Sir Robert Odgen, le nouveau tigre du plat de 75 ans

16/08/2010 - Grand Destin
Alors qu'il achète des poulains en série parmi les plus gros tarifs des yearlings deauvillais, Sir Robert Ogden gagne un Gr.3 à Newbury. Cet homme qui a monté une fortune colossale en croyant là où tout le monde ne voyait que tristesse et désolation.

 

 

Des terrils noirs, sombres et obscurs. La dépression, le tunnel, la fond de la mine, le désert industriel. Voilà où Sir Robert Ogden a trouvé son inspiration, et où il a construit son immense fortune. A la base, il a acquis ses terrils, symboles de la chute inexorable de l'exploitation minière du nord de  l'Angleterre, poussée dans le dos au fond du précipice par Margaret Tatcher. De monstrueux tas de déchets...Il les a vidés de leur contenu, et s'est retrouvé avec d'immenses terrains parfaitement plats en banlieue toutes proches de grandes villes comme Manchester, qui lors de leur réveil se sont étendues. Il a vendu les terrains acquis des clopinettes. Un énorme bingo. La méthode se répète. Le lugubre quartier des docks de Londres a été longtemps abandonné tel une friche humide et malfamée. Puis le "boboisme" a poussé les jeunes riches vers ses quartiers en pleine réfection. Qui en était propriétaire ? Sir Robert Ogden. En 2006, il a vendu 1,8 hectare de terrains à bâtir sur les docks pour l'équivalent de 85 millions d'euros !

 

Sir Robert Ogden (à gauche) fait désormais feu dans les ventes de yearlings pour le plat.



Sir Robert Ogden, souvent bien entouré, a 2 passions: la charité, qui lui a permis d'être anobli par la Reine, et les courses de chevaux. Depuis des lustres, il fait partie des élites de l'obstacle. Récemment, sa casaque à damiers s'est illustrée avec 2 anciens français, Exotic Dancer et Voy Por Ustedes. Mais voilà qu'à 75 ans, Sir Robert a son goût qui change. Il se lance un défi, le plat. Finalement c'est assez logique. Vu qu'il évite désormais de passer ses hivers dans la froide et humide Angleterre, lorsque les courses d'obstacle s'y disputent, il préfère avoir des partants devant ses yeux pendant l'été, la saison du plat.

 

Sander Camillo a marqué les débuts de la casaque Ogden sur le plat, à Ascot en 2006.



En 2006, sa casaque avait fait une 1e apparition remarquée en gagnant son 1e Gr.3 dans les Albany Stakes à Ascot, avec une 2 ans achetée aux Etats-Unis, Sander Camillo, sous l'entraînement de Jérémy Noseda. Mais c'est vraiment cette année en 2010 qu'Ogden passe la vitesse supérieure. Il a commencé à acheter en masse des yearlings l'an dernier et les placés chez 4 entraîneurs différents Outre-Manche, dont les tops Sir Micheal Stoute en Angleterre et Dermot Weld en Irlande.

Ce samedi 14 août à Newbury, il a gagné son 2e Groupe consécutif avec Sans Frontières, un mâle de 4 ans issu de Galileo avec une mère par Shirley Heights (le bon croisement), acquis pour la modique somme de 450.000 guinées à Newmarket en octobre 2007. Pendant ce temps, il faisait feu à Deauville. Pendant les 3 premiers jours, il a acheté 7 lots pour 1,64 millions d'euros, conseillé par son courtier John Warren, courtisé par l'autre courtier Anthony Stroud.

 

Ogden a acheté 7 lots pendant les 3 premiers jours pour un total de 1,64 M€, dont ce lot 11 pour 420.000 €



Il est tout de même assez amusant de signaler cette arrivée fracassante de ce type de personnage sur le marché du plat, qui symbolise en fait un retour sur un circuit. Le plat a été délaissé par les riches anglais dans leur pays depuis 30 ans, à partir du moment où ils en eu assez d'être dominés par les princes arabes. Ces riches locaux, toujours passionnés par le turf, se sont alors dirigés vers l'obstacle, libre d'intérêts moyen orientaux. Aujourd'hui, un grand propriétaire d'obstacle fait le chemin inverse. Et c'est juste au moment où il prend place en haut des tribunes de Deauville que celles-ci se sont vidées des princes du désert, les Maktoum qui sont très transparents voir complètement absents pour le cas de Cheikh Hamdan. C'est à croire que même s'il ne le décide pas à l'avance, Sir Robert Ogden débarque toujours dans des places abandonnés...provisoirement.
 

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