2000 Guinées de Newmarket pour Camelot : ça veut dire quoi ?

09/05/2012 - Actualités
Un camelot passe de la frippe sur le marca, c'est un vendeur de vêtements sur les marchés. La camelotte est de la marchandise à 2 balles. La Cam est de l'avoine enchantée qui s'administre par voie nasale.  Mais la vérité est toute autre ! Le mystère de l'ombre s'éclaircit enfin !

Camelot était le château et le siège de la cour du roi mythique Arthur, souverain de Bretagne, l’actuelle Angleterre, Pays de Galles et Armorique. Camelot est objet de délires complets, de la part des Monty Python tout d'abord (Sacré Graal) puis d'Alexandre Astier (Kaamelot)...

Par contre, l’élève d’Aidan O’Brien, lui n’est pas qu’une histoire légendaire de preux chevalier en quête d'un vase plein d'on ne sait pas quoi. Il a non seulement permis à son fils Joseph de remporter son 1e classique anglais en tant que jockey mais a aussi donné à son défunt père, Montjeu, son premier classique post-mortem.

 

Oyez oyez le sieur O'Brien

 
Le team Coolmore vient, en l’espace de 48 heures, d’atteindre le cap des 50 classiques européen réservés uniquement aux 3 ans (à l’exception donc de l’Irish Saint-Leger et le Prix Royal-Oak). La légende avait débuté le 30 avril 1995 par le succès du fils de Fairy King, Prince Arthur (on y revient) dans le Premio Parioli (2000 Guinées italiennes), entraîné par Peter Chapple-Hyam et monté par John-Andrew Reid.
 
 
Camelot s'impose à la lutte, de peu tout de même assez sûrement, sous la selle de Joseph O'Brien devant French Fifteen, monté par Olivier Peslier.
 
 
Pedigree de Camelot
 
 
 
Lors de ce week-end à Newmarket, Aidan O’Brien a dépassé son maître, son homonyme Vincent, dans la conquête aux records. Il a atteint le cap des 44 classiques depuis le premier remporté en 1997. Il s’agissait également d’un week-end fructueux puisque ses élèves, Desert King et Classic Park, la pouliche, enlevaient les Irish Guinées des 24 et 25 mai.
Il ne lui reste plus qu’une longueur pour égaler le « légendaire » Heinz Jentzsch, l’entraîneur allemand qui vient de s’en aller sous d’autres cieux en avril dernier à l’âge de 92 ans.
 
 
Voir la vidéo des 2000 Guinées, avec la victoire de Camelot devant les français French Fifteen et Hermival.
 
 
Le duel posthume du père et du fils (comme dans les films de légendes médiévales)
 
 
Le père Salder's Wells et le fils Montjeu se bagarrent pour décrocher les meilleures statistiques dans le Racing Post Trophy et dans les classiques de 3 ans.
 
  • 5 Trophy pour Sadler’s Wells, le père, aucune victoire dans les Guinées : King’s Theatre (H. Cecil), Commander Collins, Aristotle, High Chaparral, Brian Boru. Seul High Chaparral s’est ensuite imposé dans le Derby. Il avait même remis le couvert dans celui d’Irlande. Pour sa part Commander Collins a terminé second de l’édition 1998.
     
  •  4 Trophy pour Montjeu, le fils, et premier succès dans les Guinées : Motivator, Authorized, St Nicholas Abbey et le dernier Camelot. Motivator et Authorized ont remporté ensuite le Derby, en attendant que Camelot ne s’adjuge le sien puisqu’il semble tenir sur plus long.

 

Magnifique modèle, Camelot est un digne fils de son défunt père Montjeu.

 

Camelot a été élevé par le roi…de Barhein !

