Al Ghadeer : encré à jamais dans la légende, ancré pour toujours dans les coeurs

Al Ghadeer, premier pur-sang arabe de l'histoire à apposer son nom par trois fois au palmarès de la Qatar Arabian World Cup (Gr.1 PA), "l'Arc" des pur-sang arabes, sur l'hippodrome de ParisLongchamp (© APRH)

À s'y méprandre, le bonheur ressemble à un cheval lancé plein galop. On croit pouvoir le tenir. On croit savoir l’apprivoiser. Quand soudain, sans crier gare, il prend la main. S'emballe. Et nous emporte loin. Beaucoup plus loin que ce qui était prévu. Cette cavalcade vers la plénitude, François Rohaut l'a pleinement vécue, et ressentie durant ce premier week-end du dixième mois de l'année. Visiblement. Et audiblement. Tout d'abord vendredi 03 octobre, avec les succès de Laffan (Af Al Buraq) dans le Qatar Arabian Trophy des Poulains (Gr.1 PA), puis Subahiyah (Mahabb) dans celui des Pouliches (Gr.1 PA), à Saint-Cloud. Mais aussi, et surtout, ce dimanche 05 octobre, sur l'hippodrome de ParisLongchamp. Quand son champion Al Ghadeer (Al Mourtajez) a franchi le poteau en tête dans la Qatar Arabian World Cup (Gr.1 PA)... pour la troisième année consécutive. Un exploit sur-mesure. Pas fait dans la demi-mesure. D'autant plus qu'avant lui, aucun autre pur-sang arabe n'avait réussi à l'accomplir.

Al Ghadeer, un pur-sang arabe qui aura compté dans la vie de beaucoup, notamment dans celles de François Rohaut, Christophe Soumillon et Damien Morin (© APRH)

Associé à son fidèle Christophe Soumillon, auteur d'un retentissant coup de trois au cours de la journée (car ayant aussi remporté le Qatar Prix Marcel Boussac (Gr.1) avec Diamond Necklace (St Mark's Basilica) et le Qatar Prix Jean-Luc Lagardère (Gr.1) avec Puerto Rico (Wootton Bassett), ndlr), Al Ghadeer a longtemps galopé à l'arrière-garde, avant de suivre la progression de Hm Alchahine (Al Mourtajez), en dehors. Tous deux se sont ensuite livrés à une très belle lutte finale, de laquelle est donc ressorti vainqueur le premier cité, de trois-quarts de longueur "seulement". Rb Mary Lylah (Al Mourtajez) est quant à elle venue compléter le podium de cette très belle épreuve, encore deux longueurs et demie plus en retrait.

Al Ghadeer (Christophe Soumillon) et Hm Alchahine (Cristian Demuro), deux tandems qui auront marqué de leur empreinte l'édition 2025 de la Qatar Arabian World Cup (Gr.1 PA) à ParisLongchamp (© APRH)

Ce bonheur de voir "son" champion réaliser ce qui semblait jusque-là irréalisable, François Rohaut n'a pas cherché à le contenir. Plutôt que de continuer à "tirer sur les rênes", il a tout bonnement décidé de les "laisser en guirlande". De lâcher prise en fait. De crier. De hurler. De taper du pied. De sauter. D'enlacer. De rire. De pleurer. Bref, de vivre le moment. Pleinement. Simplement. Purement. Tout comme Christophe Soumillon, d'ordinaire plus mesuré au moment de revenir en vainqueur avec son cheval, dans l'enclosure des balances, et qui a lui aussi été emporté par cette immense vague d'émotion À l'instar aussi de Damien Morin, le cavalier du matin d'Al Ghadeer, qui l'a accompagné aux courses en ce premier dimanche d'octobre. Celui qui lui parle en un clin d'oeil, le lit en un coup d'oeil, et mérite aussi une énième médaille de l'ombre, avec tous ses collègues d'écurie, pour l'obtention de cette nouvelle médaille d'or. La 13ème du représentant d'Al Shaqab Racing. La 11ème au niveau Gr.1.

François Rohaut, les yeux de l'amour pour son champion Al Ghadeer, après leur troisième sacre consécutif, et historique, dans la Qatar Arabian World Cup (Gr.1 PA) (© APRH)

Al Rayyan Cup, Qatar Arabian Trophy des Poulains, Qatar Derby des Pur-Sang Arabes de 4 Ans, deux éditions de H.H. The Amir Sword, trois éditions des Qatar International Stakes, et donc trois éditions de la Qatar Arabian World Cup figurent en effet à l'incroyable palmarès de celui qui a été élevé par Mohammad Al-Najafi. Par le crack Al Mourtajez (Dahess), qui avait quant à lui brillé à deux reprises dans "l'Arc" des pur-sang arabes, et s'était aussi illustré la veille avec Hajmah dans le Qatar Arabian Trophy des Juments (Gr.1 PA) (pour l'entraînement de Thomas Fourcy, et la même casaque d'Al Shaqab Racing, ndlr), Al Ghadeer a pour mère la bonne Gharaa (Matador 12), qui avait notamment remporté le Critérium des Pouliches (Gr.2 PA), mais aussi plusieurs épreuves de haut-vol en Irak et en Turquie. Cette dernière a aussi engendré Ghurat Al Zaman (Hilal Al Zaman), qui avait quant à elle brillé dans le Qatar Prix de l’Élevage (Gr.2 PA) ainsi que dans le Prix Damas (Gr.3 PA), sous la coupe de Damien de Watrigant.

Al Ghadeer, après sa troisième victoire de rang dans la Qatar Arabian World Cup (Gr.1 PA), avec à ses côtés notamment François Rohaut (entraîneur), le Cheikh Joaan Al Thani (Al Shaqab Racing, propriétaire), Christophe Soumillon (jockey) et Mohammad Al-Najafi (éleveur) (© APRH)

C'est d'ailleurs chez ce dernier, qu'Al Ghadeer a grandi. Au sein du Haras de Mandore, dans les Landes. Puis effectué ses premiers galops. Et même sa toute première course (2ème en débutant du Prix Tidani (Gr.3 PA), ndlr). Avant de rejoindre le domaine de Sers, dans les Pyrénées-Atlantiques, et les boxes de François Rohaut. Pour qui il effectuera sa toute dernière danse, cet hiver, à Doha, au Qatar. En quête d'un troisième sacre dans le H.H. The Amir Sword (Gr.1 PA). Qui serait lui aussi historique. Pour en arriver là, le metteur au point palois, et tous les membres de son écurie, vont devoir encore besogner. Besogner dur. Mais surtout besogner pur. L'un comme architecte. Les autres comme artisans. Pendant encore quelques jours. Quelques semaines. Quelques mois. Afin de garder en point de mire ce cap d'une troisième "Triple couronne". Et espérer le passer lui aussi.  Malgré la peur, l'immense pression et les - très - nombreux doutes qui pourraient se dresser sur leur chemin. Comme rencontrés sur celui ayant mené à leur quatrième Qatar Arabian World Cup (Gr.1 PA) (en comptant aussi le sacre de Lahib (Kairouan de Jos), en 2008, ndlr). Une chose est sûre : si celui-ci venait également à être atteint, un autre véritable séisme émotionnel viendra également tous les secouer. D'une magnitude telle que les bonnes ondes risqueraient elles aussi de se faire ressentir. Pendant encore de longues années.

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