Iquitos : l'étalon allemand nain fait parler la poudre avec 2 partants aux ambitions classiques !

Iquitos, point grand mais très doué !

Aussi qualiteux que dur à comprendre, l'élevage allemand a des tendances rigoristes, ce qui n'est qu'une demi surprise. Autant on peut rigoler autour d'une bière en tenue bavaroise à l' Oktoberfest, autant il ne faut pas s'amuser avec les standards de l'élevage. Voilà qui a permis aux souches germaniques de devenir à travers l'Europe et le monde une référence en matière de tenue et de dureté, et de faire encore l'actualité dans les plus belles joutes, comme à travers la victoire de Torquator Tasso dans l'Arc 2021. Tels des résistants, la vitesse et la précocité n'ont pas envahi les plaines germaniques et sont restées bloquées à la frontière. Malgré tout, l'Allemagne des courses a aussi ses problèmes, avec des allocations en berne, et une jumenterie très réduite en nombre. 

Avec Torquator Tasso, le savoir-faire allemand a triomphé pour la 3e fois dans la plus grande course du monde, l'Arc, en 2020 (aprh)

Ainsi, les étalons saillissent peu en Allemagne, même s'ils sont au firmament. Et les standards de sélection sont au cordeau. C'est ce qui fait qu'un cheval comme Iquitos, triple gagnant de Gr.1 et cheval de l'année en Allemagne à 2 reprises, ne s'est retrouvé à saillir que 12 juments pour ses débuts en 2019 au Gestüt Ammerland. La raison ? Il n'avait pas affiché sa classe à 3 ans lors de la saison classique, et surtout, mesure 1m57. C'est pas joli de se moquer de la taille. Ce cheval dur comme du bois et de tous les combats à haut niveau s'est donc retrouvé avec seulement 5 poulains en première génération. Et pourtant, c'est lui qui donne la leçon aux grosses têtes aujourd'hui. 

Iquitos en piste sous la selle du pilote français Eddy Hardouin, qui lui a été associé durant sa dernière année de course

Iquitos s'est certes révélé avec l'âge, mais est devenu une machine de guerre, lauréat de Gr.1 sur ses terres natales à 4, 5 et 6 ans (Grand Prix de Baden, Grosser Dallmayr Preis & Grand Prix de Munich). Il a même couru la Japan Cup, en étant un honorable 7e, et l'Arc d'Enable, où il a conclu à la même place. A la fin de sa carrière, il a été boudé par les haras et éleveurs allemands, et s'est retrouvé installé au Gestüt Ammerland. Si l'établissement de Dietrich Von Boetticher a un élevage de renom international, il est bien moins connu pour sa partie étalon, si ce n'est pour avoir rapatrié suite à ses soucis de fertilité leur crack Hurricane Run. Ainsi, Iquitos a fort peu sailli en 2019 pour ses débuts, n'ayant que 5 produits l'année suivante. Il est ensuite parti au Gestüt Graditz, où il a rencontré 4 juments en 2020 (pour 1 unique foal), puis une vingtaine les années suivantes. 

Mr Hollywood, un grand espoir classique en Allemagne après sa démonstration dans le Bavarian Classic

Voilà encore un cheval qui aurait pu tomber dans l'oubli, s'il n'était pas sur la route d'un exploit en son genre. Iquitos n'a eu à ce jour que 2 partants... et les 2 sont vainqueurs ! La jument Drawn To Race, lauréate pour ses débuts à 2 ans, vient d'être 2e pour sa rentrée et vise le Prix de Diane Allemand. C'est encore mieux pour Mr Hollywood, un poulain entraîné par Henk Grewe, qui vient de faire grosse impression dans le Bavarian Classic (Gr.3), l'une des préparatoires majeures au Derby Allemand. Pour sa 2e sortie seulement, il y a devancé les lauréats de Groupe Alpenjaeger et Fantastic Moon de 3 longueurs en se tordant de rire, associé au jockey français expatrié Luka Delozier. Il avait déjà impressionné pour ses débuts, gagnant de 16 longueurs à Mulheim. Notons que Drawn To Race et Mr Hollywood ont tous deux été élevés par Ammerland, et sont issus de mères par Hurricane Run... Rien de mieux que le savoir-faire maison. Mr Hollywood était d'ailleurs le tout premier foal né de son père. 

Même s'il n'est point grand, et que cela ne risque pas de changer, Iquitos mérite donc qu'on s'intéresse à son cas, et de saillir plus. Il devient le premier fils du grand Adlerflug à donner un gagnant de Groupe en tant qu'étalon. C'est un évènement qui a son importance, puisque de nombreux fils d'Adlerflug sont rentrés au haras ces dernières années. Nous avons conté à de nombreuses reprises l'histoire de ce petit alezan aux grandes chaussettes blanches, qui s'est révélé comme un grand améliorateur, et a explosé sur la scène européenne il y a 3 ans grâce à In Swoop, Torquator Tasso ou encore Alenquer. Toute cette vague de champions a débuté il y a peu au haras, et sera très attendue. Comme nous le savons maintenant, Adlerflug a un potentiel extraordinaire... et 2 fils au haras en France : Dicaprio et Savoir Vivre, les 2 au Haras du Taillis. Savoir Vivre a d'ailleurs fort bien réussi avec 2 vainqueurs en 3 partants chez les anglo-arabes, dont le "classique" Jorah De La Brunie. Lui aussi n'avait eu que très peu de produits en première génération, et pourtant il ne fait pas 1m57...

Savoir Vivre, un fils d'Adlerflug qui fait la monte en France et qui réussit déjà avec peu de partants