Qatar 2014 : Christophe Lemaire triomphe dans "the place to be"

28/02/2014 - Evénements
De plus en plus puissant dans le monde, le Qatar a aussi fait monter en gamme ses propres courses avec son meeting international fin février. Frankie Dettori a remporté l'Emir's Trophy avec le pur-sang anglais Dubday mais c'est Christophe Lemaire qui a décroché la plus belle des palmes, l'Emir's Sword, en selle sur le nouveau champion des pur-sang arabes, Assy.

 

Une société conservatrice dans une nation en changement fulgurant. Un pays grand comme la Corse, comptant seulement 180.000 locaux, il y a peu totalement inconnu en dehors de ses étroites frontières mais qui pèse aujourd'hui sur les relations diplomatiques ainsi que sur l'économie internationale en l'espace de moins de 10 ans. Voilà le destin en accéléré du Qatar, petite peninsule du Golf Persique découvert avec son média Al Jazeera, sponsor de l'Arc de Triomphe, célèbre en France pour ses investissements dans le sport come le PSG et la chaîne BeIn, mais aussi ses achats tous azimuts dans la Pierre comme l'Hôtel Royal Montceau ou les grands magasins Printemps. Fasciné par Paris, cherchant des alliés partout dans le monde pour se protéger d'une si redoutée attaque saoudienne, le Qatar dirigé par la famille Al Thani, riche de la 3e réserve de gaz au monde, mais 1e exportateur, n'a plus de dette depuis 2013.

 

La skyline de Doha, sur la corniche de la capitale, qui est sortie du sable en moins de 10 ans !
 

La société qatari, d'essence wahabite, reste ultra conservatrice.

L'un des nombreux nouveaux quartiers de Doha, Katara est consacré à la culture, mais aussi aux loisirs et aux hôtels de luxe.



Il dépense 60 milliards de dollars de cash par an à l'étranger mais aussi en interne, pour transformer un pays qui change de jour en jour, avec comme symbole cette fameuse skyline, un alignement de buildings ultramoderne sorti d'une corniche qui n'était qu'un banc de sable totalement désertique au milieu des années 2000. Le pays est dirigé depuis juin 2013 par le jeune Cheik Tamim, 33 ans, en faveur duquel a abdiqué son père Hamad, l'homme avait déclenché la révolution du pays au milieu des années 90 après avoir renversé son propre père, le Cheik Khalifa. Unique actionnaire du PSG, membre du Comité Olympique International, et organisateur de la coupe du monde 2022, la 1e pendant l'hiver, dans 9 stades entièrement fermés et climatisés, Cheik Tamim porte une très vif intérêt aux chevaux de concours de beauté, d'endurance et de courses, comme la plupart des régnants des pays du Golf.
 

Les Gianni Caggiula, Stéphane Costes et Laurent Bruneteau locaux.

 

En quelques années, l'hippodrome d'Al Rayyan à Doha est devenu très chaleureux et est parvenu à créer une ambiance de fête colorée.



C'est d'ailleurs avec les chevaux que le nom des Al Thani a été prononcé pour la 1e fois par le grand public en Europe, grâce aux champions pur-sang arabes d'Alban de Mieulle, entraineur français précurseur qui s'est installé au Qatar il y a près de 20 ans, la pré-histoire dans ce pays. Désormais, l'hippodrome d'Al Rayyan attire les meilleurs jockeys internationaux, des Lemaire à Peslier en passant par Dettori, tous en contrat avec respectivement les Cheikh Mohammed, Abullah et Joann Al Thani en Europe, mais aussi fait venir en visite des pontes anglaises comme les entraineurs John Gosden ou autre Sir Micheal Stoute, tous réunis devant le spectacle de l'incontournable Mario Luraschi, venu avec 12 chevaux. Le Qatar est désormais the place to be, pendant sa grande semaine fin février, un événement mondain mais aussi populaire, vivant et chaleureux dans des tribunes autrefois crispés, aujourd'hui plus enflammés grâce aux efforts des animateurs sur place et rassurées par le sourire permanent du nouvel Emir.
 

