Carlton House ou les retours à la normale chez la Reine d'Angleterre

13/05/2011 - Actualités
Un mariage princier salué par le monde entier, pas de divorce à l’horizon, un Premier Ministre qui marche sur l’eau et le favori du Derby qui porte ses couleurs : la Reine Elisabeth d’Angleterre est en grande forme, merci pour Sa Majesté. Son poulain Carlton House a impressionné dans les Dante Stakes de York.

 

Si les tremplins sont nombreux en vue du Derby d’Epsom, les Dante Stakes bénéficient chaque année d’un engouement sérieux de la part des entraîneurs les plus influents outre-Manche. Pourtant cette édition 2011 a longtemps donné l’impression de calquer un modèle bien français : une course sans train comme on les aime et comme nos chers voisins haïssent ! Même le jockey gagnant, Ryan Moore, s’en plaindra en descendant de cheval. Est-ce la présence de Christophe Soumillon au départ en selle sur le O’Brian Séville qui influence ce peloton de stars de demain ? Peut-être, quoiqu’il en soit, le génie belge ne se fait pas avoir au moment du démarrage et donne longtemps l’illusion de pouvoir s’imposer avant de subir la loi de Carlton House, imparable dans les 250 derniers mètres grâce à un changement de vitesse digne des meilleurs.

Poulain élevé par Darley, et portant le nom d'un petit palais apprécié du roi Georges IV à Londres, Carlton House est un fils de Street Cry (Dubai World Cup 2002 et père de Zenyatta – invaincue pendant 19 courses dont la Breeders’Cup Classic) et de l’excellente jument de course Talented (lauréate des Sun Chariot Stakes – Groupe 2 – et multiple placée de Groupes dont la Nonnette à Deauville).  Carlton House est le 10e foal de sa mère dont le meilleur produit reste Friston Forest, 4e du Critérium International 2006. La perle arrive donc sur le tard pour cette jument chez qui on retrouve dans le pedigree le légendaire Mill Reef (père de la grand-mère).

 

La Reine d'Angleterre et ses chers chevaux



Du côté des perdants, World Domination (Empire Maker) a semble-t-il été contrarié par le rythme d’escargots. Quoiqu’il en soit, il déçoit terriblement tous ceux qui l’avaient installé favori du Derby. Trois options : soit Henry Cecil s’est trompé sur la qualité de son poulain, ce qu’il est donné de croire un 10e de seconde maximum tant l’entraîneur sait de quoi il parle ; soit, en effet, le rythme a totalement joué en sa défaveur et qu’il se fâchera à Epsom ; soit World Domination n’a été que l’objet d’un jeu politico-financier (du calme, ce n’est pas le Watergate non plus) afin de justifier le fait que son compagnon d’écurie Frankel n’ira pas sur le Derby, la place étant déjà prise. Impossible en effet de déclarer ce que tout le monde pense : Frankel ne tiendra pas la distance. Faîtes votre choix !

 

Carlton House portera-t-il enfin les couleurs royales au sommet de l'Olympe : à Epsom ?



Fort de son succès, Carlton House, pensionnaire de Sir Michael Stoute, a été installé favori du Derby à 2/1. Comme c’est dommage, s’ils avaient lu France Sire en octobre, les punters britanniques auraient peut-être été convaincus.  Voilà ce que nous publions en octobre dernier en pleine actualité de politique de rigueur britannique : " …la journée fut d’autant plus radieuse qu’un poulain a laissé une excellente impression dans une bonne course à Newbury. Et pas n’importe quel poulain : son nom Carlton House. Particularité : il appartient à la Reine.  Si God s’évertue à " saver " the Queen depuis des siècles, Carlton House pourrait offrir à Son Altesse un bonheur qu’elle ne boude pas, celui d’avoir un champion représentant sa casaque. Un bonheur auquel elle n’a pas goûté non plus depuis longtemps. Il faut en effet remonter à 1977 (il y a 33 ans !) pour retrouver un grand succès royal : Dunfermline auteur d’un joli doublé dans les Oaks et le St Leger. Le manager des intérêts hippiques royaux (quel job il a celui-là !), John Warren, a déclaré qu’il s’était fait un plaisir d’annoncer à la Reine qu’elle avait un poulain apte à participer à un " Derby trial ". " " Comme c’est réjouissant ! " a-t-il ajouté.

Trois jours après des annonces de rigueur extrême par le gouvernement de David Cameron, cette nouvelle hippique a réchauffé le coeur du peuple Anglais : la Reine a un cheval de Derby, on peut bien travailler jusqu’à 66 ans !
" Le mot de la fin au commentateur de York, qui, au passage du poteau, s’est esclaffé : " Le rêve d’un vainqueur de Derby royal renaît ! " Well done, mec !

Fabien Cailler - TurfCom

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