Poliglote et Tchela : un sacré couple

04/11/2012 - Zoom Etalon
Depuis juin dernier, Saint du Chenet, le frère de Ma Royale, retrouve le chemin du succès qui le fuyait depuis un bon moment. Le graal a été touché ce samedi de WIO en décrochant le second groupe 1 de sa carrière, son premier sur les haies. Sa nièce, Viviane Royale, seconde fille de Ma Royale, avait ouvert la voie en début de réunion en décrochant, elle aussi, le premier succès de sa jeune carrière, un groupe 3 pour sa rentrée, après deux mois à compter les jours.

Poliglote parle toutes les langues

 

L’oncle (Saint du Chenet), vainqueur du Grand Prix d’Automne, et la nièce (Viviane Royale), gagnante du Prix Bournosienne (Gr.3), sont tous les deux issus des services du sire de l’année, Poliglote. N’oublions pas non plus, la tante, Tanaïs du Chenet, gagnante en 2010 du Prix Cambacérès et partante ce dimanche dans le Prix Fondeur…(jamais deux sans trois). Elle est également la fille de Poliglote.

L’orthographe n’est pas son fort, mais le bulletin trimestriel qu’il va ramener en cette fin d’année pourrait bien lui permettre de devancer ses petits camarades dans toutes les disciplines, celle du plat et celle de l’obstacle. Jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas trouvé semblable carnet de notes depuis au moins l’après-guerre.

 

Poliglote

 

Notes :

-Aux dires de son entraîneur Marcel Rolland, Viviane Royale semble posséder d’énormes qualités (des propos recueillis en mars dernier).

-Viviane Royale n’avait été devancée, lors de ses débuts dans le Prix Wild Monarch, que par Sanouva. Fille de Dindounas, cette pensionnaire de Jean-Paul Gallorini a remporté le Prix Congress (Gr.2) ce samedi.

 

Viviane Royale

 

Les nièces de Saint du Chênet et de Tanaïs du Chenet

Saint du Chênet est donc le frère de Ma Royale et Viviane Royale est sa fille. Sa fille cadette, puisqu’elle avait donné naissance à sa propre sœur en 2008, Ulyssia Royale.

 

Samuel Blanchard (Winning Bloodstock Agency

 

Achetée yearling 40.000 € par des investisseurs d’outre-manche et rachetée aux ventes d’Eté Arqana 2010 à St-Cloud pour 68.000 € par Winning Bloodstock Agency (Samuel Blanchard), Ulyssia Royale est donc le premier produit de sa mère et elle fait l’objet en janvier suivant (source : France-Galop) d’une association composée de l’Ecurie Winning et du Haras de Saint-Voir (Nicolas de Lageneste).

A l’entraînement chez Jehan Bertran de Balanda, elle est partie en vacances pour l’automne après un printemps en tout point remarquable : quatre succès sur les balais et sur le steeple dont le dernier dans la Listed, le Prix James Hennessy.

 

Ulyssia Royale

 

Après Ulyssia Royale et Viviane Royale, Ma Royale a pouliné en 2010 d’un mâle, nommé Apollon Royal (au pré-entrainement, il devrait prendre la route de Coye la Forêt) et en 2011, de Beau et Royal, un mâle de Martaline. Saillie en 2011 par Poliglote, elle a «coulé» et elle est donc retournée cette année à ses amours de toujours, Poliglote. Quoi de plus naturel puisqu’il est fait partie des meilleurs étalons d’obstacles (et maintenant de plat) depuis quelques années.

 

Frère, soeur et filles d’une vice-championne d’Auteuil

Qui ne se souvient pas de la championne sur les haies et sur les gros d’Auteuil, Ma Royale (Garde Royale), la protégée de l’association franco-américaine, Bryant-Besnouin (Marie-Laure, son éleveur au Haras du Chênet) qui un jour de fin mai 2005, est tombée sur un Sleeping Jack (Sleeping Car) des grands jours. Terminant à une encolure, Ma Royale, montée par Régis Schmidlin, aurait été la première jument de 5 ans à s’imposer dans le Grand Steeple-Chase de Paris. Ce que regrettait Marcel Rolland à l’époque, Princesse d’Anjou l’a fait l’année suivante pour le compte de Jean-Paul Sénéchal et François-Marie Cottin (l’entourage aujourd’hui de Le Tranquille, le second de Saint du Chenet dans le Grand Prix d’Automne).

L’année précédente, en juin, Ma Royale, montée par Philippe Chevalier, ne s’était inclinée que d’une demi-longueur face à Mésange Royale (également fille de Garde Royale, entraînée par F.M. Cottin) dans la Grande de Haies des 4 ans (le Prix Alain du Breil).

