Saga des Pelat (2/5): Monsieur Georges, franc-parler, accent bien trempé, petits-déjeuners.

23/04/2011 -
Poursuite de la série sur la Saga des Pelat : nous sommes en 1920 et un jeune landais débarque à Maisons-Laffitte, avec une valise en bois et 50 francs en poche. Dix ans plus tard, Monsieur Georges s’installe dans le Parc muni d’une autorisation d’entraîner. Près de 50 ans plus tard, le doyen des entraîneurs en activité à Maisons-Laffitte quitte définitivement la profession. PALMARES COMPLET.



Profession : Jockey

Georges, le fils aîné, donc, entrera dans le métier à 10 ans et 7 mois et débutera comme apprenti-jockey chez Louis de la Vernhe, puis chez le Baron Gasquet à Mont de Marsan. Il débute en course plate le 8 octobre 1911 à Auch avec Libertine IV pour L. de la Vernhe au poids de 42 kilos. Au retour de sa mobilisation qui durera 4 ans, il "monte" à Paris le 20 mars 1920, embauché, 62, avenue de St-Germain (en ville), par Jean-Baptiste Bourdalé (l’ancien jockey de Charles Defeyer) et décroche sa première victoire en obstacles dès l’année suivante. Un accident survenu en course met fin à sa carrière de jockey.

 

Georges Pelat



Profession : Entraîneur (de 1930 à 1979)

Très vite, il devient l’assistant de son patron. Un des grands propriétaires de l'écurie, François Chipault, lui donne sa chance en le pressant de prendre la succession de Bourdalé dont la santé ne cesse de décliner, même si ce dernier remporte encore 24 succès en obstacles en 1930. C’est l’année durant laquelle, il prend sa licence et s’installe dans un premier temps, avenue Jean Goujon.

Premier succès en plat : Radoterie le 14 novembre 1930 à St-Cloud.
Premier succès en obstacles : Aurore Boréale, le 14 octobre 1930 à Enghien.

 

Prix de l'Arc de Triomphe 1957. Entrainée par Georges Pelat, Denisy termine 2e à 45/1 du gros outsider  Oroso (57/1)




Dès la saison suivante, il remporte le Prix Montgomery avec Clarimus, propriété de François Chipaut, monté par son beau-frère Henri Cames (qui avait épousé Marguerite). Il récidivera dans cette même épreuve en 1934, année durant laquelle, il remporte, en plat, le Prix Gladiateur (Gr.2) avec Convenio, monté par son frère Noël (âgé de 17 ans) et décroche, en obstacles, son premier titre avec 70 victoires devant Joseph Ginzbourg et Charles Bariller (le futur beau-père de Noël). Il récidivera les deux années suivantes. L’année 1935 sera la plus prolifique, en termes de victoires, avec 102 succès en obstacles et 25 en plat.

Sur un coup de tête, suite à un différent avec les dirigeants des sociétés de courses, ou du fait d’une sinusite chronique " qui me faisait atrocement souffrir à me rendre fou" (sic, Monsieur Georges dans un entretien autour d’une bonne table en 1974), il interrompt sa carrière en août 1937 et rentre au pays. Il est de retour, un peu plus tard, pour seller son premier classique, Pactole, vainqueur à Longchamp de la Poule d’Essai des Poulains. C’est à cette époque que son père, Jean, viendra, des Landes, pour lui donner un coup de main.

 

Santo Pietro aligne 12 victoires consécutives



Malgré sa victoire dans le Washington D.C. de Laurel Park avec Master Boing en 1956, sa seconde place de l’Arc de Triomphe 1957 avec la pouliche Denisy (notes), ses succès dans le Grand Prix de Saint-Cloud (Medium), Morny (Oceanic), Poule d’Essai (Pactole qui prendra aussi la 3e place du Jockey-Club), son palmarès est plus conséquent en obstacles :

Tête de Liste des Entraîneurs d’obstacles : 1934, 1935, 1936, 1963, 1971, 1973, 1978. 

Grand Steeple-Chase de Paris (3) avec Potentate (élevé par Lord Derby et monté par son frère Noël, âgé de 19 ans), de Air Landais, le bien nommé et de Bonosnap, monté par Guy Chancelier (aussi performant en obstacles qu’en plat).

Grande Course de Haies d’Auteuil (5) dont celle de 1979 avec Païute (pour les couleurs Wildenstein) devant un autre de ses pensionnaires, El Condor. Ce classique sera la dernière grande victoire de maître Georges. (Paiute remportera cette même course l’année suivante sous la responsabilité de Jack-Hubert Barbe), celle de Santo Pietro (notes)

La Haye-Jousselin (3) dont celle de Great Mist pour Mme Léon Volterra, l’année précédent son décès.

