Mathieu Le Forestier par lui-même: de l'inédit et du croustillant !

29/05/2010 - Actualités
Il a du entendre 1000 fois dans sa jeunesse fredonner la chanson "C'est une maison bleue...accrochée à la colline...", grand tube de son célèbre homonyme, M. Le Forestier, qui chantait aussi "être né quelque part". Né à Nantes, jeune entraîneur à Chantilly, Mathieu Le Forestier vient de remporter son 1e quinté à Longchamp. Cet ancien étudiant d'HEC viré à grand coup de pied au cul, possède lui aussi un sacré sens de la formule.

 

Lorsque Xavier Bougon l'a contacté pour mieux connaître ce jeune entraîneur, vainqueur d'un quinté sur le tapis vert avec Non Stop, cela un an seulement après son installation à Chantilly, Mathieu Le Forestier n'a pas répondu pas un simple texto phonétique, un coup d'Iphone ou un mail criblé de faute d'orthographe. Non point, ce faux cancre d'HEC a tout simplement écrit ce qu'il trouvait notable de son parcours personnel. France Sire publie in extenso le récit croustillant et plein d'anecdotes de cet entraîneur avec qui on ne risque pas de s'ennuyer...

 

Mathieu Le Forestier a conservé le look de l'étudiant en HEC, dont il s'est pourtant fait virer avec fracas !

 


" Merci pour le Quinté. J'aurais préféré remporter ce genre de course sur la piste. Le cheval devrait être capable de rectifier cela.
 
Voici donc quelques éléments biographiques me concernant, et je suis certain que vous ne censurerez pas votre légitime admiration pour en faire un usage hagiographique enthousiaste.
 
J'ai effectivement suivi une scolarité dans la riante localité de Jouy en Josas, scolarité à laquelle on peut accoler de nombreux adjectifs ou adverbes autres que "brillante". Les plus positifs parlent plutôt de "laborieuse", mais on retrouve plus souvent "nulle", "lamentable", "en dessous de tout"... Le fait est que j'ai tellement aimé HEC que j'y ai effectué une année surnuméraire. Sans doute cela tient-il à mon amour encore plus grand des écuries de courses, qui absorbaient déjà mon temps et mon énergie. Et grâce à mon sens aigu du compromis, j'ai réussi à fâcher suffisamment l'administration de l'école qui m'a éjecté sans diplôme alors même que l'ensemble de mes obligations académiques étaient remplies à l'exception de mon rapport de stage.

 

Non Stop, vainqueur du quinté de dimanche à Longchamp

 

Ces bonnes âmes, subodorant depuis le départ une forte tendance à la déviance se caractérisant entre autres par le refus de la vie en collectivité sur le campus et le port de sabots bretons en cours de marketing, ont ainsi abrégé mes souffrances académiques et bien failli me faire déshériter (à la même époque, la curiosité m'avait aussi poussé à défénestrer les yorkshires de ma mère, ce qui avait assombri les relations inter-générations pendant quelques temps... mais heureusement la chirurgie canine fait des miracles).

 

Non Stop


 J'ai donc pu me livrer à plein temps aux joies d'une vie agreste sur l'hippodrome de Machecoul pendant les deux années suivantes, de 2006 à  2008 (après avoir déjà effectué plusieurs stages d'assistant entraineur chez Erick Sotteau pendant les périodes de temps libres que me laissaient mes rattrapages académiques, de 2003 à 2006). Je dois avouer avoir énormément appris pendant ces années auprès d'un maitre possédant une culture équine très poussée. Je crois que nous travaillions vraiment bien avec de tout petits moyens et un stock de chevaux très ordinaire. Dans les bonnes périodes, nous courrions deux fois par semaine à Paris. Le reste du temps, nous partions dans de grandes expéditions transbretonnes où j'ai développé des capacités intestinales me permettant de participer aux concours locaux d'avaleurs de galettes-saucisses. J'ai aussi un peu fait le gentleman, mais j'avais de réels problèmes de poids. La plupart des hippodromes sur lesquels je me suis produit ont depuis été abolis, ou sont en passe de l'être, sans doute un signe... Ca a vraiment été une belle époque. Je travaillais beaucoup, mais l'ambiance était bonne, familiale. Il fallait se débrouiller. J'en ai gardé une bonne connaissance des champs de courses de l''ouest, leur hiérarchie, les subtilités du programme. Ca m'a permis en tant qu'entraineur parisien de faire de bons déplacements hors PMU, qui peuvent facilement tourner au bouillon si l'on y va en aveugle.

