Le destin particulier de Ludovic Philipperon, double lauréat du Prix Cambacérès

18/11/2023 - Actualités
Dimanche dernier, Ludovic Philipperon a signé la 2e victoire de Gr.1 de sa carrière dans le Prix Cambacérès avec Jigme. L’occasion de revenir sur le parcours atypique de ce jockey chevronné, qui s’est révélé dans la discipline de l’obstacle après des débuts difficiles. Par Alice Baudrelle. 
Ludovic Philipperon après sa victoire dans le Prix Cambacérès 2023, en selle sur Jigme © APRH
 
 
En 2015, Ludovic Philipperon gagnait son 1er Gr.1 (et son 1er Groupe tout court) avec Chimère du Berlais (Martaline) dans le Prix Cambacérès. Une épreuve qu’il a de nouveau remportée dimanche dernier grâce à Jigme (Motivator), impérial pour sa dernière sortie avant le haras. Le jockey de 35 ans nous a raconté : « Lorsque Jigme est arrivé chez Marcel Rolland, il avait beaucoup de sang et était un peu compliqué. Mais il s’est vite calmé quand il a commencé à sauter, tout en gardant un peu d’influx. Il a été plutôt facile à dresser : au mois de février, il savait déjà faire un tour et demi des grosses sans faire une faute. J’ai été associé à beaucoup de très bons chevaux au cours de ma carrière, mais Jigme est le meilleur 3 ans que j’ai jamais monté. »
 
Il avait déjà gagné le Cambacérès en 2015 avec Chimère du Berlais, l’une des rares femelles à figurer au palmarès de l’épreuve © APRH
 
 
Ludovic Philipperon a entamé sa collaboration avec Marcel Rolland il y a 5 ans grâce à un certain Crystal Beach (Network), qui lui a notamment offert une victoire dans le Prix Murat (Gr.2) : « Marcel Rolland m’a contacté quand il a reçu Crystal Beach, avec lequel j’avais déjà gagné lorsqu’il était chez Nicolas Bertran De Balanda. Il m’a demandé si je pouvais le monter et si on pouvait travailler ensemble. Je m’étais déjà imposé pour Marcel Rolland quand j’étais apprenti, mais notre collaboration a réellement commencé avec Crystal Beach. Cela se passe plutôt bien car nous avons une bonne communication et la même vision des courses, 2 critères importants pour une relation fructueuse entre un entraîneur et son jockey. Le matin, j’alterne les lots entre les écuries de Robert Collet, Marcel Rolland et Giada Menato, qui commence à avoir beaucoup de chevaux. »
 
Ludovic Philipperon et Crystal Beach sur le rail ditch and fence © APRH
 
 
Outre Jigme et Crystal Beach, Ludovic Philipperon a monté un grand nombre de bons chevaux pour Marcel Rolland. Notamment Hôtesse du Chenet (Martaline), avec laquelle il a remporté 5 Groupes sur les haies d’Auteuil et de Compiègne … mais aussi Irja Has (Dream Well), Ma Beauté (Montmartre), Inès du Chenet (Spanish Moon), Colbert du Berlais (Poliglote) ou encore Marlonne (Martaline). C’est néanmoins grâce à Robert Collet, l’entraîneur de Chimère du Berlais, qu’il s’est fait un nom. Ludovic Philipperon a également gagné au niveau Groupe pour lui avec Titi de Montmartre (Montmartre) et James du Berlais (Muhtathir).
 
Hôtesse du Chenet a remporté 5 Groupes sous la selle de Ludovic Philipperon © APRH
 
 
Petit-neveu des anciens jockeys Maurice et Jean-Pierre Philipperon, Ludovic Philipperon ne rêvait cependant pas de suivre leur voie. Ce sont ses parents qui l’ont poussé à faire ce métier : « Ils m’ont dit : "Tu es petit et léger, tu feras ça !" et je n’ai pas eu le choix. Avant mon arrivée à l’AFASEC, je ne montais pas du tout à cheval. J’ai fait mon apprentissage chez Christiane Head pendant 4 ans avant de partir chez Jonathan Pease, qui m’a fait monter mes 1ers gagnants en plat. Mais j’ai été rapidement rattrapé par le poids, et j’ai arrêté de monter en course pendant 2 ans. Dans ma tête, c’était fini, et je suis retourné chez Christiane Head en tant que cavalier d’entraînement. »
 
Son grand-oncle Maurice Philipperon a été un excellent jockey dans la discipline du plat, lui qui fut le pilote d’un certain Kendor
 
 
Pour l’anecdote, Ludovic Philipperon s’est reconverti dans l’obstacle suite à une boutade de Christiane Head : « J’étais tombé sur le gazon car mon cheval s’était dérobé et avait sauté un fusain. Christiane Head m’avait dit en rigolant que je n’avais plus qu’à me mettre à l’obstacle, et je l’ai prise au mot ! Je suis donc entré au service de Robert Collet, qui m’a fait débuter en obstacle en 2010. Erwan Grall, qui était responsable de l’écurie à l’époque, m’a beaucoup appris. Il m’a fait recommencer l’équitation à zéro et ça m’a bien servi, puisque j’ai gagné dès ma 3e monte en obstacle. »
 
Ludovic Philipperon a effectué son apprentissage chez Christiane Head © APRH
 
 
Parmi tous ses bons souvenirs, le jockey évoque son 1er Cambacérès ainsi que ses montes à l’étranger : « J’ai eu la chance de monter Titi de Montmartre à Cheltenham, mais aussi Serienschock (Sholokhov) à Aintree pour Alexandra Rosa. Des expériences incroyables dont je me souviendrai toute ma vie ! » Titulaire de 28 succès cette année, Ludovic Philipperon n’aspire pas à décrocher une Cravache d’Or dans le futur : « Mon objectif est de rester constant année après année. Je ne pense pas à la Cravache d’Or car c’est très compliqué. Je préfère continuer à entretenir une relation de confiance avec les professionnels qui font appel à moi, ce qui est primordial. »

    

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