Grand Prix d’Automne (1) : celui de 1966, avec Rivoli, le premier "demi-sang" à remporter une épreuve phare d’Auteuil, qui s’imposera également dans le Prix Maurice Gillois 1965.

Gran Premio di Merano (2) avec Bonosnap et Mister Magoo (monté par Pierre Costes et appartenant à A.E. Lombard).

 

Vieux Landais (Pierre Costes), élevé par Monsieur Georges en personne



Principaux propriétaires : vainqueurs d’épreuves principales :

- Mme Marie-Claire Frolich (Chevronnée blanc et orange, manches orange, toque blanche)
Sa compagne, qui associée à Daniel Wildenstein, s’est emparée du Grand Steeple-Chase de Paris 1975 avec Air Landais, (élevé par Georges), monté par Patrick Beyer, un des apprentis de Georges.

- Daniel Wildenstein (Bleue, toque bleu-clair)
(14 fois Tête de Liste des propriétaires en obstacles) : vainqueur de la Grande Course     de Haies d’Auteuil (Top Gear et Païute, ce dernier l’emportera une seconde fois, mais entraîné par J.H. Barbe), Prix Maurice Gillois (Regency Rake), Ferdinand Dufaure (Incantado)…Air Landais. Païute remportera la Coupe d’Or (le GNT de l’obstacle) et il a la particularité d’avoir changé d’entraîneur à maintes reprises (G. Pelat, Jack H. Barbe, P. Rago, P. Biancone et J.P. Gallorini).

- André Lombard et son fils, André-Emile (Orange, croix de St-André blanche, t. orange)
(5 fois Tête de Liste en obstacles) : Medium (Grand Prix de Saint-Cloud), Pactole Poule d’Essai), Point Bleu (Maurice Gillois), Sire Gregoire (Cambacérès), Mister Magoo (Gran Premio di Merano), Santo Pietro, le crack. Master Boing courrait sous les couleurs de Mme A.E. Lombard (Blanche, croix de St-André orange, t. blanche).

 

Marie-Claire Frolich, sa fidèle épouse



- Noël Biron (Verte, ceinture, brassards et toque marron)
Important industriel lyonnais décédé en 1972. Propriétaire du premier demi-sang vainqueur d’épreuves principales à Auteuil (qui a fait polémique par la suite !) Rivoli, lauréat du Prix Maurice Gillois, du Grand Prix d’Automne, Grande Course de Haies d’Auteuil, monté par Gérard Philippeau. Noël Biron a été 5 fois Tête de Liste des propriétaires en obstacles (1962, 1963, 1967, 1970 et 1971).

- Roger Saint (Bleu-clair, ceinture violette, toque bleu-clair)
Membre du Comité de la Société d’Encouragement. Président Directeur Général des Etablissements Saint Frères (bâches, tentes et sacs). Propriétaire de Denisy (2e du Prix de l’Arc de Triomphe).

- Mme Léon Volterra (Cerclée blanc et rouge, manches et toque blanches)
Gagnante du Prix La Haye-Jousselin avec Great Mist, monté par Martin Blackshaw.

- Antonin Mourrut (Cerclée blanc et orange, manches et toque orange)
Propriétaire de Bonosnap : doublé Ferdinand Dufaure et Maurice Gillois (monté par Jacques Fabre), le Grand Steeple-Chase de Paris (G. Chancelier), les Drags et le Gran Premio di Merano (Paul Péraldi)

- Michel Benhamou (Mr) (Rouge, une étoile noire, m. rouges, étoiles et toque noires) et (Mme) (Noire, une étoile rouge, m. noires, étoiles et toque rouges).
Têtes de Liste des propriétaires en obstacles en 1978, second en 1979 et 3e en 1976 et 1977 (Fiasquito, Fine Danse, Furdanne, la dernière gagnante du "Président" avant le succès de La Segnora dimanche dernier.

 

Georges Pelat félicité par le Président Renaud du Vivier après une victoire d'Air Landais



- Mlle Paulette Hunaut (Blanche, étoiles noires, toque verte) et le Vte Pierre de la Grandière (Cerclée bleu, blanc, rouge, toque rouge) a permis à Georges de remporter son seul succès de Gr.1 pour 2 ans Oceanic (Morny 1958)

- lui-même (Orange, bretelles et toque blanches)
Vainqueur "chez lui" du Grand Prix de Pau 1949 avec Chambranle, monté par Léon Gaumondy en 1949 et du Grand Steeple-Chase d’Enghien 1969 avec Vieux Landais !

