Saint des Saints et les cuisses de la Goulue

09/05/2012 - Zoom Etalon
C'est le mot magique pour vendre un poulain en Angleterre : Saint des Saints. Lui qui a été fabriqué par une drôle d'idée et une jument a priori fatiguée est devenu porteur de marché et d'espoir.

C'est sûr que les anglais l'adorent, surtout grâce aux résultats de ses produits ces derniers mois dans les Gr.1 Outre-Manche (Quel Esprit, Quito de la Roque) mais aussi de Salut Flo qui s'est imposé dans un Gr.3 à Cheltenham en 2012. Sa cote est au plus haut et il fait partie du clan des "gros noirs" qui excite le rosbeef rien qu'à l'évocation de son nom et font s'écarter les côtés des portefeuilles plein de pounds aussi promptement que les cuisses de la goulue face à Toulouse Lautrec.

 

Saint des Saints sous la selle de Benoit Gicquel portant la casaque de Jacques Détré.


Agé aujourd'hui de 14 ans, Saint des Saints atteint son apogée en tant qu'étalon d'obstacle. Non seulement cet hiver a été le plus faste de toute sa carrière sur les obstacles outre-manche, mais il marche sur l'eau à Auteuil ce printemps. Bien sûr, Saint des Saints avait déjà donné Synaptique, Monpilou, Santa Bamba (des "Détré"), ainsi que Saint Macaire, un "Papot". Mais ces dernières semaines, après avoir écrasé le meeting de Cagnes (lire l'article), puis dominé celui de Pau (lire l'article) et enfin le classement du 1e trimestre pour les "black-type" (lire l'article), non seulement Saint Macaire s'annonce comme un futur champion du cross, mais sur la Butte Mortemart, Saint des Saints vient de remporter avec Overlord la Grande Course de Haies de Printemps, le plus gros handicap de l'année sur les haies, un Gr.3 offrant près de 70.000 € au lauréat. Par ailleurs, Chavoy a conclu 2e du Prix Saint-Sauveur (Listed), le même jour.

 

Saint des Saints, au Haras d'Etreham en 2011.



Premier champion portant les couleurs de Jacques Détré, et aussi l'un des premières étoiles du Haras de Saint-Voir depuis sa prise en main par Nicolas de Lageneste, Saint des Saints a aligné 4 victoires de Groupe chez Guillaume Macaire sur les haies à 4 ans à Auteuil en 2002.

 

Fils de Saint des Saints, Overlord remporte la Grande Course de Haies de Printemps (Gr.3). Il a été co élévé par Anne et Baudouin de la Motte Saint-Pierre au Haras du Pley.

 

Passé de 32 à 125 juments saillies en une seule saison !



Entré étalon au Haras d'Etreham, placé alors dans sa succursale du Haras de la Tuilerie, Saint des Saints a démarré sa carrière en 2003 à un tarif relativement élevé eu égard aux gammes habituelles des étalons d'obstacle, à 4500 €. Il n'a pas tant sailli en nombre. Sa saison la plus difficile, la 4e en 2006 alors que ses 1e produits avait 2 ans, Saint des Saints n'a sailli que 32 juments. Mais dès lors que ses 1e partants sont apparus en piste, en 2007, il a remonté très vite la pente et doit désormais gérer l'abondance. En 2008, il est ainsi passé de 32 à 125 juments saillies ! Mais comme ce n'est pas un fou du sexe, il a quelque peu tiré la langue pour faire honneur à tous les candidates à la bagatelle. Pour réfréner leurs ardeurs, son tarif a été porté à 6000 € en 2009 et la demande a été "limitée" à 94 juments. Ramené ensuite à 4000 €, conséquence de la crise, Saint des Saints est de nouveau submergé de demande. 85 juments en 2010, 93 en 2011...il sailli encore beaucoup ce printemps et sera très probablement limité en nombre et augmenté en prix l'année prochaine.

 

Voir la vidéo de Saint des Saints au Haras d'Etreham.



Tout n'est pas si facile (tout ne tient qu'à son style...)


Ainsi parlait NTM, duo philosophique moderne. Tout ce qui paraît aujourd'hui évident ne l'était tant que ça avant sa naissance. En effet, Saint des Saints est issu d'une poulinière purement de plat, Chamisène (Pharly), gagnante des Prix de Sandringham (Gr.3) et de Malleret (Gr.3) pour le Comte de Lastours. C'est une soeur de Lou Piguet, 2e du Prix de la Forêt mais étalon sans intérêt particulier, et de Le Balafré, gagnant du Prix Jean Prat (Gr.1) et bon étalon national. Nicolas de Lageneste a récupéré cette poulinière au milieu des années 90, lorsqu'il s'est installé, alors qu'elle  n'avait non seulement rien produit de très bon mais surtout presque rien donné en nombre. Alors qu'elle avait eu un trou de production de 5 années entre 1986 et 1991, elle est était de nouveau restée vide depuis 1993 lorsque Nicolas de Lageneste a tenté sa chance. Il l'a tout d'abord emmené en Allemagne, à Lavirco à ses débuts, mais en vain, puis a fait un essai avec Cadoudal. C'était un changement radical de politique d'étalon sur la jument, alors âgée de 17 ans. On connaît le résultat.

A noter que Nicolas de Lageneste a eu un ultime produit avec Chamisène par Kendor nommé Sacro Saint. Accidenté avant de débuter, ce dernier a été placé étalon inédit.

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