Ventes 2 ans Breeze Up à froid : la place de la France dans la pièce montée

21/05/2011 - Ventes & Shows
Les ventes Breeze Up 2011 organisées par Arqana à Saint-Cloud le 14 mai a fait un carton sur tous les plans, surtout financiers. Dans un théâtre français, la pièce a comporté une grande majorité d'anglais et irlandais, qui semblent avoir besoin de traverser la Manche pour se vendre les chevaux entre eux. Toutefois, une marque française commence à exister : la french touch de la vente montée !

 

Une véritable embellie : tous les chiffres et surtout le pourcentage de vendus qui dépasse 80% couronne la vente Breeze Up 2011 d'une grande réussite. C'est un long cheminement de 20 ans de la part des organisateurs pour en arriver là, depuis les 1e éditions qui se déroulaient sur l'hippodrome d'Evry ! Afin d'éviter les raccourcis hasardeux et les amalgames trop pratiques, nous éviterons soigneusement de nous lancer dans l'analyse des chiffres, car chaque cas est bien particulier. On s'intéressa plutôt aux chevaux, aux hommes et à ce qu'ils gagnent vraiment.

 

Le top price à 260.000 euros, propre soeur de Naissance Royale dans ses oeuvres la veille des ventes (PHOTOS APRH)



Des belles plus values avec des poulains de valeur élevées à la base

Les chevaux pour la plupart ont été acquis yearlings sur les rings publics. Sauf quelques exceptions autour des 5.000 euros, il faut venir pour attaquer les breeze up avec un poulain qui vaut au moins 20.000 euros "nature" dans le champ. Le gros des troupes a changé de main entre 25 et 50.000 euros sur le ring. Trois candidats avaient même dépassé les 100.000 euros, sans faire pour autant de plus value à Saint-Cloud.
 

VOIR LE TABLEAU COMPLET DES PINHOOKING (PRIX D'ACHAT YEARLING / PRIX DE VENTE A 2 ANS)

 

Le top price est un cas un peu particulier, car le lot 68, propre soeur de Naissance Royale (Giant's Causeway) avait racheté pour 100.000 guinées à Tattersalls avait d'être cette fois vendue pour 260.000 euros à Charles Gordon-Watson, grand courtier anglais qui mettait les pieds pour la 1e fois à cette breeze up clodoaldienne. La présence de cet homme, dont certaines disent qu'il ressemble à Harrisson Ford en plus jeune, est tout symbolique de la montée d'un étage de la vente en général. Ce dernier témoigne : " L'avantage ici est qu'il y a des chevaux pour tout le monde, dans toutes les gammes. En Angleterre, il y a un marché pour le top niveau, au delà des 70.000 euros, mais plus grand chose en dessous."

 

Quel homme, quelle classe, quel style ! Et quel portefeuille...Nous parlons bien sûr de Charles Gordon-Watson (à gauche), courtier anglais qui s'est fait adjuger le top price à 260.000 euros alors qu'il venait pour la 1e fois aux ventes Breeze Up de Saint-Cloud.


Les anglais parlent aux anglais

Vu que la plupart des chevaux sont présentés par des vendeurs irlandais (plus quelques anglais) et que les acheteurs sont anglais, dont la spectaculaire écurie Prime Equestrian (27 achats pour 1,638 millions d'euros) qui appartient à un anglais détenteur d'un lucratif business à Dubaï, l'étonnante impression générale est que des acteurs anglais viennent jouer une pièce dans un théâtre français. Comme s'il fallait désormais traverser la Manche pour vendre un cheval à son voisin...

