L'Arc de Triomphe, version nippone (voir la vidéo)

29/12/2011 - Actualités
La 56e édition de l’Arima Kinen (Grand Prix) s’est courue ce week-end à Nakayama devant 115.000 passionnés. Assez méconnue en France, cette épreuve est pourtant LA course des japonais, leur Arc de Triomphe courue à main droite sur 2.500 m. En ce jour de Noël, Orfèvre, le vainqueur, a fait un superbe cadeau à ses propriétaires. Déjà titulaire de la triple couronne nippone, il remporte son 4e Gr.1 de la saison.



Ouvert aux hongres, cet Arc nippon a deux autres particularités : celle de n’avoir été ouvert, jusqu’en 1997, qu’aux chevaux né et élevés au pays du Soleil Levant et celle d’avoir été, ensuite, réservé aux chevaux entraînés sur place (protectionnisme me direz-vous, mais que fait donc Bruxelles !). Quelques autres aménagements, tels que la promotion internationale, ont, depuis, permis aux étrangers d’y participer.

 

 

 

Un Arc bien à eux

Nakayama Grand Prix à l’origine, cette épreuve se dispute depuis 1956 et a été rebaptisée Arima en mémoire de Yoriyasu Arima, homme politique d’avant et d’après guerre. Décédé en janvier 1957, il a été très actif dans la promotion des courses de chevaux au Japon et fut l’un des fondateurs de l’hippodrome de Nakayama.
C’était l’une des deux courses principales pour autochtones loin devant la Takarazuka Kinen, disputée en juin et créé, quant à elle, en 1960. En termes d’allocations, elle vient juste derrière les deux autres grandes épreuves disputées sur le turf, la Japan Cup et notre Arc de Triomphe (exception faite de la Melbourne Cup).


Une chasse gardée


Le sang de Northern Dancer vient d’être évoqué mais que dire de Sunday Silence au Japon. Depuis plus d’une décennie, le palmarès de l’Arima Kinen est éloquent ; figurent les noms de Manhattan Cafe, Deep Impact, Heart’s Cry, Zenno Rob Roy, Matsurida Gogh (cinq fils de Sunday Silence), Dream Journey, Victoire Pisa, Daiwa Scarlet (issus des fils de Sunday Silence), et le dernier, Orfevre (propre frère de Dream Journey). Seuls échappent à la razzia depuis 1998, deux chevaux nés aux USA, double vainqueurs : Grass Wonder (vainqueur en 1998 et 1999, acheté à Keeneland yearling, $ 250.000 et fils de Silver Hawk) et Symboli Kris S (monté par Olivier Peslier lors de ses 2 victoires, 2002 et 2003). Il est le fils de Kris S, et a été racheté yearling $ 400.000 par son éleveur, Takahiro Wada, lors des ventes de Keeneland). Tous les mâles vainqueurs sont devenus étalons au Japon.

 

 

Sunday Silence

 

 

Un petit cocorico


Côté élevage français, certaines juments, exportées au Japon, se sont distinguées par leur progéniture :
-Sakura Laurel, vainqueur en 1996, est un fils de Lola Lola (Saint Cyrien, élevée par Raymond Adès), achetée yearling, 450.000 F. par Enshoku Zen.

-Mejiro Palmer, vainqueur en 1992, est un fils de Princess Lyphard (élévée à Etreham par Tomohiro Wada), une sœur de Mogami (père de Legacy World, Japan Cup 1993) et de Beronaire (d’où Tikkanen et Turgeon)

 

Mejiro Palmer

 


-Symboli Rudolf, qui vient de disparaître à l’âge de 30 ans, était une véritable légende au Japon (Triple couronne, deux fois l’Arima Kinen, deux fois Horse of the Year). Sa mère, Sweet Luna, était une petite-fille de Samaritaine (élevage Aumont à Victot) qui était la propre sœur de Samaritain (Prix Royal-Oak et grand étalon d’obstacles, père entre autres de Ketch, Pansa, Sapin, le trio à l’arrivée de la Grande Course de Haies d’Auteuil 1965


Orfevre, une mine d’or


L’allocation totale 2011 est digne de ce grand pays de passionnés (Y.380.000.000). Crédité de 200 millions de Yens (environ 1.965.223 Euros ou $ 2.569.986), les gains promis au vainqueur, le repas de fête du 25 décembre a été pantagruélique. Le compte en banque d’Orfèvre (Stay Gold) se porte désormais à 818.978.000 Yens, pas très loin de celui de son propre frère Dream Journey. Orfèvre a devancé Eishin Flash (le vainqueur du Derby 2010 par King’s Best), monté par Christophe Lemaire et To The Glory (Kingmambo),

Entraîné par Yasutoshi Ikee (fils de Yasuo Ikee, préparateur de Deep Impact), Orfevre est le 7ème  cheval à réaliser la Triple Crown japonaise (comme un certain Nijinsky en occident). Le dernier remontait à 2005 avec Deep Impact (second de l’Arima Kinen à 3 ans) après Narita Brain (1994), Symboli Rudolf (1984), Mr.C.B (1983), Shinzan (1964), Saint Lite (1941).
Il n’est aussi que le 3ème poulain de 3 ans à s’adjuger la triple couronne et l’Arima Kinen la même année. Narita Brian étant le dernier, son exploit remontait à 1994 et le premier aura donc été Symboli Rudolf en 1984.
 

 

Orfevre

 


Enfant de tout pays


Orfevre est issu de Stay Gold (né au Japon et père également de Nakayama Festa), lui-même fils de Sunday Silence (né aux USA). On ne présente plus ce dernier : vainqueur des Kentucky Derby, des Preakness Stakes, de la Breeders’Cup Classic à 3 ans, 2e Belmont Stakes (monté par le récent retraité, Pat Valenzuela) battu par Easy Goer, puis exporté au Japon en 1990. Yearling, il avait été retiré lors des ventes de Keeneland pour $ 17.000 puis vendu $ 32.000 aux ventes de 2 ans en Californie.
Dream Journey, propre frère d’Orfevre (champion 2 year old colt en 2006, champion older horse 2009) avait fait le doublé Takarazuka Kinen et Arima Kinen la même année (2009).

 

Orfevre

 


Leur mère, Oriental Art (née en 1997 au Japon et victorieuse à 3 reprises), est issue de Mejiro McQueen (Takarazuka Kinen, Tenno Sho, 2e Arima Kinen, entraîné par le père Ikee), lui-même petit-fils de Cheryl (française, élevée par Pierre Tétard, entraînée par Freddy Palmer, gagnante de la 1ère édition du Prix de l’Opéra en 1974 pour les couleurs de Tokokichi Kitano qui l’avait achetée, 205.000 F. à Deauville).

Leur grand-mère, Electro Art, est née également au Japon en 1986. Elle est une fille de Northern Taste (né au Canada, fils de Northern Dancer, évoqué lors des 50 ans de ce dernier) et de Grandma Stevens (née aux USA en 1977, achetée à Keeneland en janvier 1982, $ 50.000 en vue d’une exportation au Japon.

Cette famille maternelle a donc démarrée il y a 30 ans grâce au patriarche, Zenya Yoshida. Orfevre courait pour les couleurs de Sunday Racing (un syndicat à majorité yoshidienne), propriétaire également de Buena Vista qui a fait ses adieux au public nippon lors de cette journée mémorable.

 

Palmarès de l'Arima Kinen
 

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