Le Havre: son port, son patrimoine, son cheval

08/06/2009 - Zoom Etalon
Ville étrange, grand port où sont nées tant d'aventures, Le Havre a donné donné son nom et son exotisme au meilleur 3 ans français, dernier vainqueur du Prix du Jockey-Club (Gr.1).  



Le hasard est malicieux. Il fait briller un jour d'élections européennes un cheval qui représente parfaitement l'absence de frontières dont bénéficie depuis toujours le monde des courses. La ville du Havre a été littéralement rasée par les bombardements d'une guerre qui a déchiré l'Europe entre 1939 et 1945. Le cheval conçu Outre-Manche, est né d'un couple franco-allemand, avec un zeste de Scandinavie et des ramifications américaines, britanniques et même indiennes...

Le Havre a été acheté pour 100.000 € par Jean-Claude Rouget, dit l'oeil de lynx, pour le compte de Gérard Augustin-Normand, qui est normand...Entraîné à Pau, Le Havre est né en Irlande mais a été assimilé français dès lors qu'il a été élevé au Haras de Coulonces, par la jeune et active suédoise (blonde au yeux bleux) Anna Sundström.

 

Le Havre



Son père est étalon en Inde!


Il remet son père au goût du jour, alors que celui-ci est désormais installé étalon...en Inde. Jeune frère du crack Arazi, Noverre possédait un physique attachant, petit, très épais, avec une large liste en tête qui faisait penser à "mon petit poney", version très rapide. Diqualifié  pour contrôle positif de la Poule d'Essai des Poulains, Noverre a pris un nombre incalculable d'accessits de Gr.1, dont la mémorable 2e place des Queen Elizabeth II Stakes derrière son leader Summoner...

Suivant la voie de son frère ainé, Noverre n'avait guère brillé pour l'instant au haras, avec seulement 2 gagnants de Groupe outre Le Havre. Mais aujourd'hui, nos amis indiens du haras Sohna ont du faire une nouvelle incantation à Ganesh, dieu local de la chance, car la victoire de Le Havre est une aubaine formidable.

 

Surako

 


Son grand-père mort en Pologne...


Le père de mère de Le Havre n'a guère marqué les mémoires non plus. C'est pourtant un fils du chef de race germanique Konigssthul, le père de Monsun mais aussi de Lavirco. Etalon à succès en France, ce dernier fut le grand rival de Surako durant l'année 1996 outre-rhin. Surako a battu Lavirco dans un Gr.3 sur 1800 mais Lavirco a pris sa revanche dans la dernière préparatoire au Derby et dans le Derby lui-même. Surako a été installé au haras de Rheinberg, rencontrant donc sur place Marie d'Argonne, la grand-mère de Le Havre. Dénué de production notable, Surako a été vendu en Pologne et est mort dans l'oubli à 14 ans en 2007.

 

François Mathet

 


L'héritage de François Mathet


Les souches allemandes, longtemps méprisées, ont bénéficié de convoitises soudaines sur les rings internationaux, notamment celui de Deauville et Le Havre enfonce encore le clou. Sa mère Marie Rheinberg, appartenant aujourd'hui à Anna Sundström, est née en Allemagne mais provient bel et bien de l'élevage de François Mathet. Le grand entraîneur voit donc 27 ans après sa mort durant l'hiver 82-83, son oeuvre d'élevage récompensée à titre posthume, tandis qu'il avait déjà marqué l'obstacle français avec le chef de race Dom Pasquini.

Soeur cadette de l'excellente Marie de Litz (Dictus), Marie d'Argonne, née en 1981 s'est élevée au niveau classique en France chez David Smaga puis aux Etats-Unis, où elle est tout d'abord restée poulinière et a donné le brillant sprinter Polar Falcon des suites de sa rencontre avec Nureyev. Marie d'Argonne n'a pu répété ensuite. Revenue en Irlande, elle a débarqué en Allemagne en 2000 pour y donner son dernier produit connu, Marie Rheinberg, en 2002 à l'âge de 21 ans, en même temps que son petit-fils Conflict commençait en briller au meilleur niveau à Dubaï.

 

Anna Sundström

 


Entre temps, Polar Falcon a tracé au haras, même s'il est mort jeune à 14 ans, notamment à travers son très convoité fils Pivotal, dont la saillie coute aujourd'hui pas moins de 65.000 £ à Cheveley Park Stud à Newmarket.


Fille de vieille, fils de jeune

Le Havre est le 1e produit de Marie Rheinberg, qui était elle issue d'une jument âgée. Sans pouvoir l'exploiter, Marie Rheinberg a donc transmis à son fils un potentiel génétique enfoui en elle. L'apport du père n'est pas évident, vu que pour l'instant rien n'indique qu'il soit améliorateur. Mais il a sans doute fourni son goût inné de la compétition et du combat à une vieille souche aristocrate qui avait quelque peu pris la poussière depuis plus de 15 ans, et Jean-Claude Rouget a fait le reste.

 

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