Territories enlève le Jean Prat : Pantall a bien connu la grand-mère !

13/07/2015 - Grand Destin
Henri-Alex Pantall aurait bien joué Hannibal de l'Agence Tout Risques. Il est appelé pour sauver les meubles dans les situations désespérées, surtout pour les gens fortunés. Dans ces "fonds de tiroirs", il a su dénicher des perles, devenus ensuite des matrones comme Magna Graecia, la grand-mère de Territories qui a gagné le Prix Jean Prat 2015 sous l'entrainement...d'André Fabre. Par Arnaud Poirier

Doté d'un modèle splendire, Territories remporte le Prix Jean Prat sous la selle de Mickaël Barzalona, en devançant l'anglais Dutch Connection. (photo APRH)

Samedi 11 juillet à l'heure du dîner, soit moins de 24 heures avant le victoire de Territories à Chantilly, Henri-Alex Pantall voit son nouveau pensionnaire Vaudemont remporter très facilement un réclamer au Lion d'Angers. Magnifiquement né, ce fils de Cape Cross et Cicerole (triple gagnante de Listed), lui a été envoyé récemment par Edouard de Rothschild car il enchaînait les échecs chez Fabre. Gras comme un moine, manifestement très caractériel, il a retrouvé de la motivation avec des oeillères. Voilà des années que Pantall, l'un des meilleurs entraineurs de France, bien installé à Beaupreau sans jamais avoir voulu partir pour Paris, joue ce rôle étrange de "sauveteur", notamment pour certains des plus grands élevages mondiaux qui lui confient les derniers lots de pouliches, les ratées à la base, dans l'objectif de sauver celles qui seraient capables de gagner une course, et donc de les valoriser eu égard à leur grand pédigrée.

Parmi celles-ci, dans les paquets de moches et d'hystériques, peuvent se trouvent des diamants bien cachés dont l'entraineur parviendrait à faire briller l'éclat. C'est ainsi à la période "Abdullah" dans les années 90, Pantall avait eu Hasili, double gagnante de Listed avant de devenir l'un des plus grands poulinières de l'histoire (Dansili et compagnie...). Au tout début des années 2000, ce fut l'époque "Cheikh Mohammed". Et Pantall s'est mis à enchaîner les succès de Groupe avec ses 3e couteaux, parfois avec plus de réussite que ceux qui avait reçu du 1e choix...L'histoire commence avec 3 juments revenant de l'hiver à Cagnes et raflant tout au printemps 2001 à Paris : Earlène fait le doublé Exbury/Harcourt, Quarter Note décroche la Grotte, tandis que Magna Graecia s'impose en avril dans le Prix de Barbeville (Gr.3) sur les 3000 m de Longchamp avec Thierry Thulliez, 6 mois après avoir gagné d'une tête en débutant  à Vire sous la selle de "quéquette", c'est à dire Sébastien Castellier.

 


Futur grand-mère de Territories, Magna Graecia a passé l'hiver de ses 3 à 4 ans à Cagnes. Après un succès dans un quinté, elle termine 2e de Germinis, un amateur de terrain lourd lauréat ensuite du Prix du Cadran, dans le Prix du Conseil Général (listed), sous la selle de Goulven Toupel.

  

De Vire au Prix de Diane


Ensuite, sans que la liste soit exhaustive, il y a eu la sprinteuse Do The Honours, vainqueur des mâles et des "vieux" dans le Prix de Meautry (Gr.3) à 3 ans à Deauville en 2001, puis Jomana, qui a permis à Olivier Plaçais de remporter son 1e Groupe dans le Prix Exbury (Gr.3) en 2002 avant d'enchainer sur le Prix Corrida (Gr.2). En 2003 est sortie Maiden Tower, gagnante de la Grotte (Gr.3) et du Sandringham (Gr.2), également 2e battue d'un rien tant la Poule d'Essai des Pouliches (de Musical Chimes) et dans les QE II Challenge Cup (Gr.1) à Keeneland aux USA, à un nez de Film Maker. Et ce Gr.1 après lequel Pantall courrait depuis si longtemps, il l'obtiendra dans le plus beau des classiques, le Prix de Diane 2007 grâce à West Wind, alezane fluette, chef d'oeuvre de ce système de "récup" mais aussi son point final car le flux d'arrivée s'est quasiment tarrie depuis...

 

West Wind remporte le Prix de Diane Hermès 2007 sous la selle de Frankie Dettori et l'entrainement d'Henri-Alex Pantall.

La famille de Street Cry et Shamardal

Magna Graecia (Warning), elle qui avait initié le mouvement, se retrouve aujourd'hui être la grand-mère de la nouvelle vedette Territories. Elle se rattrape de sa production direct qui a été terriblement décevante, même si son 3 ans Policoro vient de remporter une course G à Lyon, son seule produit de valeur a été le 1e, Taranto (Machiavellian), double gagnante à 2 ans chez Fabre, dont le Prix de la Butte aux Cailles à Longchamp, puis enlevée par Godolphin pour qui elle a pris une petite place de listed à Lingfield. Territories est son 6e produit et son 3e vainqueur, après 2 lauréat à bon niveau en France (Girevole et Italian). En fait, le croisement avec Invincible Spirit, le père de Territories a fait ressortir l'immense potentiel génétique légué par Helen Street, la grand-mère de Magna Graecia, élève de Lord Weinstock, lauréate du Prix du Calvados (Gr.3) à 2 ans puis des Irish Oaks (Gr.1), alors qu'elle a eu la malchance d'avoir 3 ans la même année qu'Oh So Sharp en 1985. Avant Territories, Cheikh Mohammed avait déjà obtenu 2 de cette matrone 2 stars des pistes puis du haras : Street Cry et Shamardal. C'est dire si Territories rentrera en grande pompe au haras à Darley, sans doute en sautant la case Bin Suroor puisqu'il a eu la chance de rester chez Fabre à 3 ans.

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