L’extraordinaire réussite du vénérable Medaglia d’Oro
Medaglia d'Oro
Dans le panthéon des grands étalons modernes, Medaglia d'Oro occupe une place à part. Fils du phénoménal El Prado (Sadler’s Wells) et de Cappucino Bay (Bailjumper), il incarne l’alliance parfaite entre puissance, endurance et intelligence de course. À 26 ans, l’élégant bai noir s’est imposé comme un pilier de l’élevage américain, rayonnant bien au-delà des frontières de son haras de Jonabell Farm, propriété de Godolphin au Kentucky.
Né en 1999, Medaglia d'Oro a brillé sur les hippodromes américains entre 2001 et 2004, accumulant plus de 5 millions de dollars de gains. Sous l'entraînement de Bobby Frankel, il s’est distingué dans des épreuves de prestige, remportant notamment les Travers Stakes (Gr.1) et les Whitney Handicap (Gr.1), tout en collectionnant les 2e places dans des courses de légende comme la Breeders’ Cup Classic (Gr.1) à deux reprises, la Dubai World Cup (Gr.1) ou encore le Belmont Stakes (Gr.1). Sa régularité au plus haut niveau, sa longévité et sa capacité à s’adapter aux différents profils de pistes en ont fait un modèle de compétiteur.
Good Cheer remporte les Kentucky Oaks (Gr.1)
Medaglia d'Oro est née d'une souche maternelle un peu bizarre, avec une mère qui a gagné un petit "stakes américain et qui a fini sa carrière dans le Montana. Une de ses soeurs, gagnante de Gr.3, a donné naissance à First Minister, gagnant du Prix Hocquart (Gr.3) sans pouvoir répéter. Les pères de mères sont tous d'illustres inconnus : Bailjumper, Silent Screen, Restless Wind... En tant que reproducteur de génie, Medaglia d’Oro tire une part essentielle de sa qualité de son père, El Prado, lui-même fils de l'immense Sadler’s Wells, leader des étalons en Angleterre et en Irlande à 14 reprises dont 13 consécutives. El Prado reste à ce jour le seul fils de Sadler’s Wells à avoir réussi au haras sur le sol américain. Champion à 2 ans en Irlande, El Prado s’est révélé comme un père d’étalons exceptionnel aux États-Unis, donnant naissance à une lignée dominante sur le dirt comme sur le gazon. Medaglia d’Oro en est sans conteste le fleuron. Son autre chef d'oeuvre est Kitten’s Joy, champion sur le turf et père d’innombrables gagnants à travers le monde.
Medaglia d'Oro lors de sa victoire dans les Travers Stakes (Gr.1) monté par Jerry Bailey.
S’il a engendré des mâles de haut niveau, Medaglia d’Oro s’est surtout illustré par la qualité exceptionnelle de ses filles, qui dominent souvent leur génération. La plus célèbre d’entre elles reste bien sûr Rachel Alexandra, lauréate des Preakness Stakes (Gr.1) face aux mâles en 2009, et élue cheval de l’année cette même saison. Elle a marqué toute une génération de turfistes par sa puissance phénoménale et sa ténacité. Autre pouliche marquante issue de Medaglia d’Oro : Songbird, multiple championne et idole du public américain, auteure de 13 victoires en 15 sorties, dont neuf Grs; 1 comme la Breeder's Cup Juvenile Fillies (Gr.1).
La crack Rachel Alexandra
À Hong Kong, Golden Sixty, bien qu’un mâle, démontre-lui aussi la capacité de Medaglia d’Oro à transmettre précocité, courage et maniabilité avec une dizaine de Grs.1 remportés pour plus de 21 millions de dollars de gains. En France, un seul de ses produits a réussi à remporter un Gr.1. En effet, en dehors de Passion For Gold, vainqueur du Critérium de Saint-Cloud (Gr.1) en 2007, aucun autre de ses produits ne s'est imposé à ce niveau sur le sol français. Entrainé par Saeed Bin Suroor, entraineur attitré de Godolphin à Dubaï, il est le seul à avoir réussi cet exploit. Même le crack Talismanic, entrainé par André Fabre, pourtant vainqueur de la Breeder's Cup Turf (Gr.1) ou du Hong Kong Jockey Club (Gr.1) n'a jamais réussi à remporter un Gr. 1 en France. Il a quand même remporté le Prix Maurice de Nieuil (Gr.2) et le Prix Gontaut Biron (Gr.3).
Talismanic avec Mickaël Barzalona après sa victoire dans la Breeders'Cup Classic.
Plus récemment, ses produits se sont particulièrement illustrés à Churchill Downs pendant le weekend du Kentucky Derby. En effet, les Kentucky Oaks (Gr.1) ont été remportés par Good Cheer, une fille de Medaglia d'Oro, mais la seconde place revient également à Drexel Hill (Bolt d'Oro) qui n'est autre qu'une petite fille de ce dernier. Il est également à l'origine de la gagnante des Edgewood Stakes (Gr.2), Nitrogen (Medaglia d'Oro) ou encore de celle des Eight Belles Stakes (Gr.2), Look Forward, une fille de son fils Bolt d'Oro.
Bolt d'Oro, l'un des meilleurs continutateurs de Medaglia d'Oro au haras.
La qualité des filles de Medaglia d'Oro n'étant plus à prouver, elles sont en passe de devenir aussi précieuses en compétition qu’au haras. Elles commencent en effet à briller comme mères de chevaux de Groupe, assurant à leur père un avenir brillant comme père de mères. La constance de la qualité chez ses femelles est telle que les ventes de yearlings portant son nom maternel s’arrachent à prix d’or sur les rings. Ses chiffres en tant que père de mère sont hallucinants avec sur 163 produits, 10 vainqueurs de Gr. 1 et près de 80 vainqueurs ou placés de Groupe. Son produit le plus marquant en tant que père de mère reste aujourd'hui National Treasure (Quality Road). Ce fils de Treasure (Medaglia d'Oro) a remporté les Preakness Stakes (Gr.1), les Pegasus World Cup Inv. Stakes (Gr.1) ou encore le Metropolitan Handicap (Gr.1).
Medaglia d'Oro fait toujours la monte à 26 ans.
Installé depuis plusieurs années à Jonabell Farm, l’un des haras emblématiques de Godolphin dans le Kentucky où il a atteint le prix pharaonique de 250 000 $ la saillie en 2018, Medaglia d’Oro a bénéficié de la meilleure équipe possible, tant sur le plan sanitaire que reproductif. Ce lieu historique, qui a accueilli de grands noms comme Street Cry (Machiavellian), a été le théâtre de la consolidation de son statut d’étalon international. Le soutien constant de l’écurie Godolphin, combiné à une sélection rigoureuse de juments, a permis à Medaglia d’Oro de transmettre avec régularité le meilleur de lui-même. A maintenant 26 ans, le protégé de Jonabell Farm fait partie des étalons les plus vieux encore en activité. Toutefois, sa réussite et sa fertilité sont telles qu'il fait encore la monte cette année au prix de 75 000 $ la saillie.
Et pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, il n'a qu'un seul fils au haras en Europe : Earnshaw, installé au chez Mathieu Daguzan-Garros au Haras des Granges.