 

Journey of Life a offert sa 1e victoire en tant qu'entraîneur à Mathieu Le Forestier en juillet 2009 à Chantilly

 

A cette époque, j'ai fait prendre ses couleurs à mon père, et nous nous sommes associés dans un cheval. Nous avons eu la main heureuse puisqu'il s'agissait de Kohi Nor, qui court encore aujourd'hui et avec lequel nous avons eu de vraies joies (3e de Quinté à Clairefontaine, 2e du Francis Chene puis 3e du Grand Prix à Angers. Dans l'ouest cette année là, notre malheur s'appelait Resleon, un cheval d'Henri Alex Pantall, qui nous a battu toute l'année...  Puis il y a eu Journey Of Life, qui a été un peu frustrante car pleine de problèmes. Elle a quand même gagné son maiden avant de faire l'arrivée à Deauville handicap en fin d'année de 3 ans. Je l'ai récupérée en m'installant, c'était un vrai cauchemar: tellement raide qu'on la surnommait "robocop" , elle avait aussi un sale caractère, et se promenait beaucoup en liberté sur les Aigles, subséquemment à des prises d'arts martiaux du genre "Matrix". Elle avait une façon de vous foutre par terre exprès, absolument imparable...

 

Mathieu Le Forestier avec Journey of Life et Fabien Lefebvre, jockey et ami


 
J'ai sauté dans mon récit quelques mois passés en tant que stagiaire chez FX de Chevigny, période qui a eu le mérite de m'ouvrir les yeux sur les opportunités d'une installation à Chantilly.
 
Le premier cheval qui m'a permis de gagner ma vie a été Enlil. Il est arrivé chez moi un peu par hasard. Son ancien entraineur Patrick Tual cessait son activité, et son propriétaire cherchait un entraineur. Il courait à Saint Cloud l'après midi. Son jockey Fabien Lefebvre, qui est aussi un vrai ami, a parlé pour moi et m'a appelé pour me demander mon prix de pension. Le soir, le cheval était chez moi. Depuis, nous avons gagné 4 courses avec ce propriétaire et fait quelques achats. Mais avec le recul, je me rends compte de la chance que j'ai eu qu'un propriétaire que je n'avais jamais vu fasse un tel coup de poker. Il est dans les affaires, je crois que cela fonctionne comme ça dans son milieu, à l'instinct. D'autant que ça ne s'est pas bien passé tout de suite. J'ai reçu le cheval déjà engagé, et je n'ai pas eu trop le choix de ne pas courir. C'est une situation assez pénible de ne pas maitriser quelque chose comme son premier partant, surtout quand on finit avant dernier. Après quelques réglages, le cheval a fait régulièrement l'arrivée. Entre temps, j'ai gagné ma première course à Chantilly le 1er Juillet, avec la susnommée Journey of Life, qui avait entre temps changé de couleurs. C'était la 8e, et il devait faire environ 35 degrés. Cette jument n'allait que sur des pistes très légères. Elle aurait sans doute pu gagner Groupe sur un parking de supermarché. Je tournais autour du pot depuis un certain temps. Deux fois deuxième au Croisé fin mai. Je m'étais vautré en sortant des balances en courant voir la ligne d'arrivée...

 

Victoire de Mathieu Le Forestier à Saint-Cloud avec Time To Beat


 
Le bon achat a été Non Stop. Il venait d'Allemagne. Nous cherchions un remplaçant pour Enlil, dont nous savions qu'il ne serait pas éternel. Mon client était en vacances, nous venions de gagner avec Enlil. J'avais fait le papier de ce réclamer, et n'avais rien dit à personne. J'ai regardé la course à Chantilly, le cheval était arrivé 4e. J'ai appelé le client, et il m'a fait confiance, sans avoir vu la course. Il était très perfectible, et nous avons pu gagner un gros réclamer à Chantilly un mois plus tard. C'était la première parisienne pour Mr Charbit, et il a donc reçu des mains du représentant de France Galop ce superbe cendrier massif en plexiglas, une sorte d'objet contondant dont je ne doute pas qu'il connaitra un jour son heure de gloire dans un épisode d'Enquêtes Criminelles, ou de Faites Entrer L'Accusé. "

En résumé

Né en octobre 1980 à Nantes

Etudiant à HEC à Jouy en Josas
Assistant d’Eric Sotteau
Gentleman-rider (3 montes) à cause du poids
Stagiaire à Chantilly chez F.X. de Chevigny

Licence d’entraineur public depuis le 14 février 2009, installé à Chantilly.
Premier partant : 16 mars 2009 à Compiègne avec Enlil, un ancien pensionnaire de Patrick Tual, qui cessait son activité.

7 victoires, toutes PMU dont trois en un mois
Première victoire : Chantilly 1er juillet  avec Journey of Life

Dimanche, vainqueur sur le tapis vert du tiercé avec Non Stop (acheté à réclamer le 11 août 2009 à Deauville pour 22.000 €.


 

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