MOULINS 1916 : Centenaire de la relance de l'élevage français de chevaux de course, le 16 avril 2016

04/03/2016 - Actualités
En amont de la première Listed disputée à Moulins le 16 avril, le Prix du Centenaire, France Galop livre ci-dessous un dossier de presse sur cet événement dans l'Allier qui célèbre cet épisode dramatique et grandiose en même temps de la Grande Guerre, avec la victoire de Teddy dans une édition très particulière du Prix du Jockey-Club.
 
 
COMMENT L'ELEVAGE FRANCAIS A-T-IL ETE SAUVE ?
 
Un pari réussi !
 
Dimanche 28 juin 1914. Alors que le Grand Prix de Paris allait débuter sur l’hippodrome de Longchamp, l’Ambassadeur d’Autriche- Hongrie, installé dans la tribune de Monsieur le Président de la République, apprend par le secrétaire de la Société d’encouragement, l’attentat dont l’Archiduc héritier et l’Archiduchesse viennent d’être victimes à Sarajevo.
Le soir même les portes de l’hippodrome de Longchamp se ferment. Elles ne rouvriront que cinq ans plus tard. La dernière réunion de courses en région parisienne se déroule à Chantilly, le mardi 28 juillet 1914.
 
Le samedi 1er août 1914, l’ordre de mobilisation générale est décrété en France et affiché, fixant au lendemain le premier jour de la mobilisation. Les opérations de mobilisation se déroulent du 2 au 18 août 1914. Plus de trois millions d’hommes rejoignent leurs régiments respectifs. Les dernières réunions de courses en France, avant le début des hostilités, ont lieu à Lannemezan et à Saumur le dimanche 2 août 1914. Les courses ne reprendront qu’au cours de l’année 1919.
 
 
 
 
LES CHEVAUX ET LA GUERRE
 
 
 
Durant les quatre années de guerre, huit millions de chevaux sont mobilisés par toutes les armées participant à ce conflit. En France, un million quatre cent mille chevaux sont réquisitionnés tout au long de la guerre. Ils sont principalement affectés à des tâches de ravitaillement et d’approvisionnement du front ainsi qu’à la traction des pièces d’artillerie. Les équidés paieront un lourd tribut causé par un manque de soins, la propagation de maladies diverses, le rationnement et la mauvaise qualité de la nourriture.
 
L'ELEVAGE, LES CHEVAUX ET LA GUERRE
 
 
Le départ des hommes et la réquisition des chevaux ont placé l’élevage en second plan. A l’époque, notre élevage national s’appauvrissait. Les éleveurs de l’Hexagone acceptaient - comme tous les Français - les sacrifices qui leur étaient imposés.
 
Cependant, constatant que les courses continuaient à être courues en Angleterre, en Allemagne et en Espagne, le Comité de la Société d’Encouragement proposa en 1916, à Monsieur le Ministre de l’Agriculture, une reprise partielle des courses, sous certaines conditions, afin d’assurer la sélection des meilleurs chevaux mâles et femelles des trois dernières générations.
 
Le Ministre, Monsieur Jules MELINE, reprenant les conclusions de ses prédécesseurs qui déclaraient que « seule la prospérité des courses pouvaient assurer la prospérité de l’élevage » approuva le projet soumis par la Société d’Encouragement dont le seul but était de sélectionner
des chevaux aptes à une  reproduction de qualité.


Le Comité de la Société d’Encouragement vota et adopta, le 2 juin 1916, les conditions à soumettre au Ministre, pour cette reprise partielle des courses :
  • Trois hippodromes sont choisis dans les trois principales régions d’élevage (Normandie, Centre et Sud-Ouest) parmi ceux qui n’offrent aucun caractère mondain et qui présentent au point de vue de la nature du terrain, de la configuration des pistes, du transport et de l’installation des chevaux, les garanties de régularité et de commodités indispensables.
     
  • Les courses sont réservées aux seuls produits, pur-sang, nés et élevés en France.
     
  • Les courses sont disputées exclusivement en semaine - sans pari mutuel, ni pari d’aucune sorte - en dehors de tout apparat - mais devant un public admis gratuitement à la pelouse et en payant au pesage, afin d’écarter tout soupçon de distraction en petit comité.
 
Elles auront lieu entre le 31 août et le 12 novembre 1916.
 
Le Comité de la Société d’Encouragement décida également de débloquer un crédit de 1 million de francs de dotation pour ces courses. Une dotation inférieure n’aurait pas permis l’établissement d’un programme qui, pour assurer la sélection des trois générations dont la guerre a empêché le classement, doit comprendre trois séries, aussi complètes que possibles, de courses rationnellement graduées. Les autres sociétés de courses parisiennes, fidèles à leurs traditions de générosité et de solidarité, acceptèrent de prêter leur concours financier à l’œuvre entreprise par la S.E.
 
