Sushi et sashimi à Coolmore Stud Bretagne

01/03/2009 - Mercato des étalons
Les chevaux suivent la mode culinaire. Dans la foulée des restaurants japonais qui fleurissent à chaque coin de rue, les étalons nippons affluent dans l'hexagone, y compris à la Haie Neuve avec l'arrivée de Peer Gynt.  

Il y a tout juste 5 ans, lorsque 3 étalons japonais ont été importés en France par Patrick Barbe, les éleveurs français, pourtant célèbres pour leur goût de l'aventure et de l'exotisme, ont fait les yeux ronds. Divine Light, Agnes Kamikaze et Rosen Kavalier, 3 fils de l'omniprésent Sunday Silence, 2 stationnés au Haras de Lonray et 1 au Petit Tellier, ont été vu comme des extra-terrestres. Pourtant, le Japon était connu de la France depuis longtemps, par les rapports des jockeys comme Olivier Peslier revenant de ses séjours hivernaux, par la présence de Yutaka Take, par les participations nombreuses des pur-sangs nippons à l'Arc de Triomphe ou aux Gr.1 deauvillais.

Et puis Natagora est née. D'emblée, Divine Light frappait un grand coup sur le sol non seulement français mais aussi européen par les triomphes de sa fille, élevée par Bertrand Gouin à Lonray, dans les Cheveley Park Stakes (Gr.1) en 2007 et les 1000 Guinées (Gr.1) en 2008.

Cela a déclenché un mouvement qui prend de plus en plus d'ampleur. Si parmi les 3 précurseurs, Divine Light est parti en Turquie, Agnes Kamikaze dans le Maine et Loire et Rosen Kavalier dans le Pas de calais, ils ont vite trouvé des successeurs dans le parc étalon normand. En effet, Great Journey est arrivé à Lonray en 2008, rejoint cette saison par Samson Happy et tout dernièrement par Air Eminem et Millennium Bio.

Il faut signaler aussi l'importation cette année de Sunday Break à Grandcamp, mais celui-ci n'a de japonais que le suffixe, puisqu'il a été acsuis aux Etats-Unis où il a toute sa famille et sa carrière. C'est un peu comme Limnos, qui est nippon seulement parce qu'il y a vu le jour du fait que sa mère Lingerie devait saillir au Pays du Soleil-Levant.

 



Il y a donc un nouveau japonais en France, un vrai, un pur et dur: Peer Gynt. Celui-ci ne vient pas à Lonray mais au Haras de la Haie Neuve, surnommé par ses proches "Coolmore Stud Bretagne" puisque le haras se situe juste à la porte d'entrée de la Bretagne tout près de l'autoroute entre Laval et Rennes.

Alain Reynier a creusé pendant plusieurs années le sillon américain (Until Sundow) ou encore la veine de Storm Cat, dont il a fait recruter les fils High Yield (mort en 2008), Hold That Tiger (reparti après une saison) et le jeune Hurricane Cat. Il se penche désormais sur le cas Sunday Silence, avec logique d'ailleurs tant ce fils d'Halo qui fut un crack sur les pistes américaines, grand rival d'Easy Goer, s'est imposé comme un incontournable patriarche au Japon. A noter que la réussite de Sunday Silence est d'autant plus remarquable qu'il est mort jeune, à 16 ans, après avoir commencé la monte à 5 ans.

Fils d'une des meilleurs pouliches de sa génération chez elle, Twinkle Bride, qui fut 2e des 1000 Guinées locales, Peer Gynt est aussi typiquement japonais dans la mesure où il s'est montré dur comme un cric aux courses. Là-bas, pas de carrière feutrée dans le coton cantilien. On ne leur fait pas le coup du diamant qui perd de son éclat à chaque fois qu'on le sort de son écrin!

Peer Gynt a couru de 2 à 5 ans au meilleur niveau. A 2 ans, il a gagné à 2 ans un Gr.2 et s'est classé 3e d'un Gr.1 local, classé Listed par le pattern international puisque les courses n'étaient pas ouvertes aux étrangers.
A 5 ans, évoluant toujours sur des distances rapides de 1200 à 1600 m, Peer Gynt a pris une 2e place dans un Gr.1 international celui-ci, le Takamatsunomiya Kinen ("oui merci je veux bien des brochettes aussi") à Chukyo.

A noter que la mère de Peer Gynt est par Lyphard et que si ce grand chef de rare est très présent en France à travers tous les fils de Linamix, dont il est l'arrière grand père paternel, il est beaucoup plus difficile à trouver ce façon aussi proche dans un pédigrée d'étalon.

Cheval bai brun grand d'1,65 m, Peer Gynt a pris le nom d'un célèbre conte fantastique norvégien donné pour la 1e fois au théatre en 1876, relatant la vie mouvementée d'un anti-héros parti défié un monde aussi sans pitié que lui, et finalement sauvé par une bonne âme feminine au doux nom de Solveig.

Tous ces destins du monde se retrouvent donc à Coolmore Stud Bretagne, le Haras de la Haie Neuve, pour la 1e fois en 2009, au tarif de 3000 € HT Garantie Live Foal. Quelle aventure.

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