Qui sont les deux étalons d'élite les plus sous-cotés de France ?

Depuis quelques année, force est de constater que notre parc étalon français gagne en envergure. En plat, les réussites de Siyouni et Zarak font partie des leaders européens, et en obstacle, des sires comme Doctor Dino, Saint des Saints, No Risk At All ou Kapgarde voient leur production briller au plus haut niveau des deux côtés de la Manche et faire s’affoler les enchères autour des rings de ventes. De même, en ce qui concerne les étalons débutants, l’arrivée au Haras de Beaumont d’un cheval de la qualité d’Ace Impact, n’avait pas eu lieu depuis des décennies. Sans compter l’arrivée de chevaux de renom comme Mishriff, Persian King ou Hello Youmzain. Mais comme c'est le cas outre-Manche, la cote des étalons est très fluctuante, et un étalon peut rapidement se voir coller une étiquette, et ainsi être boudé par le marché, même si en piste sa production est performante.

 

Parmi la centaine de reproducteurs en France, deux étalons, un d’obstacle et un de plat étalons paraissent (à notre humble avis) très sous-cotés. Le terme de « sous-coté » est évidemment subjectif. Un étalon peut être sous-coté pour l’un et surcoté pour d’autres. Ici, nous parlons d’étalons à moins de 10 000 €, pères de plusieurs vainqueurs de Gr.1, mais qui sont dans l’ombre de certains de leurs homologues, habitués à faire les gros titres. A la lecture de ces critères, qui peuvent être ces étalons sous-cotés ?

 

 

   Au haras, la plupart des étalons déçoivent, il est très difficile de sortir du lot

 

 

 

Gagnant de Listed en plat et en obstacle, Great Pretender a débuté sa carrière d’étalon en 2006 au Haras de Mortrée à 1800€ la saillie seulement. Au fil des années, à force de bons résultats, il a vu son prix grimper jusqu’à 8000 € à partir de 2019. Si Kapgarde son illustre voisin, est le cheval de cœur de Pascal Noue, ce dernier n’a de cesse de répéter que selon l’autre pilier de son haras Great Pretender n’a pas la reconnaissance qu’il devrait avoir. En effet, parmi les étalons d’obstacle confirmés, ayant déjà produit plusieurs vainqueurs de Gr.1, il est le seul dont le prix de saillie est inférieur à 10 000 €. Les alezans Doctor Dino et No Risk At All dépassent les 20 000, et les Saint des Saints, Kapgarde et Masked Marvel affichent un tarif presque deux fois supérieur à Great Pretender. Un autre étalon est dans le même cas de figure, il s’agit de Motivator. Cependant, ce dernier avait connu des problèmes de santé l’ayant handicapé durant plusieurs saisons, ce qui peut expliquer cette sous-cote.

 

 

Great Pretender, dans l'ombre de son voisin Kapgarde 

 

 

L’un des points pouvant expliquer ce tarif, est qu’il est boudé par les courtiers irlandais et anglais. Ces derniers expliquent que les produits de Great Pretender ont tendance à corner, à l’image de ceux de King’s Theatre dont il est issu. Dès lors de par le principe des vases communicants, moins de débouchés commerciaux  pour les éleveurs, donc moins d’attrait pour l’étalon. Même constat aux ventes. En France ou bien outre-Manche, un seul de ses stores a fait grimper les enchères à 100 000 € au cours de ces cinq dernières années. Mais comme le veut l’expression : « les courses ne se gagnent pas aux ventes, mais sur les hippodromes ».

 

 

 

 

Et sur les hippodromes, les produits de Great Pretender sont diablement efficaces. A l’heure actuelle, l’étalon de la Hetraie a produit 7 vainqueurs de Gr.1, et 10 lauréats de Gr.2 et Gr.3. Parmi ses meilleurs éléments, citons Greaneteen (Tingle Creek Chase, Celebration Chase x2), Bénie des Dieux (lauréate de Gr.1 en France, Angleterre et Irlande), et la dernière en date Lossiemouth. Cette élève des Madamet et Ian Kellitt, possède déjà du haut de ses 5 ans un sacré palmarès. Gagnante à 4 ans Champion 4YO Hurdle et du Triumph Hurdle à Cheltenham, la grise a de nouveau triomphé sur la colline cette saison. Soulignons tout de même que Great Pretender n’a jamais eu l’accès à des juments haut de gamme en très large nombre. En 17 saisons de monte il n’a dépassé les 100 juments qu’à 4 reprises, avec une pointe basse à 23 ! Toutefois, après plusieurs saisons à osciller entre 48 et 75 juments, Great Pretender a connu un regain d’intérêt la saison passée avec 111 juments saillies. Désormais âgé de 25 ans, Great Pretender n’a malheureusement pas de successeur au haras. Avis à nos amis éleveurs qui ont ses fils dans les prés …

 

 
Lossiemouth, la septième gagnante de Gr.1 de Great Pretender

 

 

 

Fils de Galileo, l’étalon le plus influent de notre ère, et de la gagnante de Gr.2 et placée de Poule d’Essai Impressionnante, Intello s’est rapidement montré digne de ses origines prestigieuses. Sous la férule d’André Fabre, il fut invaincu à 2 ans, et réalisa une saison de 3 ans de très haut vol, remportant le Jockey Club, et en montant sur le podium de l’Arc sur 2400 mètres et du Prix Jacques le Marois sur le mile. Comme c’était la mode à l’époque, Intello a fait la navette entre l’Angleterre et la France, alternant deux saisons à Cheveley Park Stud et deux saisons au Quesnay. Cependant, comme pour Charm Spirit, cette stratégie s’est avérée peu efficace, de par le manque de continuité pour les éleveurs. Finalement, Intello a bénéficié du fait de s’installer définitivement dans l’hexagone.

 

 

 Intello lors de son sacre dans le Prix du Jockey Club ©APRH

 

 

Au haras, Intello avait sorti dès ses premières générations Intellogent, un lauréat du Prix Jean Prat (Gr.1), mais avait peiné à confirmer les saisons suivantes. Dès lors son prix de saillie a été revu à la baisse. Cependant, plus son tarif baissait, plus ses résultats étaient flatteurs. En 2022, l’ex représentant Wertheimer a sorti 6 gagnants de Groupe, dont Adhamo qui a brillé au plus haut niveau aux USA. L’an dernier, Intello a été notamment mis en lumière grâce à son fils Junko, vainqueur du Grosser Preis Von Bayern (Gr.1), avant de triompher dans le Hong Kong Vase (Gr.1). Au niveau des stats, l’an dernier l’étalon de Beaumont possédait le 4^e meilleur pourcentage de gagnant black type/partant, devant des chevaux comme Siyouni, Muhaarar ou Kendargent. En France, il est le seul étalon avec Lawman (qui aurait pu faire l’objet de cet article) à avoir produit au moins 3 vainqueurs de Gr.1 à être proposé à moins de 10 000 €.

 

 

 Junko après son sacre dans le Hong Kong Vase
 

 

Ses fils et filles étant majoritairement meilleurs à partir de leur année de 3 ans, sa cote commerciale en a logiquement pâtie aux ventes. Il est néanmoins intéressant de constater, que beaucoup des noms qui figurent sur les bons, sont ceux d’entraîneurs ! Pour cause, ces derniers font fi des modes commerciales et recherchent davantage des chevaux fiables, solides et compétitifs en piste. Ces dernières saisons, en moyenne 45% de ses partants sont gagnants, ce qui le classe dans le haut du panier. Au tarif de 8000 €, Intello apparait alors comme l’un des meilleurs rapports qualité-prix de tout le parc étalon hexagonal.