Le 17 juillet 1916, Monsieur le Ministre de l ’Agriculture entérina les propositions faites par la S.E et publia un arrêté dans ce sens modifiant toutefois les conditions d’accès aux hippodromes et précisant que les réunions de courses auraient lieu exclusivement en semaine, le matin, sans entrée payante, sans public et sans pari.
 
Ne seraient admis à ces réunions de courses que les Commissaires, les Officiers des Haras, les fonctionnaires de l’ordre administratif ou militaire ayant une mission à y remplir, les propriétaires ou les éleveurs, les entraîneurs et les jockeys des chevaux engagés, les membres du Conseil Consultatif des Courses, les membres du Comité des sociétés donatrices, le personnel nécessaire au fonctionnement technique et à l’organisation matérielle, ainsi que les représentants accrédités des journaux sportifs. Aucune carte de faveur ne sera distribuée.
 
Dans sa séance du 25 juillet 1916, le Comité aborda la discussion du projet de programme des courses à courir : ces courses, au nombre de 132, se répartiront entre 22 journées dont 8 organisées à Caen du 4 au 16 septembre 1916. 8 d’entre elles seront organisées à Moulins du 2 au 14 octobre et 6 à Mont-de-Marsan du 25 au 31 octobre.
Elles furent affectées, d’après une proportion longuement étudiée, aux générations de 3 et 4 ans d’abord, puis à celle des 2 ans, qui représente l’avenir, et enfin aux chevaux âgés.
 
Sur l’hippodrome de Mont-de-Marsan, il fut décidé de réserver quelques courses aux chevaux de pur-sang arabe et anglo-arabe.
 
Comme prévu, huit journées de courses furent organisées à Moulins entre le lundi 2 et le samedi 14 octobre 1916. Le mercredi 11 octobre, le Prix des trois ans, avec les mêmes conditions que le Prix du Jockey Club, couru sur 2 400 m, fut remporté par le cheval TEDDY qui devança de trois quarts de longueur le cheval YVERDON. Le cheval TRIOMPHANT se classa troisième à deux longueurs.
 
Le Jockey-Club

Couru pour la 1ère fois le 24 avril 1836, le Prix du Jockey-Club se disputa sur l'Hippodrome de Chantilly, le premier dimanche de juin. Cette épreuve est le principal objectif des meilleurs chevaux mâles âgés de trois ans. Son pendant, le prix de Diane, est lui réservé aux femelles de 3 ans. Le Prix du Jockey-Club s’est couru pendant longtemps sur une distance de 2400 mètres. Depuis 2005, la distance a été ramenée à 2 100 mètres. Pour arriver à courir le Prix du Jockey-Club, les chevaux de 3 ans disposent de courses préparatoires, dites « Poules ». L’équivalent de cette course mythique, en Angleterre, est le Derby d’Epsom.
 
Les records

JOCKEYS : Yves-Saint Martin (9 victoires) ; Cash Asmussen (4 victoires) ; Christophe Soumillon (3 victoires)
Entraineurs : Tom Jennings (10 victoires) ; A. du Royer-Dupré (6 victoires) ; A. Fabre (4 victoires)
 
 
Un CHEVAL RESSORT DE CETTE HISTOIRE
 
Il faut noter que TEDDY avait gagné, le mardi 3 octobre, le Prix de Darbonnay (Critérium des produits) et le jeudi 5 octobre, le Prix de Darnay.

TEDDY, mâle bai, par Ajax et Rondeau, était la propriété de Monsieur J.D. COHN, Jockey G. STERN et l’entraineur R. DENMAN.
 
TEDDY, qui avait gagné auparavant par trois longueurs, le 2 juillet 1916, le Grand Prix de San Sebastian (Espagne) puis le 17 septembre le Saint Léger de San Sebastian s’affirma à Moulins comme le leader incontestable de sa génération.

Il courut 8 courses au total et remporta 6 victoires, dont 3 à Moulins. Devenu étalon, il devint un Chef de Race remarquable, produisant un très grand nombre de gagnants et surtout de très bons chevaux :
 
  • SIR GALLAHAD  (Poule d'Essai des Poulains, Prix Jacques Le Marois) (Chef de Race) - Père de GALLANT FOX (Kentucky Derby, Belmont S., Preakness S.) (Chef de Race)

  • ASTERUS (Poule d'Essai des Poulains) (Chef de Race)

  • ORTELLO (Prix de l'Arc de Triomphe, Derby Italien) (Chef de Race)

  • MACHERIO (Gran Premio di Milano)

  • STIGLIANO (Derby d'Italie)

