Yokohama, bon pneu bon oeil

C'est sûr, Patrice Quinton est un entraîneur extrêmement fort. Dénué de licence publique, il est propriétaire ou locataire de tout son effectif, qui court sous la bannière de l'écurie des Dunes. Montée en association avec sa femme Patricia, cette écurie est même actuellement 2e du palmarès au gains des propriétaires en France sur les obstacles, entre Patrick Papot et Jean-Paul Sénéchal. En terme de victoires, il survole les débats avec 40 succès.

Il s'appuie notamment sur 2 élevages à part le sien, ceux de Mme Esnouf avec les Rochelais (Polar, Natacha, Nuit, etc...) près de chez lui dans la Manche, et de Karine Drevet avec les Kerser dans la Gironde.

Quondor de Kerser

Encore et toujours les "Kerser"


C'est donc avec un "Kerser" qu'il vient de décrocher une nouvelle timbale,  la Grande Course de Haies de Clairefontaine, une listed. Amateur de la piste de Clairefontaine où il avait gagné en débutant, mais aussi vainqueur du printemps du très convoité Prix Wild Risk (listed), Quondor de Kerser met en lumière le nom assez méconnu de son père Yokohama, qui est aujourd'hui installé chez un petit éleveur traditionnel d'anglo-arabe, Guy Truquet, dans le Tarn.

Le même père que Marchand de Sable

Cheval au profil atypique, Yokohama est un fils de Theatrical, étalon américain peu apprécié chez lui mais mieux vu en France à travers la réussite de son regretté fils Marchand de Sable. Beau et imposant gris presque blanc d'1,68 m, Yokohama a fait le chemin inverse de la plupart de ses congénères, c'est à dire que cet élève d'Allen Paulson a commencé sa carrière aux Etats-Unis, où il a gagné 8 "allowance", de grosses courses à conditions. Puis il a débarqué à seulement 6 ans chez Criquette Head. Il a alors pris de l'ampleur en courant sur le gazon, jusqu'à s'imposer dans le Prix Foy (Gr.3), devant Nothin Leica Dane, un australien.

Quondor de Kerser

Le tour de France après celui des Etats-Unis


Puis il a été acquis par les Haras Nationaux mais n'y a jamais vraiment décollé. Il a commencé aux Bréviaires, dans les Yvelines, avant de partir dans la circonscription de Strasbourg, à la station de Pfaffenhoffen, puis d'être envoyé en Aquitaine, à la station de Bazas. C'est là qu'il a conçu en 2003 Quondor de Kerser, en croisant un instant court mais décisif le destin de Riuscita, venue en voisine. Très robuste puisque gagnante de 7 courses en 78 sorties, Riuscita est une soeur de l'atypique Oliviero, étalon en France.

Quondor de Kerser

Un budget saillie de 450 € !


Cette année-là, la saillie de Yokohama coutait 450 €...Il n'a jamais dépassé une poignée de poulains par an. Pourtant, dans sa 1e génération née en 1999, Yokohama avait donné un "black type", Abioko, placé de 2 gros quintés à Auteuil, et le brave Shalysatys, et qui à 10 ans, a gagné la 5e course de carrière ce 7 août à Deauville. Après Quondor de Kerser, âgé de 5 ans, Karine Drevet a eu 3 autres "Yokohama", dont 2 ont déjà gagné, Roquette et Rafale de Kerser. Mais depuis 2006, Yokohama n'a plus aucun poulain déclaré né à France Galop!

Yokohama

Un étalon public devenu complètement privé


"Je l'ai acheté il y a 4 ans, pour saillir mes propres juments », explique Guy Truquet. «  J'ai 6 poulinières anglo-arabes que je croise avec un PS pour faire de l'AQPS à 15% ou 17%. Je suis très isolé des divers éleveurs chez moi, dans le Tarn, entre Gaillac et Albi. J'ai une activité professionnelle extérieure, puisque je m'occupe d'un golf et j'ai volontairement mis le cheval en dehors du circuit public, pour ne pas m'embêter avec tous les problèmes sanitaires qui se posent quand on accueille des juments de l'extérieur. Mais s'il y a de tels résultats, je vais peut-être en parler plus au printemps prochain!