Paul Sebag : " Même pas dans mes rêves les plus fous "

05/06/2011 - Actualités
Aux dires de ses amis et proches, Paul Sebag, 41 ans, est un homme passionné et entier. Ce jeune propriétaire qui se définit comme « petit » vit 8 jours hors du commun. Dimanche dernier, son cœur n’a fait qu’un tour au moment de la chute de La Segnora dans le Grand Steeple-Chase de Paris. Cette semaine, il compte les heures le séparant du Prix du Jockey-Club dans lequel ses couleurs seront représentées par Absolutly Yes. Interview.

 

Comment avez-vous digéré la désillusion de dimanche dernier ?

Pas très bien. Je ne dirais pas mal mais pas très bien. J’ai le tempérament d’un boxeur et quand La Segnora est tombée au rail ditch, j’ai mis un genou à terre. Je n’étais pas KO mais vraiment sonné. Ce qui m’a permis de me relever, c’est que la jument et le jockey se sont relevés aussi assez vite.


La Segnora vous fait vivre de grandes émotions !

C’est quand même formidable, cette jument que nous avons achetée avec mes associés  16 000 euros à réclamer et qui gagne ensuite plus de 280 000 euros en course !

 

La Segnora, le jour de sa victoire dans le prix du Président de la République

 


Ne lui avez-vous justement pas trop demandé à 5 ans ?

Non, je ne crois pas. C’est une décision que nous avons prise en commun. Après un très bon automne 2010, sa rentrée gagnante nous a comblés, puis sa deuxième place dans le Lutteur III était prometteuse et sa victoire dans le Prix du Président de la République convaincante. Cela pouvait paraître un pari fou mais elle avait bel et bien sa place dans le Grand Steeple et on retentera l’année prochaine. Et puis il faut dire qu’elle se comportait très bien le matin à l’entraînement.


Vous l’aviez vue ?

Tous les samedis matins, je me rends à Chantilly voir mes chevaux. C’est mon grand bonheur. Je suis comme un fou. J’aime ça passionnément : les bruits des sabots, des galops, la fraîcheur du petit matin, les odeurs de paille, de sueur, de crottin… Et puis j’aime mes chevaux, tout simplement.


Quel propriétaire êtes-vous ?

Je me définis comme un petit propriétaire. Tous les chevaux qui courent sous mes couleurs sont en association avec des amis. Car c’est une histoire de potes également. J’ai mes couleurs depuis 3 ans au galop après avoir été associé sur deux trotteurs. Mais je n’ai pas accroché avec le Trot. Il y a trop d’artifices pour moi.

 

Paul Sebag

 


Comment vous est venue cette passion des courses ?

Très tôt, quand j’étais enfant, j’allais aux courses sur l’hippodrome de Kassar Said en Tunisie d’où je suis originaire. Je devais avoir 8 ans et on partageait cette activité en famille et entre amis. Depuis, cela ne m’a plus quitté.


Comment avez-vous été introduit dans le milieu ?

Jean Lesbordes est comme un père pour moi. Il m’apprend beaucoup. J’étais ami avec Clément son fils, et j’ai de formidables souvenirs avec Urban Sea. J’ai vécu cette période tout près d’eux. C’était fantastique.


De combien de chevaux se compose aujourd’hui « l’écurie Sebag » ?

On détient une dizaine de chevaux. Parmi mes belles satisfactions, avec Guy Hanouna, un de mes associés, nous avons eu World Succès (vainqueur à 2 ans) puis Oyeryz, lauréate du Prix Finot à Auteuil. Nous avions acheté ces chevaux respectivement 3 000 et 6 000 euros de mémoire. Ce sont de belles histoires.

 

Oyeryz

 


Auriez-vous pu imaginer avoir un partant dans le Jockey-Club, huit jours après avoir couru le Grand Steeple ?

Même pas dans mes rêves les plus fous ! C’est totalement incroyable !


Comment avez-vous acquis Absolutly Yes ?

Un jour avec mes amis, on a loué un monospace pour partir tous ensemble à Deauville. Objectif : acheter des yearlings ! On s’était fixé des limites de prix et des règles. La première : ne pas laisser un entraîneur acheter pour nous. Nous décidons ! Au modèle, au feeling, assez peu au papier. Et, dans le lot de 8/9 yearlings achetés ce jour-là, il y avait Absolutly Yes !


Est-ce logique de le retrouver au départ du Jockey-Club ?

Bien sûr que oui ! Après un début de carrière intéressant, tout en sachant qu’il ne serait pas un vrai 2 ans nous avait prévenu Yann Porzier, sa rentrée à Longchamp a confirmé toute l’estime qu’on lui porte. Mais évidemment, dans un pareil cas, on entend qu’on n’a rien battu, que le lot ne valait rien, que la prochaine ce ne sera pas pareil, etc… C’est assez vexant. Mais rien ne remplace la compétition et, après que Yann Porzier nous a dit « on va gagner Groupe », le poulain a brillamment remporté le Prix de Guiche à Chantilly. Notez qu’il l’a bouclé les 1 800 mètres 2 secondes plus vite que Behkabad (ndlr : dans les mêmes conditions de bon terrain). Et pourtant le concert a recommencé : ‘’ face aux meilleurs, ce sera plus difficile’’, etc. Parfois, on  l’impression de gêner. Nous ne cachons pas notre bonheur de gagner une course, surtout un groupe ! Et il n’y a pas que les Aga Khan ou Wildenstein qui ont le droit de gagner ces courses-là !

 

Absolutly Yes dans sa dernière préparation avant le Jockey Club à Chantilly monté par Fabien Lefebvre

 


Comment le passionné que vous êtes va gérer les dernières heures avant la course de dimanche ?

Je suis tendu depuis samedi dernier. Mais avec la claque que j’ai prise dimanche, j’ai pris 100 ans de sagesse. Et puis j’ai une confiance énorme en notre poulain. Je le compare à un serial killer sans arme. Il a un mental de champion, rien ne l’affecte, ne l’impressionne. Grâce à son action, il peut aller très loin.
Quant à moi, je vais partir pour Chantilly dès samedi. Je vais beaucoup marcher dans la Forêt, pour me décontracter. C’est un peu comme une ‘’mise au vert’’ pour les sportifs. Je vais faire un bon dîner puis tenter de bien dormir à l’hôtel que j’ai réservé. Et puis dimanche, on verra…




 

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