Questarabad : une fin ordinaire pour un cheval extraordinaire !

06/05/2011 - Actualités
Les propriétaires et l’entraîneur de Questarabad se sont résolus à prendre une terrible décision : euthanasier leur crack. « Il ne méritait pas ça » a déclaré Marcel Rolland dans les colonnes de Paris-Turf. Pas une fin si tragique et peut-être trop commune pour un cheval hors du commun.

 

Un scénario catastrophe

Le vainqueur de 17 courses dont 13 au niveau Groupe, le champion au grand coeur d’Auteuil, le chouchou de tous les fans de l’obstacle, la perle d’une entreprise, d’une équipe, d’une écurie, celle de Marcel Rolland, le fidèle destrier de Régis Schmidlin, s’en est allé mercredi. Son entourage a pris la terrible mais inéluctable décision d’euthanasier son champion.

 

Questarabad et Régis Schmidlin, le couple chouchou de tous les fans d'obstacle



Tout commence le lundi de Pâques à Auteuil : victime d’une double fracture, le champion finit sa course sur trois jambes. L’image est terrible. Très vite pris en charge, les premiers examens révèlent une double fracture de l’antérieur droit. Opéré à Chantilly, la pose d’une plaque et de quelques 17 vis est accompagnée de celle d’un plâtre : l’ennemi numéro 1 des pur-sang. Rapatrié à son écurie, dans son « chez-lui », Questarabad subit les premières conséquences classiques post-opératoires : stress, coliques, diarrhées, analyses de sang en corrélation. Ces premières heures passées, le quadruple vainqueur de Groupe 1 remonte la pente et son entraîneur ne cache une certaine satisfaction de le voir un peu mieux lundi soir. Malheureusement, le cheval ne supporte pas son plâtre : il est retrouvé mardi matin avec de multiples fractures à la jambe.  Le vétérinaire doit intervenir. Définitivement.

 


 

Régis Schmidlin, Marcel Rolland et les propriètaires Roger Polani et sa femme sur le podium du Prix d'Automne (Gr.1)

 

Une fin malheureuse et banale

Devant l’étendue de la blessure, la décision prise fut évidemment la bonne. Mais si l’épilogue est celui d’un cheval exceptionnel, elle ressemble à s’y méprendre à un grand nombre d’équidés ayant connu pareille mésaventure.
Un cheval aime sa routine. Tous les professionnels du cheval le savent bien : rien de mieux qu’un agenda parfaitement huilé afin d’assurer le bien-être du compétiteur. Or, la pose d’un plâtre contrarie à peu près tout ce qui assure cette routine : obligation de rester au box, arrêt de l’exercice quotidien, changement d’alimentation, stress généré par le mal et la gêne, impossibilité de libérer l’énergie d’un animal de 500 kg programmé par aller vite et le plus longtemps possible. Et les cas sont légions de chevaux n’ayant pas passé le cap de l’épreuve de l’immobilisation.

 

Nureyev a passé trois mois "suspendu" dans son box pour soulager son jarret


Contrairement à une vache prise dans un fil et immobile jusqu’à ce qu’on en la libère, le cheval ira lui au mal, jusqu’au bout. C’est pourquoi, la pose du plâtre n’est pas même proposée parfois en guise de solution palliative.
Les exceptions confirment la règle. Les cas de Mill Reef (voir article précédent), de Kalkhévi, victime d’une fracture du boulet et pourtant sauvé avant de devenir un étalon, ou encore de Nureyev sont par définition exceptionnels. Le père de Peintre Célèbre, Miesque ou encore Spinning World passa trois mois dans son box aidé par une sorte de hamac qui lui permettait de reposer un jarret blessé. « Grâce à un mental exceptionnel qui lui permit d’accepter pareille situation et grâce à un peu de chance, Nureyev a été sauvé », explique M.Richardson du Haras de Fresnay-le-Buffard. « Sa fracture aurait dû lui être fatale mais grâce aussi à la technique mise en place par le Docteur Weat, le cheval est devenu l’étalon que l’on sait. Plus jamais, il n’a été laissé libre et a toujours été marché en main. Mais c’est une exception, et, en ce qui me concerne, cela reste un cas unique. »

Le mot de la fin à notre témoin : «  Je tiens à préciser que nous sommes empreints d’une extraordinaire tristesse. Personnellement, j’étais revenu à Auteuil spécialement pour lui. Nous sommes tous tristes.»
 

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