"Carghese des Landes échappe à la filière" par Paul Couderc, Président d'Anglo Course

24/12/2021 - Mercato des étalons
Au travers de sa plume, Paul Couderc, Président de la Fédération Anglo Course, livre les détails du départ de l'Hexagone pour la Sardaigne de l'étalon Carghese des Landes, véritable référence chez les Anglo-Arabes en France, où ce dernier fera la monte en 2022. 

"Carghese des Landes échappe à la filière", par Paul Couderc, Président de la Fédération Anglo Course France 

 

"Carghese des Landes, après de brillantes performances en course, est devenu au fil des années un véritable chef de race pour l’Anglo-Arabie de course. Propriété des Haras Nationaux (IFCE) il a tout d’abord fait la monte au Haras de Pompadour. Lorsque l’IFCE s’est désengagé de la gestion de ses étalons Anglo-Arabes, il en a confié l’exploitation à l’ANAA (Association Nationale des Anglo-Arabes) puis à l’organisme privé "Génétic’Anglo", auxquels notre Fédération le louait pour le positionner - avec le succès que l’on sait - d’abord à Pau (Sorelis) puis dans le Limousin (Haras de l’Abbaye).

En plein été 2020, l’IFCE a publié un appel d’offres sur son site internet pour signifier qu’il mettait en vente ses derniers étalons Anglo-Arabes: trois de sport, ainsi que Carghèse des Landes et Fairplay du Pécos.

Après un entretien téléphonique fin 2020 avec Monsieur Jean-Roch Gaillet, Directeur Général de l’IFCE, je lui ai confirmé par mail notre mécontentement quant à la façon dont s’est déroulé l’appel d’offres (remporté par Génétic’Anglo, ndlr), ce dernier ayant été publié sur le site internet de l’administration au milieu des achats de papier et autres fournitures informatiques, et surtout de ne pas en avoir prévenu,a priori, ni l’ANAA et son Président, Alain James, ni la Fédération Anglo Course que je préside. Je lui ai indiqué que nous considérions que cette vente a été faite en catimini et attribuée de connivence à Génétic’Anglo, demandant combien d’offres l’IFCE avait reçues et quel était le montant de l’adjudication. En effet, nous étions jusqu’alors sous-locataires de ces chevaux auprès de Genetic’Anglo dans des conditions relativement satisfaisantes, car étant placés par nos soins chez un étalonnier capable de leur apporter une jumenterie conséquente.

J’ai fait savoir à Mr Jean-Roch Gaillet que pour la saison 2021, Genetic’Anglo nous demandait pour les deux chevaux un loyer global 58 % plus élevé qu’en 2020, ce qui entraînait donc un coût de saillie en très forte augmentation pour les éleveurs après une année particulièrement compliquée. Je signifiais enfin qu’aucune interdiction n’a été faite à l’acheteur de vendre ces étalons à l’étranger s’il en avait l’intention, ce qui pourrait priver nos éleveurs de ces reproducteurs alors que, depuis le désengagement des Haras Nationaux, le parc d’étalons Anglo-Arabes s’appauvrit malgré quelques initiatives privées.

Mr Jean-Roch Gaillet m’a alors répondu que "l'IFCE n'a plus pour mission de conserver des étalons et doit au contraire céder la génétique qu'il détient encore afin d'aider les races dont la préservation représente un intérêt stratégique pour la France. Si l'objectif de ces ventes n'est pas financier, il relève de l'intérêt supérieur de la filière qui consiste à privilégier la cession directe de ces chevaux à des opérateurs capables de les valoriser. Ce type de cession n'est soumis à aucun formalisme obligatoire, que ce soit pour la publicité ou pour le choix de l'acquéreur, mais l'ANAA, en la personne de son Président, en a cependant été directement informée en amont par mon collaborateur Guillaume Blanc […]".

Lors de notre réunion consacrée essentiellement à l’élevage que nous avons tenue à Montauban, le 21 novembre dernier (à laquelle Alain James, Président de l’ANAA, m’avait fait savoir qu’il ne pourrait assister, ndlr), Aurélien Lafargue (directeur de Génétic’Anglo) avait donné son accord pour participer... mais n’est pas venu. Nous avons longuement débattu du problème lié aux étalons, notamment en ce qui concerne les Anglo-Arabes à 50 %. Tout le monde s’est accordé à dire la nécessité absolue de conserver et de promouvoir notre race à partir de ce pourcentage d’Anglo-Arabe. Or, quelques jours après, nous avons appris que Carghese des Landes partait en Sardaigne.

Début décembre, j’ai participé à une réunion à Pompadour (comité de pilotage contributif à la gestion de l’effectif de l’élevage de Chignac, ndlr) au cours de laquelle j’ai évoqué ce dossier, faisant part de vive voix de mon fort mécontentement à Madame Caroline Teyssier et Monsieur Laurent Vignaud qui représentaient l’IFCE, en présence cette fois d’Alain James et d’Aurélien Lafargue. Je leur ai confirmé par mail que je considérais que l'esprit de cet appel d'offres concernant la vente des étalons Anglo-Arabes ayant appartenu à l'IFCE n’avait pas été respecté en leur demandant d’intervenir pour que le cheval reste en France d’autant qu’un grand haras privé dans les Pyrénées-Atlantiques (comme annoncé lors de la réunion du 21 novembre, à Montauban, ndlr) était intéressé par le cheval pour le proposer à une nouvelle jumenterie Anglo-Arabe et pur-sang dans le sud de la Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie.

En retour, Mr Laurent Vignaud m’a fait savoir que "Carghese des Landes n'a pas été vendu mais loué pour une année au Haras de Sardaigne". Aurélien Lafargue s'est engagé par écrit auprès de l'IFCE, afin d’assurer que l’étalon fera bien la monte en France en 2023. Il a été demandé par ailleurs à Aurélien Lafargue d'argumenter cette affectation 2022 en Sardaigne qui ne semble pas, au premier abord, conforme aux objectifs de la vente. Ce dernier a déclaré: "l'étalon rencontre une baisse de cote auprès des éleveurs français, étant passé de 54 juments saillies en 2018 à 32 juments en 2021. Aucun haras en France n'aurait confirmé sa location au 1er novembre, avant qu'il ne soit loué en Sardaigne. Génétiqu'Anglo, et l'étalonnier ayant géré ces dernières années ce cheval, font le pari que ce passage en Sardaigne relancera l'intérêt pour Carghèse des Landes à son retour en France en 2023…".

Il va sans dire que je suis très contrarié par le départ de Carghese des Landes en Italie et que j’ai le sentiment que tout ceci a été fait dans notre dos, par différentes personnes qui n’ont pas soutenu notre filière. Par ailleurs, nous n’avons à la mi-décembre, aucune information sur le devenir de Fairplay du Pécos dont les produits ne cessent de se distinguer en obstacle. Encore un flou complet !

 

Carghese des Landes

 

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