La bonne santé de l'élevage Allemand

15/11/2011 - Actualités
En un mois, l’élevage allemand s’est signalé dans trois Groupe I français, et non des moindres puisque figure dans la liste le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe, remporté par Danedream. Be Fabulous (Prix Royal-Oak) et Mandaean (Critérium de Saint-Cloud), par l’intermédiaire de son jeune géniteur Manduro, ont complété le tir. Il y a-t-il une explication à cette réussite ?


Danedream et Be Fabulous ont plusieurs points communs. Non seulement il s’agit de femelles nées en Allemagne, mais elles revendiquent leur caractère « teuton », non pas du côté maternel, mais paternel, la première citée étant issue de Lomitas (2e du Derby Allemand, trois fois lauréat de Groupe I sur 2 400 mètres) et la seconde de Samum (Monsun), lauréat du Derby allemand 2000. Par contre, la mère de la gagnante de l’Arc (Danedrop) est née en Irlande, représentant une grande souche essentiellement exploitée en France par la famille Rothschild, avec pour jument base Lady Berry. De son côté, Be Fabulous a pour grand-mère maternelle une jument chilienne, Blumme, importée en Allemagne au début des années 1990.

 

 

Lomitas

 


L’élevage allemand a donc cette faculté de produire de très grands chevaux de course, à partir d’importations de juments extérieures croisées avec leurs meilleurs courants de sang mâle. Samum est d’ailleurs le croisement réussi entre Monsun et une jument anglaise, issue d’un gagnant de Jockey-Club (Old Vic). Le croisement inverse, c’est-à-dire étalon extérieur croisé avec une souche maternelle allemande, marche également très bien. N’est-il pas à l’origine de Lomitas, né des œuvres d’un gagnant de Saint Léger Irlandais Niniski et d’une jument allemande, La Colorada (Surumu). A chaque fois, on retrouve cependant une constante dans tous ces croisements de sang : la volonté, chez les éleveurs allemands, de travailler sur le modèle et surtout sur la recherche de l’aptitude à tenir la distance classique. Quels que soient les « mariages » effectués, on trouve systématiquement, d’un côté ou de l’autre, voire des deux, des compétiteurs ayant fait leur preuve sur 2 400 mètres, voire au-delà.  Ainsi, Be Fabulous a-t-elle aussi pour père de mère Law Society, lauréat du Derby d’Irlande et second du Derby d’Epsom gagné par Slip Anchor.

 

 

Manduro

 


Manduro ne pouvait mieux débuter au haras puisque le très prometteur Mandaean représente sa première génération en piste. Ce sculptural bai brun est issu du top étalon allemand, Monsun, auquel on doit, entre autres, les Shirocco, Stacelita, Schiaparelli, Getaway, Royal Highness, Gentlewave, Salve Regina, Le Miracle, tous gagnants de Groupe I. Issu du chef de race Königsstuhl et d’une mère par… Surumu, Monsun avait été avant tout un cheval de distance classique sur la piste, terminant 2e du Derby national, tout en remportant plusieurs Groupe I sur 2 400 mètres. De sa mère Mandelicht, Manduro a tout de même hérité de la vitesse de son père Be My Guest, excellent miler avant de ne devenir étalon à succès et père de mère remarqué (à l’origine également du fameux Rock Of Gilbraltar, vainqueur de sept Groupe I consécutifs). On comprend mieux, dès lors, pourquoi Manduro fut capable de briller de 1 600 à 2 400 mètres, une fois passé sous la coupe d’André Fabre pour lequel il remporta le Prix Jacques Le Marois sur le mile, le Prix d’Ispahan sur 1 850 mètres, les Price of Wales’ Stakes sur 2 000 mètres et le Prix Foy sur 2 400 mètres, dont il revint malheureusement accidenté.

 

 

Mandaean

 


A ces considérations génétiques, il faut ajouter aussi l’effet terroir, manifestement propice à l’élevage de pur-sang, outre-rhin.  A cette liste, on peut en effet ajouter les brillants résultats obtenus cette dernière décennie par la Gestut Ammerland (Hurricane Run, Lope de Vega et Golden Lilac double gagnante de Groupe I cette saison avec la Poule d’Essai des Pouliches et le Prix de Diane à son tableau de chasse). Si cette dernière n’a aucun sang des étalons précités et est née en Irlande, elle est passée –comme ses aînées- sur les fertiles terres de Bavière considérées comme la « Normandie » allemande.

 

 

Golden Lilac
 

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