 

REVOIR LA VENTE DANS SON INTEGRALITE SUR FRANCE SIRE TV

 

L'irlandais Con Marnane (Bansha House Stables), un des pionniers dans la conquête de la France, résume bien la situation. " La France est un pays de course formidable à de nombreux points de vue. Ici au moins, tout le monde est payé grâce à votre système de répartition, vos allocations et vos primes. Surtout, ne laissez jamais les bookmakers envahir la France ! En Angleterre récemment, j'ai perdu de l'argent. Ici je fais des plus-value." Con Marnane, qui place même aujourd'hui ses propres chevaux à l'entrainement en France, a réussi un très joli coup avec le lot 70, fils d'Exceed and Exel acheté 30.000 euros à Deauville en août 2010 et revendu là pour 200.000 euros à Prime Equestrian.

 

Didier Reed signe le bulletin à 200.000 euros pour le lot 70, acquis par Con Marnane pour 30.000 euros en août 2010 à Deauville. Prime Equestrian a joué un rôle essentiel sur la vente avec 27 achats pour 1,638 million d'euros...


 

Un jeu long, difficile et méritoire

D'évidence, le jeu n'est pas toujours aussi gagnant, sinon tout le monde jouerait sans réfléchir ni travailler. The Channel Consignment (Alban Chevalier du Fau et Jamie Railton) a dégagé un taux de rentabilité de 147% avec 14 sujets vendus pour 15 présentés. Mais il faut bien considérer les risques, l'argent et la quantité de travail à prodiguer. Un poulain peut s'accidenter ou subir tout sorte de problèmes qui empêchera son passage aux breeze up, des frais importants, au moins aussi élevés qu'une pension chez un bon entraineur, doivent être investis dans une préparation longue et délicate. Car pendant plusieurs mois les poulains sont l'objet d'une attention extrêmement pointue en vue d'un objectif unique qui ne comporte pas de séances de rattrapage. A tel point qu'il y a peu de chance qu'ils soient aussi choyés ensuite dans les lots des entraineurs. Bref, il est très méritoire d'y arriver.

Alban Chevalier du Fau (The Channel Consignment) présente un des 15 poulains à François Rohaut.


 

Des breeze up à la Française : c'est quoi ?

Au milieu de tous ces anglophones, qui proposent des poulains très imposants et présentés "à bloc" qui font non pas vraiment une ligne droite au canter mais 300 m d'un sprint effréné, les poulains de Philip Prévost Barrate et Alban Chevalier du Fau ont été lancés dans leur action dès le départ aux 800 m. " Nous avons beaucoup parlé ensemble depuis cet hiver " explique Alban Chevalier du Fau (Ecurie du Grand MainguetTin Horse a été débourré. " L'objectif n'est pas de copier les anglais, mais de créer une méthode de ventes montées à la française, c'est à dire notre propre méthode. Bien vu, bien vendu. En effet, avant de susciter des enchères dépassant leurs espérances, leurs chevaux ont fourni l'impression la plus agréable et la plus homogène dans la façon de travailler. Et les entraineurs, comme Jean-Claude Rouget qui s'est déjà exprimé publiquement à ce sujet, apprécieront de ne pas avoir à reprendre l'apprentissage du travail à ces jeunes chevaux qui ne font jamais de tels sprints à bride abattue sur 200 m ou 300 m le matin en passant soudainement du surplace à la surmultipliée, mais effectuent bel et bien des canters réguliers sur la main.

 

Le lot 53, fils d'Holy Roman Emperor présenté par The Channel Consignment, a été vendu pour 90.000 euros



Dans un contexte économico-social difficile, et même si la France des courses est épargnée des désastres voisins, la Breeze Up a trouvé un rythme de croisière élevé grâce à ses acteurs étrangers venus chercher asile financier dans l'hexagone. De nombreux français se sentent certes sans doute hors jeu, mais rien n'empêche pourtant d'intégrer le casting. Il faut juste jouer le jeu en grand,  et c'est encore mieux en apportant sa touche personnelle dans l'interprétation.

LIRE LE COMMUNIQUE D'ARQANA CONCERNANT LA VENTE BREEZE UP 2011 A SAINT-CLOUD

 

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