 

Camelot, a donc été conçu pour rafler les Gr.1, bien vu puisqu’il a déjà ramené deux trophées de ce type à l’écurie en l’espace de quelques mois et ce, en trois sorties seulement. Elevé en Angleterre par Highclere Stud (situé du côté de Newbury, Berkshire et propriété de John et Lady Carolyn Warren) pour le Cheikh Abdullah Bin Isa Al Khalifa, famille régnante du Bahreïn, il a été proposé yearling chez Tattersalls où il a été acheté par l’un des hommes de mains de Coolmore Stud, Dermot « Demi » O’Byrne pour la somme de 525 000 Guinées.
 

Une mère américaine...

 
Sa mère, Tarfah, née en 2001, issu de Kingmambo, et toujours à Highclere, n’aura vu un champ de course qu’à l’été de ses 3 ans. Elle se rattrapera vite puisqu‘elle gagnera 2 listeds consécutives sur le mile, sous la responsabilité de Gerard Butler (installé à Newmarket). L’une à l’automne de ses 3 ans sur l’hippodrome d’Ascot et l’autre pour sa rentrée printanière sur le sable de Kempton pour ensuite enchainer sur une autre victoire, de Gr. 3 cette fois, dans les Dahlia Stakes (1.800 m.) le week-end des Guinées, à Newmarket.
 
Un an avant Camelot, elle a mis au monde une pouliche de Galileo nommée Ideal. Présentée par le même consigner que son frère, elle est également achetée par l’équipe de Ballydoyle pour 240 000 Guinées. Elle n’a gagné qu’une petite course sur un petit hippodrome irlandais, Clonmel.
 
Après Camelot, Tarfah a eu moins de chance à la reproduction. Son 2 ans, par Cape Cross, est malheureusement mort à l’entraînement (chez Luca Cumani), de même que son yearling par Pivotal. Souhaitons plus de plaisir à son entourage, puisqu’elle a été saillie cette année par le top étalon de Juddmonte, Oasis Dream.
 
 
Montjeu, ici de retour après son Arc de Triomphe avec Mick Kinane, est mort quelques semaines avant le succès de son fils Camelot dans les 2000 Guinées de Newmarket.
 
...puis 2 générations anglaises
 
Fickle (Danehill), la grand-mère née en 1996, a été élevée par John Warren lui-même et avait remporté, pour les couleurs de son épouse, Lady Carolyn Warren, une Listed sur 2.000 m. à Newcastle, les Virginia St. (entraînée par Michael Bell). De toute sa progéniture, seule Tarfah a évolué dans les courses principales et elle a encore donné naissance en 2010 à un mâle par Medicean, son 6e produit.
 
Fade (Persepolis), la 3e mère est née en 1988 en Angleterre, élevée en Irlande par Ballysheehan Stud (un haras, tout proche de Coolmore Stud, qui fut un temps la « demeure » de Fairy King et la propriété d’un des gendres de Vincent O’Brien, Phillip Myerscough, très impliqué dans Tattersalls et Goffs. Achetée en 1998 par l’entité de feu Maktoum Al Maktoum, Gainsborough). Elle est restée inédite sur la piste.
 
  1. Note : Persepolis, vainqueur des Prix Noailles et Lupin, est né en France par le remarquable Kalamoun. Son père fut une bombe sur la piste puisqu’il remporta dans la même année la Poule d’Essai, le Prix Lupin, le Jacques Le Marois et le Moulin de Longchamp en 1973 sous la casaque de SA l’Aga Khan. Il est à l’origine de nombreux étalons gris très populaires en France. Citons pêle-mêle Highest Honor, Verglas, Silver Frost (Haras de la Hêtraie) et la star montante Stormy River (Haras d’Etreham).
 
