Hong-Kong : qui sont vraiment ces dragsters de l'hémisphère sud ?

15/12/2010 - Grand Destin

 

Le dernier concurrent sud-africain sur le podium remonte à 2003, lorsque National Currency prend le premier accessit derrière le crack de Tony Cruz, Silent Witness. C’est année, le vainqueur s’appelle JJ The Jet Plane, un avion à réaction, ancien pensionnaire de Mike de Kock, puis de Richard Hannon lors de ses sorties britanniques. Il est dorénavant entraîné par Mickael dit "Lucky" (pour les intimes) Houdalakis, d’une famille originaire de Grèce, comme son nom l’indique, expatrié à l’âge de six mois en Afrique du Sud en provenance d’Egypte.

 

Le sud-africain JJ The Jet Plane arrache le succès du HK Sprint à Rocket Man et Sacred Kingdom.
Un triomphe pour l'hémishère sud

 

JJ The Jet plane: la gazelle SudAf' plus vite que le kangourou Aussie'


Dix épreuves ont été courues ce dimanche et huit l’ont été sur les distances de 1.200 à 1.600 m. et comme au rugby, l’hémisphère sud n’a laissé que les miettes ;  résultat des courses, 7 victoires dont 4 pour les "blacks", 2 pour l’Australie et une (la mieux dotée) pour l’Afrique du Sud. Le constat est éloquent concernant l’épreuve majeure sur le sprint (1.200 m.) : elle a réuni 10 chevaux nés dans l’hémisphère sud (5 AUS, 3 NZ , 2 SAF) et 4 européens de naissance en provenance des iles britanniques. Anglaises, les miettes reviennent à un fils de Kyllachy (fils lui-même de Pivotal), entraîné à Hong-Kong par John-George Moore dans le London Handicap.

 

Avec Dubaï, Hong Kong est l'un des lieux favoris pour organiser des chocs entre les chevaux des 2 hémisphères



Aucun élevage local

Hong-Kong ne fait pas d’élevage (il n’y a pas la place entre les buildings) et la Chine ne s’y intéresse plus depuis l’arrêt brutal de l’expérience menée à Pékin, il y a quelques années avec notamment l’étalon Bigstone.
Tous les chevaux sont importés, en majorité d'Australie et de Nouvelle-Zélande, mais aussi d'Afrique du Sud, d'Europe et des USA. A quelques rares exceptions près, les chevaux changent de noms et sont tous castrés. Il n'y a quasiment pas de femelles à Hong Kong (idem à Macao et Singapour)

Tournoi des trois nations depuis une décennie

Les Strawberry Road (AUS), Balmerino (NZ, né d’un père français expatrié) et autres étaient une exception, il y a 25 ans. Désormais, il est bien établi qu’en Europe, en Asie et ailleurs le succès peut venir de partout. Il n’y a plus ou presque de petites nations du turf parmi toutes celles qui organisent de grandes réunions internationales et qui ont accepté que les meilleurs viennent un temps rafler leurs grosses allocations dans le but de progresser et d’apprendre. Ces meilleurs ont vite appris, comme ce fut le cas pour le Japon (El Condor Pasa, Taiki Shuttle, Agnes World, Seeking The Pearl, nés aux USA, Deep Impact et Nakayama Festa cette année) et dorénavant pour l’Australie, la Nouvelle-Zélande (Starcraft), l’Afrique du Sud, le Brésil (Gloria de Campeao), l’Argentine (Invasor). En Europe, même l’Espagne, un long moment au creux de la vague, sort de ses frontières (Bannaby, Equiano, bien que nés en France). Pour les Emirats Arabes Unis, le dubaïote, Cutlass Bay, quoique entraîné en France, est le premier à s’imposer en Europe dans un Gr.1, le Prix Ganay.

