Etats-Unis : derrière les chiffres fous se cache une autre réalité
22/09/2025 - Actualités
La September Sale de Keeneland a battu tous les records avec plus de 529 millions de dollars. Mais derrière ces chiffres vertigineux, certains acteurs de la filière américaine alertent : l’élite prospère tandis que la base s’effondre. Par Baptiste Bourgeais.
Les yearlings de la September Sale ont atteint de très hautes sphères
Comme nous vous l’avions présenté dans un article il y a quelques jours, la September Sale de Keeneland (la vente de yearlings numéro 1 du pays) a atteint un chiffre d’affaires stratosphérique, dépassant les 529 millions de dollars. À l’image de ce qui se passe en Europe, où les grandes agences voient les records de leurs ventes premium tomber les uns après les autres, aux États-Unis, les superpuissances se battent à coup de millions pour s’offrir les meilleurs pedigrees. À première vue, ces prix démesurés pourraient laisser penser que l’industrie se porte excellemment bien. Pourtant, comme le disait l’un des plus gros propriétaires américains, Mike Repole : « les imbéciles voient tous ces records et se disent que notre sport prospère, mais il est en train de mourir. »

Des propos très forts de la part du milliardaire originaire de New York, qui admet également sa part de responsabilité dans ce phénomène inflationniste. Si, pour l’élite, la situation n’a jamais été aussi enviable, le bas de la pyramide souffre énormément. Étayant son propos, Repole signale qu’aux États-Unis, le nombre de naissances est passé en quelques années de 50 000 à moins de 20 000. Les étalons leaders sont désormais responsables de 20 % du volume total des naissances. Résultat : les prix ont explosé, les inégalités se sont creusées, les riches sont devenus encore plus riches, et le milieu comme le bas de gamme meurent progressivement.

Les conséquences de ce déclin des naissances sont bien réelles selon lui : moins d’hippodromes, moins de propriétaires, moins d’entraîneurs, moins de parieurs, moins de fans. Sur le long terme, cette spirale pourrait avoir des effets dévastateurs sur la filière dans son intégralité. Au vu du tableau dépeint ici, difficile de ne pas faire le parallèle avec la situation française. Chez nous aussi, le marché se concentre autour d’un nombre réduit d’étalons. Sept grands haras se partagent près de la moitié du marché français. Et comme aux États-Unis, malgré un haut de gamme toujours plus cher, la situation globale a rarement été aussi délicate.