Fade a eu une riche production de 8 vainqueurs. Ses principaux produits ont été :
 
  • Faru (m. par Mtoto), gagnant de 4 Listed Race dans le Sud pour Jean-Claude Rouget et Cheik Mohamed Al Maktoum.
  • Birdie (f. par Alhaarth), gagnante d’une Listed à Lingfield pour Highclere Stud, mère de Salvation (f. par Montjeu), elle-même gagnante d’un Quinté pour Sylvain Vidal et Eric Libaud.
  • Fading Light (f. par King’s Best), placée des Prix Finlande (Listed), Vanteaux (Gr. 3, jumelé Satwa Queen/Naissance Royale) et Chloé (Gr. 3) pour André Fabre et Cheik Mohammed Al Maktoum.
  • Flip Fantasia (f. par Batshoof, un Sadler’s Wells, double lauréat de Gr. 2), gagnante de 3 courses pour Jean-Claude Rouget (qui connait bien la famille!) et le regretté Docteur Robert Bousquet.
 
 Et des aïeules françaises chez le metteur en scène d'Aladdin
 
Plus loin encore, sous la 7e mère exactement, se cachent d’autres « FR ». En effet, My Mascot, née en France chez Robert Guillon en 1948, était entraîné, dans un premier temps, à Maisons-Laffitte chez Dick Kalley, puis en région lyonnaise chez Noël Kriegelstein pour le compte d’André Rivière. Ses deux premiers produits mis au monde ont été débaptisés par leur acheteur, Sir Emile Littler, qui avait monté les spectacles à Londres de Little Miss Muffet et d’Aladdin. Ainsi, ils furent nommés My Aladdin (ex My Tourment) et Little Miss Muffet (ex My Luck, 6e mère de Camelot).
 
 
Sir Emile Littler, metteur en scène d'Aladdin, se retrouve à l'origine de la création de Camelot.
 
  • My Aladdin, né en France en 1956, entraîné outre-manche par Walter Nightingall, avait gagné une préparatoire au Derby d’Epsom, les Blue Riband St.(Gr.3). Son père, Tourment, avait réussi l’exploit de gagner en 1947 et la Poule d’Essai (sur 1600m) et le Royal-Oak (sur 3000m). Aussi, il s’est classé deuxième du Jockey-Club, course qu’avait remporté son père Tourbillon en 1931. My Aladdin a ensuite été exporté en Australie pour fonctionner en tant qu’étalon. 
  • Little Miss Muffet, née en 1959 et propre sœur de My Aladdin a développé une famille basée en Allemagne (sans gagnant notoire) et en Grande-Bretagne où elle a donné naissance à une fille de Royal Record, Seventh Bride (5e mère de Camelot). En compétition, elle a gagné, pour Louis Freedman, 4 de ses 9 combats dont les Princess Royal St. (Gr. 3 à l’époque désormais Gr. 2 sous le nom des British Champions Fillies and Mares St., ex Pride St.) et terminera 2e des Nassau St. (alors Gr.2) devancé par sa compagne de couleurs et d’écurie, Lucyrowe.
Au haras, Seventh Bride donnera naissance pour Louis Freedman en son haras de Cliveden Stud, à Polygamy (Reform), la gagnante des Oaks 1974 et la seconde des 1000 Guinées de sa grande rivale, Highclere (propriété de SAR la Reine d’Angleterre, gagnante en France du Prix de Diane et dont descendent Nashwan, Nayef, Unfuwain et même Deep Impact). Polygamy terminera également à la 3e place des Irish Oaks de Dibidale.
 
 
Louis Freedman, le propriétaire éleveur de Reference Point.
 
 
Polygamy a une propre sœur cadette, One Over Parr (4e mère de Camelot), gagnante des Cheshire Oaks (Gr.3) et des Lancashire Oaks (Gr.3), 3e des Nell Gwyn St. (Gr.3) pour l’entraînement de Peter Walwyn et les couleurs de Louis Freedman. Favorite des Oaks, elle est dominée par Juliette Marny
  • Notes : Louis Freedman, décédé en décembre 1998 à l’âge de 81 ans, avait acheté Cliveden Stud à la fin de l’année 1966. L’année suivante, il achète deux yearlings, Lucyrowe et  Seventh Bride, l’une pour 9.000 Guinées et l’autre pour 1.550 Guinées.

Voir aussi...