Dernières victoires en plat : 3 victoires dont celle de Black Angel dans le Prix de Grisy (2 ans, inédits), le 6 juillet 1979 à Maisons-Laffitte (chez lui) devant Grandak (pensionnaire de Noël). Black Angel finira, lors de sa sortie suivante, 4e du Prix Robert Papin (encore Gr.1) et Grandak, 3e du Prix Noailles à 3 ans. Egalement dernière victoire à Longchamp, dans le Prix de la Reine Marguerite avec El Condor le 6 mai. Ce dernier terminera second de Païute (du même entraînement) dans la Grande Course de Haies d’Auteuil, le 17 juin suivant.

 

Paiute offrira son dernier grand succès à Georges Pelat



Dernières victoires en obstacles : Auteuil et Clairefontaine
-à Auteuil, Païute, Zagliara (22 juin Prix du Défilé), Paico (25 juin Prix Auguste du Bos) et Svinesund (arrivée 1ère sur la piste, mais rétrogradé au profit d’un certain demi-sang, Isopani, vainqueur deux ans plus tard du Grand Steeple).
-à Clairefontaine, Boudeuse et L’Avenir (29 juillet), Lord Cyrilou (3 août).

Dernière victoire de Groupe : Païute dans la Grande Course de Haies d’Auteuil 1979 devant son compagnon de box, El Condor (notes)

Chacun avait sa chance et Georges l’a donnée à une multitude d’apprentis ou de jockeys confirmés tels que les talenteux Marcel Lollierou (vainqueur avec Nikellora de la Poule d’Essai, des Prix de Diane et Vermeille pour René en 1945), Noël Pelat (son frère), Jacques Fabre, Fernand Thirion (apprenti chez Lucien Delfarguiel et tête de Liste en 1947 et 1949), Jean-Pierre Perruchot (passé ensuite chez René Picque), Patrick Beyer, Jacques Le Deunf et ceux "nés et élevés" au sud de la Garonne, Jean Linxe (maître d’apprentissage, René), Alain Grimaux, Pierre Costes….

 

Une photo d'époque : Nid d'Abeilles, l'arrière grand-mère de Rivoli, le premier 1/2 sang à remporter une grande course à Auteuil



A ses moments perdus (il n’y en avait pas beaucoup) il se retirait au pays, notamment pour les célèbres fêtes de la Madeleine et pour déguster le foie gras et l’omelette aux cèpes. Il terminait le repas par un bon cigare accompagné d’un armagnac issu de ses terres de Subehargues (tiens donc, c’est un nom qui me dit quelque chose à Auteuil ; fils de Mansonnien, il a été élevé par son frère Noël). Outre sa passion pour la bonne chère, il était également féru de corridas et de rugby. Il a d’ailleurs participé avec son frère Noël au lancement de la Section Rugby de Maisons-Laffitte en 1965. N’avait-il pas dans ses boxes un gagnant de La Barka, nommé Boniface, élevé par un autre personnage du Sud-Ouest, Anatole Saint-Jean ?

Il terminera sa vie aux côtés de Marie-Claire Frolich dont les parents avaient acquis, en son temps, un fameux restaurant du Parc, la Vieille Fontaine. Marie-Claire avait donné naissance à Patrick Bidoux, assistant de Georges et qui prendra aussi sa licence en 1972.
 

En vrai homme du sud-ouest, Georges Pelat avait 2 grands passions : la corrida et le rugby !



Notes
- Santo Pietro, qui pour l’anecdote, sera, pendant 40 ans, détenteur du plus grand nombre de victoires consécutives, 12 ; Big Buck’s vient de rejoindre son score.

- Denisy (élevée par Roger Saint et John Cunnington) est, non seulement 2e de l’Arc, mais aussi gagnante du Prix de Malleret, de la Nonette, 2e du Prix Vermeille, du Grand Prix de Saint-Cloud. Elle est la mère de Dourdan, d’où Dunphy, Devalois…

- Païute, dans la Grande Course de Haies de Printemps 1980 doit concéder la victoire à Hasty Flag entraîné par Noël Pelat. Hasty Flag (fils d’Herbager) est la propriété de Françoise Quoirez (Sagan).


" Les chevaux parlent, il suffit de les écouter" (sic), mais en ce 19 septembre 1979, le doyen des entraîneurs n’écoutera plus ses amis de toujours.

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