Shes Perfect/Zarigana : les décisions litigieuses font l'histoire du sport
12/05/2025 - Actualités
La victoire de Shes Perfect n’aura duré que quelques minutes. À la suite d’une réclamation et après visionnage des images, les commissaires ont décidé de la rétrograder, offrant la victoire à la française Zarigana. Une Poule d’Essai au scenario rocambolesque qui restera indéniablement dans les mémoires. Par Baptiste Bourgeais.
Shes Perfect et Zarigana à quelques mètres du poteau ©APRH
Dimanche, nous avons vécu vingt minutes de pure dramaturgie, comme seul le sport peut nous en offrir. En piste, Shes Perfect et Zarigana se sont livrées à un duel épique, et ont passé le disque final dans la même foulée. Après examen de la photo finish, la Britannique fut donnée gagnante. Venus en nombre, les associés de l’écurie de groupe Busher Watts Racing laissaient exploser leur joie extatique, tandis que, dans le clan français, la moue était présente sur tous les visages. Sur leur nuage, les heureux propriétaires de Shes Perfect, en train de vivre l’un des moments les plus forts en émotion de leur vie, posent pour la photo, tandis que retentit soudain la sirène.

Les commissaires convoquent les deux jockeys, Kieran Shoemark et Mickaël Barzalona (qui avait décidé de porter réclamation), afin d’entendre leurs explications sur le mouvement survenu à 200 mètres du poteau. Pendant ce temps, dans le rond de présentation, les entourages sont suspendus à la décision, lourde de conséquences, des commissaires. Les visages sont crispés, et chaque seconde paraît durer des heures.
Le verdict tombe : Zarigana est déclarée gagnante. À cette annonce, Francis-Henri Graffard en perd presque ses jambes. Le soulagement est immense. Dans le clan anglais, c’est l’incompréhension. L’annonce ayant été faite en français, ils ne comprennent pas immédiatement que leur victoire s’est volatilisée. Ce n’est que lorsque les noms de Shes Perfect, Kieran Shoemark et Charlie Fellowes ont disparu du grand écran qu’ils en prennent pleinement conscience. L’ascenseur émotionnel est terrible à encaisser pour les visiteurs.



Dans les courses, comme dans tous les autres sports, il y a des arbitres. Baptisés commissaires, ils sont là pour faire respecter les règles, afin de garantir l’intégrité et qu’aucun concurrent ne soit injustement pénalisé par l’action d’un rival. Dans tous les sports impliquant du contact physique (football, basket, handball, etc.), les « fautes » sont sifflées quand l’intervention ou le contact est jugé excessif. Or, toute la difficulté est de placer la limite entre un contact jugé acceptable et celui qui ne l’est pas. L’exemple le plus frappant, et le plus connu du grand public, est un contact dans la surface de réparation au football. « Y’a péno ! » hurlera l’un, tandis que l’autre rétorquera : « Mais non, il l’a à peine touché ! » D’ailleurs, pour revenir à notre Poule d’Essai, les propriétaires de Shes Perfect ont argué qu’en Angleterre, leur pouliche n’aurait jamais été disqualifiée. À l’image du football, outre-Manche, des fautes comme celle-ci ne sont pas sifflées. En France, si.

Aussi cruelle que soit cette décision pour l’entourage de Shes Perfect, elle n’est ni la première, ni la dernière de l’histoire des courses. En 2019, Maximum Security a franchi le poteau en tête du Kentucky Derby, mais a été rétrogradé à cause d’un écart dans le dernier virage. En 1980, le légendaire Nureyev a vu son sacre dans les 2000 Guinées lui être retiré à l’issue d’une décision très controversée. Quarante-cinq ans après, cet épisode fait partie de la grande histoire des courses mondiales. Preuve que le sport — et les courses, en l’occurrence — déchaîne les passions. Peu importe l’âge, la classe sociale ou le pays d’origine, les sentiments provoqués par de tels événements sont universels. Et les débats, sans fin !
