Joseph O'Brien et les plus grands apprentis de l'histoire

25/05/2011 - Actualités
Vainqueur de son 1e "classique" 2 jours avant ses 18 ans, Joseph O'Brien, le fils d'Aidan, entre dans le cercle des apprentis de genie reconnus dès leur plus jeune âge et qui sont devenus des jockeys marquants dans l'histoire des courses mondiales. Par Xavier Bougon.

 

Né le 23 mai 1993 (happy birthday), Joseph-Patrick O’Brien a remporté, 2 jours avant ses 18 ans son premier classique, les Irish 2000 Guinées lui en Irlande pour son père Aidan-Patrick, le crack entraineur et homonyme de du légendaire Vincent (décédé en 2009), l’ancien maître de Ballydoyle et l’un des créateurs de Coolmore en 1970.

Il s’en souviendra de son anniversaire !


Irish apprentice championship en 2010, Joseph est l’aîné d’une fratrie de 4 enfants. Samedi dernier, il n’a pas 18 ans quand il passe le poteau en vainqueur des 2000 Guinées irlandaises sur Roderic O’Connor qui se réhabilite après son échec dans l’équivalent anglais dominé par un Frankel des grands jours.

 

Joseph O'Brien, un visage de poupon pour un vainqueur de classique



Fils à papa mais aussi à maman

Joseph ne pouvait que se mettre à cheval (certainement de bois dans un premier temps). Dès sa plus tendre enfance, il a baigné dans ce milieu puisque son père, Aidan (né en octobre 1969), est un ancien gentleman-rider (meilleur amateur en obstacles en Irlande durant la saison 93/94). Puis il obtient sa licence d’entraîneur en 1993 (avec dans ses boxes le champion Istabraq) et exerce à Ballydoyle pour le team irlandais depuis 1996. Sa mère, née Anne-Marie Crowley (fille de l’entraîneur, Joe) a été l’une des meilleures cavalières en son temps puis première femme tête de liste des entraîneurs d’obstacles en Irlande. La soeur d’Anne-Marie, Frances, est l’épouse de Pat Smullen. La fratrie se compose également de 2 soeurs cadettes et un frère, peut-être des actuels ou futurs cavaliers.

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Pour Joseph, à part des études scolaires, que faire d’autres ?

Après un résultat de la sorte, désormais, il a, semble t’il, la confiance du team de Coolmore Stud. Deux ans après sa première monte, le 24 mai 2009 et sa première victoire (28 mai) à Leopardstown (la semaine de ses 16 ans), il remporte donc son premier classique à moins de 18 ans (moins 2 jours). Il avait son palmarès de courses principales, le 12 août 2010, dans un groupe 3, les Desmond St. avec Beethoven (un fils d’Oratorio et d’une mère par Sadler’s Wells).

 

Freddy Head a gagné le Prix de l'Arc de Triomphe à 18 ans avec Bon Mot



Est-il le plus jeune vainqueur d’un classique ? Eh bien non !

Son père (ancien assistant de Jim Bolger) avait embauché le meilleur apprenti d’Irlande en 1999 (46 victoires) du nom de James-Peter Spencer, un gamin que Liam Browne avait formé. Jamie, son surnom, est le fils d’un entraîneur d’obstacles, George dont le titre de gloire avait été une victoire dans la Champion Hurdle en 1963. Comme son cadet, Jamie, né le 8 juin 1980 en Irlande, décroche, moins de 2 ans après sa première victoire, son premier classique, les guinées irlandaises réservées aux pouliches, le 24 mai 1998 sur Tarascon, une pensionnaire de Thomas (dit Tommy) Stack.

 

Lester Piggott savait monter à cheval avant de savoir marcher

 

Mais mieux que Lester et moins bien que Joe.