 

Ma Royale

 

Rappelons que Ma Royale fut la dernière égérie du crack-jockey, Philippe Chevalier (qui a arrêté sa carrière un an, jour pour jour, avant celle de sa protégée) et la première d’un jeune espoir de l’époque, Régis Schmidlin (son cadet de presque 20 ans), son partenaire lors de ses 4 victoires sur 6 dont sa seule victoire de groupe (3, en l’occurrence), le Prix Ingré à 5 ans.

 

Notes : A l’issue du Grand Prix d’Automne, Régis Schmidlin a dédié (en levant les bras au ciel) sa victoire à son ancien partenaire, Questarabad, vainqueur de cette même épreuve à deux reprises.

 

Athlétique jument avec de la taille et de l’os, paraissant comme sculptée dans le roc (sic Courses et Elevage), Ma Royale est le résultat des œuvres de deux fonctionnaires, Garde Royale (par Mill Reef, entraîné par André Fabre), son père et Le Nain Jaune (Pharly, fils de Lyphard) (Grand Prix de Paris, sur 3.000 m., pour les couleurs du Baron Guy de Rothschild et l’entraînement de François Mathet), son grand-père maternel. Ils ont même été voisins de box au Haras du Pin.

 

 

 

Garde Royale

 

 

Fille d’une sacrée matrone maiden

Agée de 27 ans (née le 25 avril 1985), la mère de Ma Royale, Tchela (Le Nain Jaune) élevée par Jean Besnouin (le père de Marie-Laure), coule une retraite paisible et bien méritée puisqu’elle a donné vie à 16 foals. Du haut de sa Normandie, elle a dû apprécier le succès de sa  petite-fille, qui est appelée à la même destinée, un jour ou l’autre.

 

Après une carrière sur la piste ponctuée de 28 sorties (dont 24 en obstacles) à 3 et 4 ans sous la coupe de Philippe Villermet, Tchela est restée maiden mais s’est illustrée dans diverses épreuves de bon niveau : troisième du Prix Wild Monarch (Listed) en débutant (montée par le regretté Roger Duchêne), seconde à 4 ans du Prix Duc d’Anjou (Gr.3) et 4ème du Prix Ferdinand Dufaure (Gr.1) (montée par Claude Legrand), deux épreuves remportées par un demi-sang, élève de Jean Dasque, Tito l’Effronté, et 4ème du Prix La Périchole (Gr.3) de l’anglo de complément, Tamarix (élève de Bernard Le Gentil et de Willy Kalley). Elle n’a jamais connu la chute et a terminé sa carrière dans le Prix Maurice Gillois (Gr.1) (montée par Eric Lemartinel) dont le trio dans l’ordre était composé de Konig Ulrich (J.Y. Artu), Tito L’Effronté et The Fellow (déjà).

 

Quelle Matrone, quelle Fratrie !

Plutôt qu’un long discours, je préfère vous laisser découvrir la production de Tchela sous forme de tableau ci-dessous. Elle est mère de 16 foals dont 14 auront connu la piste et 12 franchiront le poteau en vainqueur. Tous auront été élevés au Haras du Chenet à Villebadin dans l’Orne.

 

 

Autant de poulains que de pouliches, Tchela a respecté la parité, une expression à la mode.

 

Une aïeule en provenance de l’Ouest

La sœur de Tchela (par Baly Rockette et Chailly, par Tryptic), Nadia’s Love a remporté le Prix Wild Monarch 1984 pour l’entraînement d’Elie Lellouche.

 

Leur grand-mère, Haliade, née en 1956 chez Georges Antoine-May (au Haras du Perray, célèbre haras d’avant-guerre, en plat comme en obstacles, qui a élevé un certain Lutteur III) s’est imposée à plusieurs reprises sur les hippodromes de l’Ouest, entraînée par le sympathique Julien Brossais. Elle appartenait au Vte et à la Vtesse Jean de Rocheboët qui l’on cédé en fin de carrière à André-Jules Besnouin et Jacques Lethiers.

 

Saint du Chenet

 

La 3ème mère de Tchela, Homs (Pay Up), née en 1950, toujours chez Georges Antoine-May,

a enlevé le Derby de l’Ouest pour les couleurs (bleue, manches jaunes, brassards bleus, toque noire) d’Etienne Frachon (bien connu dans le monde de l’Administration des Haras), le Grand Prix de Rennes et s’est classée seconde du Grand Prix d’Angers et 3ème du Grand Prix de Craon.

Hama (Astrophel), la 4ème mère, est née en 1945 au Haras de Montaigu, élevée par Jacques Guerlain.

 

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