Golden Horn, un phénomène sous-coté au haras, refait surface grâce à Botanik

09/08/2022 - Zoom Etalon
En s’imposant dimanche à Deauville dans le Prix de Reux (Gr.3), Botanik est devenu le deuxième gagnant de Groupe issu de Golden Horn. Véritable champion en piste, ce dernier a malheureusement perdu beaucoup de sa popularité au haras … Retour sur le parcours d'un cheval pas comme les autres. 
Le magnifique Golden Horn, un étalon sous-coté
 
Sous la férule du maître John Gosden, Golden Horn (Cape Cross) a été un compétiteur absolument phénoménal. Gagnant lors de son unique sortie à 2 ans en Angleterre, il a signé quatre succès supplémentaires de suite l’année suivante, dont le Derby d’Epsom et les Eclipse Stakes (Grs.1) par sept longueurs cumulées ! Battu d’un rien à la surprise générale par la jument Arabian Queen dans les International Stakes (Gr.1), le champion d’Anthony Oppenheimer avait remis les pendules à l’heure trois semaines plus tard dans les Irish Champion Stakes (Gr.1). Supplémenté comme pour le Derby dans le Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.1), il avait donné raison à son entourage en triomphant de toute une classe, deux longueurs devant Flintshire, New Bay et la double tenante du titre, Trêve. Depuis le doublé Derby d’Epsom/Arc de Sea Bird en 1965, seulement six chevaux ont réussi à imiter le crack d’Étienne Pollet la même année : Mill Reef (1971), Lammtarra (1995), Sinndar (2000), Sea the Stars (2009), Workforce (2010) et Golden Horn (2015). Golden Horn a même réussi à entrer dans un cercle deux fois plus fermé : il est l’un des seuls chevaux à avoir gagné à la fois le Derby d’Epsom, les Eclipse Stakes et l’Arc, avec Mill Reef et Sea the Stars ! Son jockey, Frankie Dettori, avait déclaré après l’Arc : « C’est le meilleur cheval que j’ai monté. » Mais c’était avant de connaître Enable … Golden Horn n’a recouru qu’une fois après son sacre à Longchamp - terminant proche deuxième de la Breeders’ Cup Turf (Gr.1) de Found - et a entamé sa nouvelle carrière d’étalon à Dalham Hall Stud en 2016, Darley s’étant associé avec Anthony Oppenheimer.
 
Golden Horn lors de sa victoire dans l’Arc, sous la selle d’un Frankie Dettori extatique © APRH
 
Proposé à 60.000 livres durant ses trois premières saisons de monte, et logiquement très utilisé avec une jumenterie triée sur le volet, Golden Horn a donné lors de sa première génération de 99 foals la précoce West End Girl. Cette dernière lui apportera sa première victoire en tant qu’étalon, le 5 juillet 2019 à Haydock, mais aussi sa première victoire de Groupe dans les Sweet Solera Stakes (Gr.3) à Newmarket, le 10 août 2019. Un beau début de carrière qui s’est malheureusement avéré n’être qu’un feu de paille … Issu de la deuxième génération de l’étalon, Botanik dévoila de gros moyens à 2 ans en échouant d’une courte encolure seulement dans le Critérium de Saint-Cloud (Gr.1). Il faudra cependant attendre presque un an avant de le revoir en compétition, et à peu près autant de temps avant qu’il ne gagne son Groupe … Et pendant ce temps-là, Golden Horn a vu son tarif de saillie dégringoler. Passé à 50.000 livres en 2019, il est descendu à 40.000 l’année suivante, puis à 20.000 en 2021 … et enfin à 10.000 cette année. Le champion a un très bon ratio de gagnants mais seulement 28 black types en plat en cinq générations, dont deux gagnants de Groupe et neuf lauréats de Listed : pas suffisant pour être conservé par Darley et Anthony Oppenheimer, qui ont décidé récemment de s’en séparer. Golden Horn a en effet été vendu à l’éleveur-propriétaire Jayne McGivern (Dash Grange Stud) par le biais de Richard Brown (Blandford Bloodstock), et fera la monte l’an prochain dans le Gloucestershire à Overbury Stud. Pour l’anecdote, ce haras abrite cinq autres étalons dont le double vainqueur de Gr.1 Jack Hobbs, qui n’avait trouvé que Golden Horn pour lui barrer la route dans le Derby et les Dante Stakes (Gr.2) !
 
Botanik, gagnant du Prix de Reux © APRH
 
Doté d’un profil mixte, Golden Horn pourrait bien trouver un second souffle grâce à sa production de sauteurs (23 partants individuels sur les obstacles anglo-irlandais, pour 21 gagnants ou placés !). Il a donné un gagnant de Groupe en obstacle en début d’année avec Stag Horn (Ballymore Leamington Novices’ Hurdle, Gr.2 à Warwick). On lui doit 12 autres vainqueurs dont First Street, gagnant de trois courses sur les claies et deuxième entre autres du County Handicap Hurdle (Gr.3) à Cheltenham, Trapista, lauréate pour ses débuts en haies à Angers avant d’être exportée en Angleterre, où elle a gagné d’emblée, ou encore Byzantine Empire, vainqueur de trois courses sur les claies et invaincu sur les fences en deux tentatives. Une réussite qui n’a rien d’étonnant, car Golden Horn a de qui tenir : son père, Cape Cross (Green Desert) et son père de mère, Dubaï Destination (Kingmambo), ont tous les deux produit plusieurs lauréats de Gr.1 sur les obstacles. Avec Golden Horn, Overbury Stud tient peut-être son nouveau Kayf Tara !
 
Stag Horn, le premier gagnant de Groupe en obstacle de Golden Horn © David Pratt

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