Lester Piggott
(né en novembre 1935) avait remporté le Derby en 1954 avec Never Say Die (Nasrullah), donc à 18 ans et quelques mois. A 57 ans, il est encore vert puisqu’il remporte les Guinées anglaises et irlandaises avec Rodrigo de Triano pour Robert Sangster). Mais son contemporain, Joseph (Joe) Mercer (né en octobre 1935) fait mieux en s’adjugeant les Oaks 1953 avec Ambiguity, un élève de Lord Astor qui devance à cette occasion, une élève de Pierre Wertheimer (Noémi).

 

Lester Piggott : jeune crack, vieux crack



A tout juste 18 ans, l’apprenti-champion américain, Steve Cauthen, se distingue en remportant, avec Affirmed, la triple couronne américaine. Suite à ses extraordinaires résultats d’outre-atlantique, Robert Sangster (toujours à l’affût) engage les premières montes de "The Kid" (c’était son surnom). L’année suivante de son arrivée à Lambourn, dès sa première monte, il s’impose à Salisbury puis enlève le premier classique de la saison, les 2000 Guinées avec Tap On Wood aux dépens de Kris. Pour assurer l’après Lester Piggott, Henry Cecil fait les yeux doux au ricain qui remporte le Derby 1985 avec Slip Anchor (7 longueurs) et en 1987 avec Reference Point, de bout en bout.

 

L'américain Steve Cauthen, surnommé "The Kid" a été élu sportif de l'année aux Etats-Unis à l'âge de 18 ans



Fred et George (comme dans Harry Potter...)

La liste est loin d’être exhaustive et il se trouve (dans le tableau ci-après) que les plus jeunes à avoir remporté un classique vivaient au début du siècle dernier. Normal, ils étaient à cheval avant même de savoir marcher puisque l’âge minimum des apprentis était de 12 ans. De ce fait, les Fred Archer et George Stern, âgés de 17 ans, ont remporté, l’un les 2000 Guinées et l’autre le Prix du Jockey-Club (il est d’ailleurs toujours le plus jeune vainqueur). En raison des hostilités, Roger Poincelet n’a pu s’imposer plus tôt dans un classique.

 

Willie Carson a été l'un des plus éminents membres de la génération d'or des jockeys britanniques



Un "pilote" du nom de John Parsons aurait gagné le Derby d’Epsom 1862 avec Caractacus. Il avait 16 ans, mais on ne puis l’affirmer avec une certitude absolue. Pour l’anecdote, Caractacus, élevé par Middle Park Stud, avait été acheté par un vétérinaire de la ville de Rugby. Autre anecdote, Jean Deforge, vainqueur de la Poule d’Essai avec Klairon, a été le partenaire de la gagnante du Prix Joubert, Miss Barberie, la 5ème mère de Roderic O’Connor. Freddy Head reste le plus jeune vainqueur de l’Arc de Triomphe et Mickael Kinane, le lauréat 2009 avec Sea The Stars, le plus âgé (50 ans).

 

Avant de devenir grand jockey vainqueur d'Arc de Triomphe avec Saumarez en 1990, Gérald Mossé a été un apprenti vedette

 


Longchamp avait aussi ses fines cravaches

En guise de conclusion, il faut rappeler les résultats de la journée de dimanche à Longchamp. Les apprentis d’André Fabre, Maxime Guyon, Mickael Barzalona et Pierre-Charles Boudot ont tous les 3 remporté une épreuve principale (l’Avre, le Saint-Alary et le Vicomtesse Vigier). Pierre-Charles Boudot est, d’après nos recherches, l’un des plus jeunes apprentis à être passés jeune-jockey avant 18 ans en raison de ses 70 victoires (17 ans, 6 mois et 6 jours). Serge Gorli avait atteint les 70 victoires dans le Prix du Jockey-Club 1981 (17 ans, 5 mois, 6 jours). Avant guerre, pour perdre sa décharge, donc son statut d’apprenti, il fallait avoir remporté 40 victoires puis par la suite, 50 était le chiffre requis.

 

Un jeune entraineur nommé André Fabre. Il est devenu aujourd'hui un grand formateur d'apprentis

 

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