Eleveur de Saonois et Storm of Saintly, Olivier Corbière n'est plus
Olivier Corbière devant ses chers prairies de l'Orne.
Courageux, Olivier Corbière l'était pour avoir lutter toute sa vie et travailler d'arrache pied malgré son hémophilie qui l'a bien sur beaucoup handicapé et géné dans ses déplacements. Mais cela ne l'a pas empêcher de reprendre le haras familial implanté sur 160 hectares à la sortie du bourg de Nonant-le-Pin, en direction du Pin-au-Haras. C'était un grand haras et une ferme en même temps, avec 60 vaches et 160 moutons. Mais c'est bien sûr avec les chevaux qu'Olivier Corbière et le Haras de Nonant sont devenus célèbres.
Déjà, Nonant est un haut lieu d'histoire grâce au grand-père, Henri Corbière, éleveur très célèbre dès avant-guerre et qui a reconstruit le haras détruit après les combats, au moment où naissait son plus grand champion, Sicambre, née de la jument Sif qui lui avait été restituée après avoir été enlevée par les allemands. Les Corbière hébergeaient alors des juments de la famille Stern, contrainte à l'exil. Dans l'Orne, en pleine région de la fin de la bataille de Normandie (l'Encerclement), les destructions ont été parfois totales. Le chateau familial, qui a avait été pris comme lieu de commanderment par les allemands, a été bombardés par les américains qui l'ont rasé. La famille Corbière a vécu alors pendant un mois dans les champs pour se protéger de la pluie de la mort.
Dans les années 2010, alors qu'Olivier Corbière, arrivé à l'âge de la retraite, pensait à arrêter ou au moins diminuer son activité, il a bénéficié d'une extraordinaire embellie. Ainsi, il sort Saonois, fils de sa jument Saonoise, gagnant du Prix du Jockey-Club 2012 chez Jean-Pierre Gauvin, sous la casaque du boulanger Pascal Treyve.
Saonois et Storm of Saintly, un double chef d'oeuvre pour Olivier Corbière (photos APRH)
Seulement 2 ans plus tard, Storm Of Saintly, qu'il avait élevé pour le compte de son ami alsacien Jeannot Andt, remporte le Grand Steeple-Chase de Paris ! Et cela pour en citer que les principaux car ces derniers temps on trouvait dans de très nombreux vainqueurs la marque Corbière, alors qu'il n'avait qu'une 12aine de poulinières à la maison ! Mais l'homme a toujours eu une intuition terrible et un nez inimitable. D'ailleurs, outre les chevaux, il était très fin éleveur de labradors.
Paralllement, Olivier Corbière fit partie des premiers et des plus virulents combattants anti-GDE. S'il n'était pas visible en 1e ligne, car il était de nature timide et sa maladie compliquat sa mobilité, il a toujours ouvert ses portes et mis toutes ses structures à disposition du front anti-GDE pour un combat de plus de 10 ans qui a été finalement remporté.
Et pendant ce temps là, Olivier Corbière travaillait...Il avait eu le temps de venir à Chantilly pour voir gagner Saonois...après être parti dans le sens inverse le matin pour faire saillir une jument à Poliglote au Haras d'Etreham. Un grand homme de cheval est parti, sans souffrir.
Toute la rédaction adresse ses plus sincères condoléances à sa femme Florence et sa dernière fille Marie-Flore qui l'aidait au quotidien, à sa famille, ses proches et ses amis. Qu'ils sachent que le personnage qu'ils pleurent aujourd'hui restera dans les mémoires des courses tant il avait d'admirateurs.
La sépulture aura lieu lundi 10 octobre à l'Eglise de la commune du Merlerault, à 14H00.
Après la 1e victoire de Gr.3 de Saonois, au printemps 2012, Xavier Bougon s'était plongé dans l'histoire du Haras de Nonant-le-Pin et de la famille Corbière. Voici un extrait de l'article en question :
L'équipe gagnante de Saonois : Antoine Hamelin et Jean-Pierre Gauvin et un propriétaire, Pascal Treyve, artisan boulanger dans le Forez. Tous vivent un rêve éveillé.
SKIRA | SCALENE | SAREPTA | BAYARECK | ||
1954 Relic | 1973 Jefferson | 1981 Grandchant | 1992 Alzao | ||
El : L. Duval-Lemonnier | El : Jean Corbière | 2e Prix Finot | |||
Pr : Cte Guillaume d'Ornano | |||||
SCAMANDRE | SA MAJESTE | SAONOISE | SAONOIS | ||
1983 Labus | 1991 Garde Royale | 1998 Homme de Loi | 2009 | ||
SAMOVAR | |||||
1986 R B Chesne | |||||
STENOREE | SARRE | ||||
1990 Garde Royale | 2000 Freedom Cry | ||||
3e des Jouvencelles | 2e Muguet | ||||
SEGRE | |||||
2002 Fragrant Mix |
HOMMAGE à OLIVIER CORBIERE, par Loïc MALIVET, président de la Fédération des Eleveurs de Galop
Sa famille élevait déjà sur place au 19ème siècle ! … Imprudence, Château Bouscaut, Duplex et bien d’autres cracks sont nés sur ces terres.
Lorsque le lot Corbière passait aux ventes entre les deux guerres, le silence se faisait et les enchères s’envolaient.
Olivier était la distinction et la discrétion réunies. Toujours affable et souriant avec cette modestie non feinte qui est la marque de ceux qu’on aime côtoyer. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la volonté était de fer et il l’a montrée avec éclat, lors du combat contre GDE.