  • SHRED (Prix Lupin, Prix Daru, Prix Juigné)

  • CHECK MOTE (Prix Greffulhe, Prix Eugène Adam, Prix Delâtre, Grand Prix de Vichy)
  • POTIPHAR (Prix Eugène Adam, Prix Daru, Prix Thomas Bryon)

  • BULL DOG (Prix Daphnis) (Chef de Race aux USA) SUN TEDDY(Arlington Hcap) (Chef de Race aux USA)

  • LA TROIENNE, jument base dans de nombreux pedigrees aux USA, ancêtre de Allez France (21 courses, 13 victoires dont Prix Marcel Boussac en 1972, Poule d’Essai des Pouliches, Prix de Diane, Prix de Vermeille en 1973, Prix d’Harcourt, Prix Ganay, Prix d’Ispahan, Prix Foy, Prix de l’Arc de Triomphe en 1974, Prix Ganay, Prix Foy, Prix Dollar en 1975.)
 
 
 
 
 
L'HIPPODROME DE MOULINS
 
La société des courses de Moulins a été créée en 1850 par le Baron de Veauce. A l’origine, la société courait sur l’hippodrome des Rocs à Avermes. C’est en 1875 qu’elle inaugure l’hippodrome actuel sur les rives de l’Allier. La qualité des pistes est unanimement reconnue. Elle organise 10 réunions de courses par an, dont six sont des réunions premium. On y retrouve les 3 disciplines, plat, obstacles et trot. Elle possède un centre d’entrainement sur le même terrain qui est fréquenté quotidiennement par 130 chevaux. Au fur et à mesure, les présidents successifs ont entretenu et amélioré le site : arrosage automatique, boxes pour les jours de courses, restaurant panoramique…


L’hippodrome de Moulins, aujourd’hui, c’est :

- Une piste plate en herbe
- Une piste d’entrainement en herbe
- Une piste d’entrainement en sable
- Une piste de haies en herbe
- Une piste de steeple-chase en herbe
- Un parcours de cross-country
- Des pistes d’obstacle en sable  pour l’entrainement
- Une piste en pouzzolane

 
Calendrier 2016
 
1e semestre
2e semestre
Lundi 4 avril
Samedi 16 avril : Prix du Centenaire du Jockey-Club
Vendredi 29 avril
Samedi 7 mai
Samedi 28 mai 
Vendredi 12 aout
Jeudi 25 aout
Mercredi 31 aout
Samedi 1er octobre
Vendredi 21 octobre
 
Quelques chiffres
 
Le nouvel hippodrome de Moulins datant de 2009 a coûté 4 millions d’euros répartis comme suit :

20% pris en charge par l’Agglomération de Moulins
20% par le Conseil Général
20% par le Conseil Régional
20% par la Fédération Nationale des Courses Françaises
20% par la Société des Courses de Moulins qui a mis en place un crédit sur 15 ans
 
 
 
 

L’EVENEMENT MARQUANT DE 2016
 
Le Prix du Centenaire du Jockey-Club à Moulins
 
La réunion du 16 avril ne sera pas une simple réunion de courses. La société des courses entend rendre hommage aux dirigeants de la S.E. de l’époque, ainsi qu’au cheval TEDDY, en soulignant ce fait historique marquant. Cet événement a obtenu le label « Centenaire » de la part du Comité National de la Mission du Centenaire. En plus de cette réunion de courses, pour marquer cet événement historique, une conférence sera organisée quelques jours auparavant sur les thèmes «  la place du cheval pendant la guerre », « la réquisition » et l’histoire de « TEDDY ».
 
La Société des courses de Moulins désire donner un certain retentissement à cette journée et a arrêté un programme adapté.
 
Tout d'abord, le « Prix du Centenaire »  sera une course importante, dont les acteurs auront la possibilité de s’aligner au départ du Prix du Jockey-Club qui se courra en juin 2016 à Chantilly.
 
De plus, sur l’hippodrome, une exposition, relative à la guerre sera proposée en partenariat avec le Lycée Agricole et l’Office National des Anciens Combattants.
 
Enfin, nous réaliserons un « remake » du Prix du Jockey-Club de 1916, avec costumes de l’époque. Pour cela nous invitons les participants à venir vêtus d’un chapeau melon, hauts de forme, ombrelle ou autre pour recréer l’atmosphère de 1916 et rendre hommage à nos ancêtres, héros de guerre.
 
Nous attendons sur l’hippodrome des propriétaires et des entraîneurs de renommée internationale. Monsieur Yves Saint Martin nous a d’ores et déjà confirmé sa venue.
 
 

Yves Saint-Martin gagne l'Arc de Triomphe 1974 avec Allez France, une descendante de Teddy.
 
 
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