurs, elle s’est ensuite imposée dans le Santa Ana H. 1989 (Gr.1) devant deux anciennes françaises entraînées par Jean de Roualle, Fieldy (2e Prix Marcel Boussac) et la Strauss, Claire Marine
  • Hubert Guy avait acheté pour ce même propriétaire, un certain Astarabad à S.A. Aga Khan. 
  • Royal Academy (Nijinsky), le père de Val Royal, fait également partie du palmarès de la Breeders’Cup Mile, une victoire obtenue en 1990. 
  • La famille maternelle de Val Royal est entrée dans le giron de Jean-Luc Lagardère quand il a acheté pour $ 50.000 aux ventes de Fasig Tipton, la grand-mère yearling, Vadsa (fille de Halo, un étalon très recherché à l’époque), vendue par Edward-Plunket Taylor. Elle est victorieuse en début d’année de 3 ans (1982) à Evry puis troisième, en fin d’année, du Prix Coronation de Play It Safe (la gagnante à 2 ans du Prix Marcel Boussac puis du Prix Imprudence)

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