 

Starcraft est parti de Nouvelle-Zélande pour réussir une grande carrière sur le mile européen



 Quand les dragsters de l’hémisphère sud décoiffent la reine à Ascot

Sur l’hexagone, le Sprint n’est pas une religion et c’est bien pourquoi l’entraînement français boit le calice jusqu’à la lie. Outre le Prix Maurice de Gheest, le Prix de l’Abbaye de Longchamp est très convoité par nos voisins british. Tous les ans ou presque, ils nous font ravaler notre hostie et le trophée retourne systématiquement outre-manche ; mais aucun sujet né dans l’hémisphère sud n’est parvenu à s’imposer.Au contraire de Longchamp, Ascot, Newmarket et York sont la proie depuis quelques années des Springboks et autres Wallabies.

Golden Jubilee (Royal Ascot)

Cette année, Americain est allé prendre la température et a fait mouche à Melbourne ; eh bien en échange, le pays du kangourou le fait payer à l’Angleterre (c’est leur problème) en s’imposant sur le sprint à Royal Ascot dans la Golden Jubilee avec la bannière étoilée, Starspangledbanner. La star d’Aidan O’Brien a même remis le couvert (pas le Petit) à Newmarket dans la July Cup dont le trio est assez inédit avec Equiano (FR) et Alverta (AUS). Le triplé gagnant a même été tenté dans le Nunthorpe St.. Il n’y sera devancé que par l’extrême outsider, un fils de Kyllachy (vainqueur de ce même sprint en 2002), Sole Power. Le père du drapeau américain, Choisir, avait été le premier cheval né et entraîné en Australie (par Paul Perry) à avoir créé la sensation en Europe en y remportant un Gr.1 en 2003. C’était justement dans les Golden Jubilee St. (Gr.1 depuis 2002) ; ils n’ont pas tardé !
Deux ans plus tard, Hong-Kong, décolonisée, a réussi à « chiper » le sprint de York, lors du meeting Royal (c’est un comble) d’Ascot, le même Golden Jubilee grâce à Cape of Good Hope, entraîné par un anglais, David Oughton, expatrié depuis vingt ans, à l’époque.

 

Choisir a été un pionner australien au début des années 2000 en Angleterre



King’s Stand Stakes (Royal Ascot)

Rétrogradé Gr. 2 en 1988, puis promu Gr.1 en 2008, les King’s Stand Stakes ont été remportés à 4 reprises par l’Australie (né et entraîné) depuis 2003 : Choisir, Takeover Target (Joe Janiak), Miss Andretti (pouliche entraînée par Lee Freedman), Scenic Blast (Daniel Morton en 2009). Un brin de chauvinisme, les chevaux nés en France se sont imposés trois fois avec Chineur (2005 à York) et Equiano (2008 et 2010).

July Cup (Newmarket) (juillet)

Blazing Saddles (né en Australie) était le père de Mr Brooks, le vainqueur 1992. Mais cette année, c’était une première pour un vainqueur australien ; les années précédentes avaient vu le podium occupé par l’hémisphère sud (après le japonais de l’an 2000, Agnès World) : Choisir (2003 de Oasis Dream), War Artist (2008 de Marchand d’Or), JJ The Jet Plane (2009, le revoilà) et Alverta, l’an passé.

 

Starspangledbanner en Australie avant de monter en Europe



Nunthorpe St. (York) (août)

Outre Starspangledbanner cette année, seul National Colour (né en SAF et en provenance d’Arabie Saoudite), en 2008, est parvenu à se hisser sur la seconde marche du podium sur la piste de Newmarket, York étant inondé.

En France

En France ces dernières années, Tiza (SAF) et War Artist (chez Alain de Royer-Dupré) se sont imposés dans les Prix de Ris-Orangis, de Seine et Oise et du Petit-Couvert. War Artist a fait une incursion victorieuse dans la Goldene Peitsche 2009 sous l’entraînement anglais de James Eustace.

Pour terminer par une note d’exotisme et qui n’a rien à voir avec le Super 14 (pour les non-connaisseurs, tournoi regroupant les trois nations de l’hémisphère sud), citons le hongrois Overdose, dont l’invincibilité s’est interrompu le 29 août dernier après 14 succès à travers l’Europe.

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