Mario Luraschi s'est déplacé avec 12 chevaux pendant une semaine à Doha.

Tout comme les vedettes du football, Doha attire désormais les gratin mondial des courses, comme ici l'entraineur anglais John Gosden.



Cheikh Tamim s'est déplacé en personne le jeudi 27 février pour remettre les trophées et surtout les 2 principaux, l'Emir's Trophy pour les pur-sang anglais, et l'Emirs'Sword pour les PS arabes. Lui qui a été le 1e partant entrainé au Qatar dans l'Arc de Triomphe, édition 2013, Very Nice Name cherche à défendre son titre pour Alban de Mieulle dans le Trophy qu'il a remporté l'an dernier. Mais dans la préparatoire, il a été dominé par le nouvel arrivant Dubday, puissant alezan qui défend la casaque grise toque bordeaux de Cheikh Joann Al Thani, et confié à Frankie Dettori, qui a quitté les Cheikh Al Maktoum de Dubaï pour ceux du Qatar. Françis Graffard délègue un partant français, Quel Avantage, monté par Christophe Lemaire.

 

Dubday en plein effort, remporte aisément l'Emir's Trophy.

Frankie Dettori a quitté les Cheiks de Dubaï pour ceux du Qatar, qui ont le vent en poupe. "C'est une victoire très importante pour moi et mon nouveau patron, car c'est mon 1e succès majeur pour lui au Qatar"

Dubday, entrainé au Qatar par Jassim Ghazali après son achat aux ventes Arqana de l'Arc à Saint-Cloud, pourra repartir en conquête en Europe au printemps.

 

Victime d'un saignement pulmonaire, le partenaire d'Olivier Peslier ne pourra quitter l'arrière-garde, tout comme Quel Avantage. Patient, Dubday s'impose en seulement quelques foulées. Fils anglais de Dubawi, vendu inédit à 2 ans pour 11.000 guinées à Tattersalls pour l'Allemagne, où il s'est placé de groupe avant d'être revendu 200.000 € aux ventes de l'Arc à Saint-Cloud, puis donné à Cheik Joann Al Thani, Dubday, âgé de 4 ans, a la dimension de repartir à la conquête du monde, avec de plus un jockey globe trotter, remis de son accident à la cheville qui lui a fait rater l'Arc de Triomphe de Trêve.

 

Assy (n°2) remporte l'Emir's Sword, Gr.1 pour pur-sang arabes, sous la casaque de Cheikh Mohammed Al Thani.

 

L'ecurie de Julian Smart signe un triplé dans l'Emirs Sword avec Assy, au centre, qui a devancé Al Anga et Rathowan

Christophe Lemaire tient fièrement le sable de l'Emir, avec Pierre Deymonaz, le 1e assistant de Julian Smart. " C'est une grande victoire d'équipe. Chacun à son niveau, nous travaillons tous en groupe et c'est le seul moyen d'y arriver."



Le boulot est fait pour Dettori. Le boulot, c'est faire briller la casaque d'un membre de la famille régnante le Jour J, devant toute la famille réunie, justement. Vainqueur l'an dernier avec Tabarak, Alban de Mieulle sait qu'il aura du mal à rééditer, tant son rival Julian Smart, qui a survécu à une saison précédente catastrophique, détient un phénomène cette année. Assy, fils gris d'Amer, vient de remporter le Derby de Doha et le Golden Sword. Il est confié à Christophe Lemaire, qui connaît l'enjeu de sa mission dans cet Emir's Sword, doté 600.000 €, Gr.1 pour Pur-sang arabe. Assy s'impose de très haute lutte, face à ses deux compagnons d'écuries Al Anga et Rathowan, et surtout il est né et élévé au Qatar. Il devient le 1e vainqueur de l'Emir Sword né au pays. Tout comme Dettori avec le Cheikh Joaan, Christophe Lemaire scelle ainsi son contrat avec le Cheikh Mohammed Al Thani sur les propres terres des nouveaux super puissants des courses mondiales.

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